Harold Leckat menotté à une chaise : les conditions inhumaines de sa détention à la DGR dénoncées par la presse
Le collectif des organisations de la presse gabonaise monte au créneau ce lundi 20 octobre 2025 pour dénoncer l’interpellation musclée et la détention prolongée d’Harold Leckat, Directeur de publication de Gabon Media Time (GMT), arrêté le 15 octobre à son retour de Montpellier. Une affaire qui soulève de vives inquiétudes sur le respect des droits fondamentaux et la liberté de la presse au Gabon.

Le collectif des organisations de la presse gabonaise monte au créneau ce lundi 20 octobre 2025 pour dénoncer l’interpellation musclée et la détention prolongée d’Harold Leckat. © GabonReview
Depuis cinq jours, Harold Leckat, Directeur de publication de Gabon Media Time, subit des conditions de détention inhumaines qui cristallisent les craintes du secteur de la presse gabonaise. Menotté à une chaise, privé de toilettes, de douche et d’hygiène élémentaire, le journaliste demeure depuis le 15 octobre à la Direction générale des recherches (DGR) du Camp Roux. Interpellé manu militari à l’aéroport de Libreville quatre jours après son retour d’une formation « Médias & Démocratie » en France, Leckat est au cœur d’un scandale judiciaire. Le collectif des organisations de la presse dénonce une « cabale politico-judiciaire » visant à faire taire les voix libres et à étouffer davantage la liberté de la presse au Gabon.
Des conditions qui violent la dignité humaine
Menotté durant cinq jours consécutifs à une chaise, le Directeur de publication de GMT n’a eu « ni la possibilité d’aller aux toilettes, ni de prendre une douche, encore moins de se brosser les dents ». Il a également été victime d’un malaise dans la nuit du 17 octobre, ce qui l’a isolé des cellules collectives. Aux dernières nouvelles, Harold Leckat aurait reçu le 19 octobre un matelas pour passer la nuit dans un couloir de la DGR, une mesure survenue après cinq jours de conditions extrêmes. C’est dans cet état de dégradation physique qu’Harold Leckat a été présenté au Procureur de la République le vendredi 17 octobre, puis remis en garde à vue jusqu’au 20 octobre. Le collectif des organisations de la presse relève que ces conditions jettent « une ombre sur les conditions de garde à vue au sein de la DGR » et posent « de sérieuses questions sur le respect de la dignité humaine ». Elles interrogent plus largement sur l’état de droit dans le pays et la capacité des autorités judiciaires à respecter les conventions internationales relatives aux droits des détenus.
Un acharnement politique récurrent et suspect
Au-delà de l’horreur des faits relatés, le collectif identifie un schéma d’acharnement politique : Harold Leckat et Gabon Media Time sont la cible d’une « cabale politico-judiciaire » depuis plusieurs années, « particulièrement depuis le coup d’État du 30 août 2023 ». Le timing de l’interpellation suscite des interrogations légitimes : le journaliste revient à peine d’une formation en France portant sur le renforcement des médias et la promotion de la démocratie, et son retour survient seulement quatre jours après sa notification à la DGR. Coïncidence ou stratégie délibérée d’intimidation ? La question demeure ouverte mais résonne lourdement aux oreilles d’une presse en quête de garanties.
Au-delà du cas particulier d’Harold Leckat, c’est l’ensemble du secteur de la presse qui se sent visé par cette détention. Le collectif y voit l’indice d’une volonté plus large de soumettre les voix indépendantes, de réduire au silence une presse qui exercerait son droit de critique. Cette approche constitue une violation manifeste des conventions internationales, notamment de la Charte africaine de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit, qui garantit la liberté d’expression et la protection de la presse.
Une affaire commerciale détournée en arme politique
Sur le fond, l’accusation porte sur des paiements versés par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) à Global Media Time pour un contrat de communication conclu en septembre 2020. Cependant, le collectif note que « les documents fournis à la procédure font foi de l’exécution du contrat jusqu’à sa rupture unilatérale par la CDC ». Cette précision revêt une importance capitale : elle suggère que Gabon Media Time aurait bien exécuté ses obligations contractuelles. La détention prolongée et les conditions barbares infligées au Directeur de publication ne correspondent nullement à la gravité d’un simple différend commercial, révélant plutôt l’usage politique de l’appareil judiciaire.
Le collectif des organisations de la presse demande, sans détour, « la libération sans conditions d’Harold Leckat » et exige « des réformes profondes pour une presse véritablement libre et indépendante ». Ces revendications reflètent l’urgence ressentie par la corporation et sa détermination à ne pas accepter cet état de fait. Le sort du Directeur de publication sera un baromètre de la capacité du Gabon à honorer ses engagements envers l’État de droit et la liberté de la presse. Les yeux de la communauté internationale se tournent désormais vers les autorités judiciaires gabonaises, qui auront à répondre de cette affaire demeurant avant tout une question de respect fondamental des libertés publiques et de la dignité humaine.

















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