Le 14 avril 2023, le conseil des ministres avait nommé les gouverneurs, chacun dans sa province d’origine. À titre d’illustration, Dikoumba partait de l’Estuaire pour sa Nyanga d’origine ; Mengue m’Owono quittait la Ngounié pour son Woleu-Ntem natal… Une grave menace pour le vivre-ensemble, selon le mot de Paulette Missambo. La présidente de l’UN, la toile et ses leaders d’opinion ont-ils fait bouger les choses ? En tout cas, les gouverneurs vont recevoir, dans les tout prochains jours une notification relative à leur maintien en poste dans leurs postes initiaux. Des choses et d’autres autour d’une distribution électoraliste des rôles dont le donneur d’ordre reste aussi inconnu qu’étonnant.

Étonnantes, les dernières affectations des gouverneurs étaient en tout cas un gros risque pour le vivre-ensemble, à en croire l’Union nationale. © Gabonreview

 

Devant la bronca suscitée – notamment celle de Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi en premier, puis celles de Paulette Missambo et de Dioumy Moubassango – par cette décision qui mettait ainsi entre parenthèses, grandement en danger la neutralité et l’impartialité de l’État, le gouvernement a reculé en annulant purement et simplement cette mesure. Sans le proclamer toutefois le proclamer, ne pouvant se déjuger si promptement.

Dans les réseaux sociaux, nombreux se sont demandé si l’idée avait reçu l’onction d’Ali Bongo. Si le président de la République s’est toujours caractérisé par une inclination au cosmopolitisme le conduisant, sans se soucier de leurs origines, à amener aux affaires des personnes d’origine étrangère ou de naturalisation récente, son ADN politique est résolument à l’antipode de la dernière distribution ethnocentriste ou provincialiste des postes de gouverneur.

Le ministre de l’Intérieur, pas associé à la décision

Selon des sources généralement bien informées, le ministre de l’Intérieur n’avait pas reçu cette décision avec un grand enthousiasme. Non associé à la prise de la mesure, il aurait laissé connaître son mécontentement. Finalement, le conseil des ministres, en sa séance du 28 avril dernier, a levé cette mesure. Abdul Razzaq Guy Kambogo, nommé précédemment dans sa province d’origine, le Haut-Ogooué, a été fait gouverneur du Moyen-Ogooué où il remplace Barnabé Bangalovoua, décidé en novembre 2022.

Le remplaçant d’Abdul Razzaq Guy Kambogo dans le Haut-Ogooué, où il a d’abord été nommé le 14 avril dernier, n’ayant pas été communiqué à la faveur de sa nouvelle affection dans le Moyen-Ogooué, Jacques Denis Tsanga occupant du poste de Franceville jusqu’aux nominations controversées, y reste logiquement. Les gouverneurs recevront, dès la semaine prochaine ou dans les tout prochains jours une notification relative à leur maintien en poste dans leurs postes initiaux.

Un casting de la Présidence ?

De nombreux observateurs de la vie politique gabonaise estiment que, «depuis que la présidence de la République a pris sur lui de nommer à tous les postes de la République (gouverneurs, secrétaires généraux de ministères et de provinces, directeurs généraux et directeurs généraux adjoints d’entreprises publiques, PCA et secrétaires généraux d’entreprises publiques, conseillers en communication, conseillers diplomatiques dans les cabinets ministériels…) sans attendre ou sans tenir compte des propositions des membres du gouvernement qui en assurent la tutelle ou la charge administrative, les couacs sont devenus récurrents. Voilà où mènent le manque d’expérience et l’absence de réflexion», commente un ancien conseiller à Primature récemment passé à la retraite.

«Lorsqu’on parle de la présidence de la République, on parle des jeunes qui entourent le chef de l’Etat», précise le rédacteur en chef d’un journal en ligne connu pourtant pour sa proximité d’avec la fameuse ‘’Young Team’’.

La nomination-annulation intervenue dans la désignation des gouverneurs de province en est une preuve supplémentaire. «Le Gabon n’est plus ce qu’il était», rajoute le rédacteur en chef cité plus haut.

Menace sur le vivre-ensemble

À Ntoum, le 22 avril dernier, Paulette Missambo livré son opinion sur l’affectation des gouverneurs dans leur village ou province d’origine. Considérant que c’est une menace pour l’unité nationale, elle a expliqué que l’administration doit être organisée de manière à favoriser le mélange des populations, et que les gouverneurs doivent représenter l’État de manière impartiale en étant les liens entre les différentes communautés.

L’option était en tout cas un gros risque pour le vivre-ensemble. «Parce que ces gouverneurs, ils seront désormais les gouverneurs du PDG, ils ne seront plus des représentants de l’État impartial, pour faire appliquer la loi de l’État. Ils seront-là pour protéger leurs carrières», a commenté la présidente de l’UN avant de marteler : «ce qu’ils ont fait-là, c’est très dangereux et nous ne pouvons pas l’accepter !»

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Mouyapou dit :

    De nos jours même les ministres semblent découvrir les nominations en même temps que les citoyens lamda. Les faiseurs de rois sont connus à la présidence puisqu’ils clament haut et fort qu’ils ont la force de nommer et n’ont pas besoin de se référer au ministère chefs de département. Nous comprenons donc pourquoi certains DG narguent les ministres. Ils n’hésitent pas à parler au quartier. ‘ si tel pensé que c’est son Ministre qui l’a nommé, il verra que je vais l’enlever. Ce sont les pression sur les promus vivent et certains perdent même leur goût au travail bien fait.

  2. CYR Moundounga dit :

    Bjr. Le comble c’est qu’une fois dénoncée on fait quoi ? Je ne sais pas la hiérarchisation du processus de décision du Gouvernement singulièrement en ce qui concerne les nominations individuelles à Gabao, mais je vous assure on se croirait dans une cour de recréation chacun avec sa bande ou le plus fort dégaine le premier.

    Même les « anciens au grand jamais n’ont pondu pareille ineptie. « Chaque Gouverneur dans sa province d’origine franchement, et pourquoi pas aussi sur le plan matrimoniale des mariages in situ. Autrement dit, Fang avec fang, punu avec punu, téké avec téké. Ou dans le cas d’un concours public distribuer les copies des candidats à chaque correcteur par ethnie. C’est tellement ridicule que l’on pourrait prendre des exemples sur chaque strate de la société gabonaise.

    En tout cas avant que la messe ne soit dite complètement à gabao prions fort fort car vraiment nous sommes trahi. Amen.

Poster un commentaire