À trois ans de la prochaine élection présidentielle et quatre ans après la précédente, corrompue par le débat sur les origines des principaux candidats, le législateur gabonais prévoit désormais de punir de peine d’emprisonnement et d’amende toute personne doutant de la nationalité gabonaise d’un tiers, au point de donner l’impression que les autorités doutent elles-mêmes de leurs propres origines, et de laisser penser qu’il y aurait au pays un problème de «Gabonité».

La publication sur des pages spécifiques Facebook des photos privées de Noureddin Bongo Valentin et l’article 267 du nouveau Code pénal servent-ils a renouveler le débat sur les origines des dirigeants ? © Facebook

 

Si plusieurs observateurs de la vie politique gabonaise l’avaient regretté en 2016, ils devraient pourtant être à nouveau servis en 2023, date initialement prévue pour la prochaine élection présidentielle au Gabon. Plutôt que de l’étouffer, en adoptant presque machinalement la réforme de la Loi n°042 2018 du 5 juillet 2019 portant Code pénal, l’Assemblée nationale et le Sénat ont contribué à renouveler le débat sur les origines des dirigeants, dont certains sont déjà présentés à l’opinion comme de potentiels candidats. Sinon, quelle était l’opportunité d’introduire dans ledit code l’article 267 qui punit «d’un emprisonnement de cinq ans au plus et d’une amende de 10.000.000 de francs au plus ou de l’une de ces deux peines seulement» la remise en cause de la filiation légitime, naturelle ou adoptive d’un tiers ? «Pas à grand-chose», estime une partie de l’opposition qui voit d’un mauvais œil cette initiative.

Au sein de l’opposition, en effet, l’initiative du législateur passe mal, au point que certains s’interrogent désormais sur la sérénité des autorités ayant vraisemblablement inspiré cet article. Ces autorités, pensent-ils, doutent elles-mêmes de leurs propres origines ou craignent-elles simplement que ce débat ne vienne à nouveau saper la prochaine campagne électorale. Dans les deux cas, c’est l’effet inverse que cette loi a suscité.

Du côté des Démocrates où l’on accuse explicitement le gouvernement en place, Guy Nzouba Ndama avoue ne rien y comprendre. «Au regard d’un tel article, on voudrait faire croire qu’au Gabon il y aurait un problème de «Gabonité». Tout laisse penser que les initiateurs de cette loi accuseraient les Gabonaises et les Gabonais de xénophobie, alors que notre pays est l’une des principales terres d’accueil des étrangers. Notamment dans le cadre de l’immigration interafricaine», rappelle l’ancien président de l’Assemblée nationale.

Aussi, l’opposant, ancien candidat à la présidentielle de 2016, s’interroge-t-il : «Où veut aller ce gouvernement ? Que cache tout ce tripatouillage de nos lois dans l’humeur pressée et brouillonne du moment ? Le gouvernement serait-il, à travers ses mesures absurdes et impopulaires, en train de tester le degré de patience des Gabonaises et Gabonais avant d’imposer d’autres décisions encore plus indigestes et inconcevables ? À moins que le pouvoir en place veuille miser cyniquement sur la stratégie du chaos estimant qu’il n’a plus rien à perdre. Sinon, à qui profite le crime ?»

L’une des preuves de ce que les autorités sont en passe d’orienter le débat politique sur leurs origines, est la publication depuis quelques heures, sur des pages Facebook réputées proches de la présidence de la République de photos de Noureddin Bongo Valentin, fils et proche collaborateur d’Ali Bongo, encore nourrisson, dans les bras de son grand-père Omar Bongo Ondimba. Présenté à tort ou à raison comme le potentiel successeur de son président de père, l’actuel coordinateur des Affaires présidentielles fait l’objet d’attaques peu scrupuleuses sur ses origines. Difficile donc de croire que ses photos intimes n’aient pas été sciemment mises à la disposition de certains administrateurs de pages.

 
GR
 

13 Commentaires

  1. Fille dit :

    Là vraiment ça craint.

    • Eternite dit :

      @La Fille, et c’est peu de le dire que ça craint…ça annonce des moments très compliqués et un saut vers l’inconnu

      Monsieur Nzouba..ce « bordel » est de votre fait depuis qu’en 2009, vous avez fait entrer le loup dans la Bergerie en adoubant ABO afin de préserver vos avantages maçonniques

  2. Isabelle dit :

    Le Gabon est dans une crise dont elle ne s’en sortira que lorsque les Bongo ne seront plus là. Même si Léon Mba aurait été jeune lors de sa prise de pouvoir, ne pense qu’avec lui il n’y aurait pas eu un tel désordre au Gabon.

  3. François dibala dit :

    Pour koi avoir des lois soit disent que nous sommes dans un pays de démocratie, alorsque nous sommes dans un royaume dont c’est la famille et descendent de Bongo qui va continuer la dynastie. Le père puis le fils, et le petit fils

  4. Myè dit :

    si l’on reconnait aisément l’adulte sur l’image, qui peut jurer de l’identité de l’enfant?

  5. diogene dit :

    Au 21ème siècle, avec les tests ADN, il n’y a pas de diffamation possible ou de doute possible !
    Encore un article de loi inutile et indiquant la peur de se faire démasquer des usurpateurs présents et à venir…

  6. SERGE MAKAYA dit :

    « Présenté à tort ou à raison comme le potentiel successeur de son président de père… » C’est quoi le délire au Gabon ? Est-ce un royaume comme le voulait déjà Omar Bongo des plateaux Batékés, mais aussi Ali Bongo ? Lisez INTÉGRALEMENT cet article pour COMPRENDRE (et MERCI à Jean Ping qui était farouchement opposé à un tel projet) : https://mondafrique.com/omar-bongo-voulait-devenir-roi-gabon/

    (Quant à Ali Bongo, président du Gabon depuis 2009, nul doute qu’il n’a pas oublié le vieux projet de son père…) NON BOA, NON NOURREDINE, LE GABON NE SERA JAMAIS UN ROYAUME… JAMAIS !!! A NTARE NZAME !!!

  7. beka dit :

    Sommes-nous donc aussi nombreux à ne pas avoir une bonne connaissance du réel contenu de cette loi qui a aussi dépénalisé l’homosexualité au Gabon ? Est-ce à cause de ces anormalités que la main des parlementaires aurait, dit-on, été forcée pour la valider ?

    Dans toute cette histoire, ce que je ne pige pas, c’est que l’élection présidentielle au Gabon est encore très lointaine ; elle ne peut pas être envisagée en ce moment où il y a moult problèmes à résoudre comme par exemple, les questions sanitaires, éducatives, économiques et autres, qui sont pendantes. Pourquoi donc tout ce tralala juridique auquel nous assistons et qui semble s’introduire sournoisement dans le débat public ? Qu’est-ce que cela augure ? Le président en fonction, très silencieux, et quoi que malade, en est-il informé ou alors tout cela se passerait-il avec son aval ?

    Un ministre français, et non des moindres, aurait soi-disant, fait récemment une déclaration fracassante sur le pouvoir de Libreville. Quel serait le rapport entre ses propos et ces événements ? Sinon, la santé de M. Ali Bongo serait-elle en train de décliner si dangereusement au point de vouloir lui justifier un successeur naturel dans la maison ? Dans ces conditions, 2023 augurerait-elle déjà d’un autre contentieux électoral dont l’issue parait être connue d’avance ? Autant de questions sur lesquelles l’avenir seul devrait pouvoir nous édifier. Peut-être dans les prochains jours, sinon les mois à venir. Mon Seigneur m’instruit de prier pour mon prochain. Je le fais ici pour notre Président.

  8. beka dit :

    Mea culpa :
    Contrairement à ce que je viens d’écrire : «Un ministre français, et non des moindres, aurait, soi-disant, fait récemment une déclaration fracassante sur le pouvoir de Libreville… ».
    Il ne s’agit pas d’un ministre, mais d’un député français, M. Bruno Fuchs, député du Mouvement démocrate (MoDem). Voir ci-contre, un article de GR sur ce sujet. Mes excuses à GR et à ses lecteurs. Merci.

    • Hugo dit :

      A chaque fois qu’on s’attaque à votre roi BOA, il se tait ? Pourquoi ? On dit qu’il est en bonne santé. Alors, qu’il se défende, qu’il se montre, qu’il condamne de vive voix cette audace d’un simple député français. Voir, qu’il porte justice contre lui. Ce qui m’étonnerait fort.

      Ali Bongo est KO depuis 2018.

  9. Lekogo dit :

    Qu’est ce qui explique que dans un pays où le développement est la priorité des priorités, où les enjeux de développement sont énormes l’on veuille imposer à sa tête un enfant peu informé des préoccupations du moment. Du Jamais vu dans l’histoire d’un pays ordinaire.

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