Convaincues de l’innocence de leurs parents incarcérés, les familles des présumés auteurs de l’incendie de la mairie de Ndjolé réclament leur libération. Elles «soupçonnent un acte politique sadique».

Les familles des prévenus appellent à leur libération. © D.R.

 

Accusé d’être l’instigateur de l’incendie de la mairie de Ndjolé, survenu deux heures après la proclamation des résultats des élections législatives et locales du 6 octobre 2018, Dieudonné Nang Eko et soixante de ses co-accusés ont reçu le soutien de leurs familles, constituées en collectif, le 31 octobre à Libreville.

Pour Clotide Avognon dont l’époux, Dieudonné Nang Eko, conduisait la liste indépendante pour les élections locales, «il s’agit là de détentions arbitraires de type politique». «Leur détention arbitraire à la prison centrale de Lambaréné repose sur le fait qu’on les accuse injustement et sans preuve d’avoir incendié la mairie de Ndjolé, comme l’indique le communiqué du procureur de la République», a déclaré le porte-parole du collectif.

Vainqueur de ce scrutin, selon des résultats en sa possession consignés par voie d’huissier, la liste Nang Eko aurait contre toute attente été déclarée perdante, au profit de celle du Parti démocratique gabonais (PDG), conduite par la ministre de la Sante, Denise Mekam’ne. Ce basculement serait dû au fait que le bureau de vote de Bingoma, fief de Nang Eko, n’aurait pas été pris en compte.

Le porte-parole du collectif affirme que Nang Eko, las d’attendre la proclamation des résultats, deux jours après le scrutin, et se sentant impuissant face à «cette injustice criarde», avait pris la résolution de rallier Libreville dans l’après-midi du jour où la mairie a pris feu. Peu après son arrivée à Libreville, il aurait reçu l’appel téléphonique d’une haute autorité de la République lui demandant de se rendre à la DGR pour faire une déposition, alors qu’aucune procédure judiciaire n’avait été ouverte.

«Pour montrer sa bonne foi, Dieudonné Nang Eko s’est rendu avec trois membres de sa famille, Charlie Mendome, Jean Parfait Sakamadang et Stéphane Letsindja, à la DGR pour se soumettre aux ordres de la haute autorité de l’Etat. A l’issue de cela, ils ont été gardés à vue à la gendarmerie de gros bouquet pendant huit jours consécutifs, ce qui est un déni de droit. Jusqu’à ce jour, ils ne sont plus retournés chez eux», déplore Clotide Avognon.

Si les membres du collectif disent avoir voulu croire à une enquête impartiale, plusieurs zones les laissent perplexes quant à la sincérité et à l’impartialité de l’enquête. En effet, «un huissier de justice mandaté a interrogé des personnes détenues et qui ont nommément cité des personnes vues avec des bidons d’essence. Pourquoi ces personnes ne sont pas interpellées ? Pourquoi les forces de l’ordre chargées de sécuriser la mairie ont livré l’édifice aux pillards sans intervenir ? Pourquoi cet incendie n’a éclaté que deux heures après la proclamation des résultats ?». Pour les membres du collectif, les vrais auteurs de cet incendie sont ailleurs. Ils réclament par conséquent la libération de leurs parents «détenus arbitrairement à la prison de Lambaréné».

 
GR
 

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