Marquée par la publication, en fin de semaine dernière, de deux communiqués contradictoires portant sur les recommandations de la Concertation politique de février 2023, la tension semble monter entre le gouvernement et les partis d’opposition ayant pris part à ladite concertation politique. Chacun accusant l’autre d’être comptable des décisions, controversées, du CGE concernant l’organisation du scrutin présidentiel et législatif du 26 août prochain.

Guerre de communiqués : le gouvernement pointe du doigt l’opposition pour son manque de coopération. L’opposition accuse le gouvernement de manquer de transparence et d’engagement envers le processus électoral. © GabonReview

 

Après la dénonciation, par les partis d’opposition signataires de l’accord de concertation de février dernier avec le gouvernement, de ce que les modifications du processus électoral sont décidées unilatéralement par le pouvoir, le gouvernement, s’exprimant au nom du Premier ministre, à travers un communiqué publié le 5 août dans le quotidien L’Union, a répliqué.

Répondant aux critiques de l’opposition, son communiqué atteste notamment que « le Comité Paritaire de suivi a tenu ses sessions ordinaires […] Ont pris part à ces réunions sanctionnées par des comptes rendus faisant foi, l’ensemble des membres du Comité ». Le gouvernement insiste sur le fait que l’absence répétée du vice-président représentant l’opposition, Séraphin Akure-Davain, a ralenti le processus.

De même, selon le gouvernement, « si les réunions ne se sont pas poursuivies, c’est parce que l’opposition n’a pas fourni la liste des compatriotes considérés comme exilés […] et qu’il en exprimait la volonté ». Il se trouve à ce sujet, selon le gouvernement, que l’opposition avait demandé l’examen prioritaire de deux points : les modalités de retour des exilés politiques et le statut de l’opposition. Ce que la majorité avait accepté, à condition que l’opposition fournisse la liste exhaustive des exilés concernés et un projet de statut de l’opposition approuvé par tous ses partis.

Dans la même journée du 5 août, à travers un communiqué publié sur la page Facebook de 7 Merveilles du Peuple (7MP), parti politique dont le leader, Joël Ngoueneni Ndzengouma, est le rapporteur-Opposition au Comité de suivi, l’opposition, a répliqué, insistant sur le fait que les travaux du Comité de suivi ont été « interrompus et reportés sine die, pour des raisons de calendrier, le Premier Ministre étant très pris, aux côtés du Président de la République ».

Les opposants accusent le Premier ministre de les avoir « gentiment éconduits » à plusieurs reprises, suggérant ainsi un manque de sérieux dans la gestion du comité. De plus, indique Joël Ngoueneni Ndzengouma, rapporteur-Opposition au Comité de suivi, les modifications pratiques d’organisation des scrutins « n’ont jamais été évoquées ou discutées, au cours de la Concertation ou des réunions du Comité de suivi ».

Les deux positions marquent clairement un fossé entre les deux camps. D’une part, le gouvernement pointe du doigt l’opposition pour son manque de coopération et d’autre part, l’opposition accuse le gouvernement de manquer de transparence et d’engagement envers le processus.

S’interrogeant sur la portée de la déclaration du gouvernement dans le quotidien L’Union, l’opposition se fend d’une déclaration poignante et conclut : « Alors, que retenir et comprendre de cette sortie du Premier ministre ? Rien du tout, sinon ce que les Gabonais et l’opinion nationale et internationale savent déjà : au Gabon, les tenants de l’actuel Pouvoir ne sont jamais responsables de rien du tout […] C’est toujours de la faute des autres, des Gabonais eux-mêmes, de l’Opposition, de la Société Civile ou de la Communauté internationale ».

Le débat se poursuit donc, et l’on attend de voir quelles seront les prochaines étapes de cette confrontation, à l’heure où le pays espère une stabilité politique et sociale.

 
GR
 

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