Au Gabon, une étude révèle que les baka et koya, deux groupes ethniques distincts, sont en danger d’extinction. Réalisé dans le cadre de la décennie des langues autochtones lancée par l’Unesco et présenté le 19 décembre à Libreville, le projet «Je parle baka et koya» vise à préserver ces langues et enregistrer de manière systématique leurs lexiques de base et spécialisés, tout en créant des bases pour leur revitalisation.

Instantané de l’atelier de restitution du projet «Je parle boka et koya». © D.R.

 

Au Gabon, dans le cadre de la décennie des langues autochtones lancée par l’Organisation des Nations Unies Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), la commission nationale et le laboratoire Langues-culture-cognition (LCC) sur la base du contrat N°2240112175 PPE ont commis l’étude «Je parle baka et koya». Présentée le 19 décembre, l’étude qui s’intéresse aux groupes baka de Minvoul (Woleu-Ntem) et koya localisés dans les régions de Makokou et Mékambo (Ogooué-Ivindo), révèle que ces deux groupes bien que distincts dans leurs origines et leurs localisations géographiques, partagent une situation similaire de vulnérabilité culturelle et linguistique. 

En danger d’extinction

«Ces deux langues font partie des milliers de langues dans le monde qui sont en danger d’extinction, ce qui signifie que leur utilisation diminue rapidement et que les générations plus jeunes ne les apprennent souvent plus», note l’étude qui rappelle que ces peuples «pygmées» ou «chasseurs-cueilleurs», sont des communautés autochtones possédant des connaissances traditionnelles, des pratiques culturelles, des modes de vie et des systèmes de croyances uniques. Un patrimoine culturel «précieux» menacé de disparaître du fait de la mondialisation, l’urbanisation et l’adoption croissante de langues dominantes, «les langues bantu». Leur disparition pourrait avoir des conséquences sur la transmission intergénérationnelle.

Notamment, de la culture, des traditions et des connaissances propres à ces communautés. «L’impact croissant des langues bantu sur le Baka et le Koya s’observe dans les lexiques que nous avons recueillis», souligne l’étude selon laquelle, au contact des Bantus, les Baka et Koya sacrifient des aspects de leur mode de vie en essayant de s’adapter à un nouvel environnement. «Il s’agit de faire de la sauvegarde des langues. Et derrière la sauvegarde des langues, on entend bien qu’il s’agit de la sauvegarde des cultures, la protection du patrimoine des communautés baka de Minvoul et Bakoya de Mekambo», a déclaré Thierry P Nzamba Nzamba du programme culture Unesco revenant sur l’intérêt de cette enquête linguistique. 

Le lexique du Baka. © D.R.

Élaboration des lexiques pour leur sauvegarde

Préserver donc, une partie de ce patrimoine linguistique et culturel du fait de l’importance intrinsèque pour les communautés qui parlent ces langues. «La disparition de celles-ci signifierait la perte d’une part essentielle de la diversité linguistique du Gabon», insiste l’étude. Concernant les Baka, «Je parle Baka et Koya» révèle que leur mode de vie repose sur la chasse, la pêche, la cueillette et la connaissance approfondie de l’écosystème forestier. Mais surtout, que leur «langue contient un ensemble de termes spécifiques» liés à des parties du corps et au mode de vie centré sur la forêt et la chasse. 

Une diversité lexicale riche et complexe comportant un large éventail de mots propres pour décrire des éléments spécifiques. Pour les Koya, elle souligne que le processus d’extinction se justifie par un nombre assez réduit des locuteurs. Ils oscillent entre 800 et 1 000 habitants, alors qu’avec 29% de la population pygmée, ils représentent le deuxième groupe majoritaire pygmée après les Babongo qui forment 49% de la population pygmée du Gabon. Les données recueillies sur le terrain ont permis de générer la base de données pour l’élaboration des lexiques de base et spécialisés sur le Baka et le Koya.

 
GR
 

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