Conséquence de la lenteur de l’administration judiciaire, la récurrence des grèves dans le secteur et des règlements de comptes initiés par les différents collaborateurs d’Ali Bongo s’étant succédé ces dernières années : les prisons gabonaises sont engorgées. Au ministère de la Justice, une commission jugée peu inclusive récemment mise en place a pour mission de trouver des solutions à ce problème.

La prison centrale de Libreville. © D.R.

 

Paul-Marie Gondjout le reconnaît, «ce n’est pas normal». Au Gabon, les prisons «sont engorgées», et cela depuis plusieurs années. «Actuellement, nous avons plus de 5 000 prisonniers, alors que la capacité est bien moindre que ce nombre» a informé le ministre de la Justice ce lundi 2 octobre dans une interview à RFI, précisant que deux-tiers de ces personnes incarcérées n’ont pas encore été jugés et sont en attente, soit «plus de 1 700 condamnés et un peu plus de 3 000 prévenus», dont la plupart attendent depuis plus de trois ans comme avait déjà alerté l’association SOS Prisonniers Gabon (SPG).

Au gouvernement, on assure que les choses devraient changer. Quand exactement ? Difficile à dire. Mais Paul-Marie Gondjout entend «faire baisser» le nombre de prévenus dans les prisons gabonaises. Comment compte-t-il s’y prendre ? «J’ai mis en place une commission pour réformer le système judiciaire. Ces réformes doivent appeler à plus d’indépendance, mais surtout à plus de respect du droit des citoyens. Parce que le principe, c’est la liberté. L’exception, c’est la privation de liberté», a-t-il répondu.

Pas d’implication de la société civile

Si l’initiative du ministre est louable, certains estiment néanmoins qu’elle pèche sur certains points. «Je suis surpris d’apprendre que le ministre de la Justice a mis en place une commission de ce genre sans associer la société civile, sachant bien que celle-ci joue un rôle important dans le respect de la dignité humaine en milieu carcéral.  Nous souhaitons donc que SOS Prisonniers Gabon soit intégrée dans cette commission parce que nous sommes au contact quotidien avec les détenus, les magistrats, les agents de la sécurité, y compris les familles de détenus.  Si le ministre veut vraiment faire un bon travail, il doit associer la société civile», a réagi à Gabonreview Lionel Engonga, président de SPG, qui parie déjà qu’une question sera omise par ladite commission : le cas des prisonniers titulaires de plus d’un mandat de dépôt et qui purgent actuellement plusieurs peines, «alors que le cumul de peine n’existe pas en droit pénal gabonais».

Beaucoup voient dans l’engorgement des prisons gabonaises la conséquence de la lenteur de l’administration judiciaire, la récurrence des grèves dans le secteur, notamment celles initiées par les magistrats, dont la dernière a duré 9 mois avant d’être levée, le vendredi 29 septembre 2023. Les règlements de comptes initiés par les différents collaborateurs d’Ali Bongo qui se sont succédé ces dernières années ne sont pas étrangers à la situation.

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. SERGE MAKAYA dit :

    Pensons aussi privatiser nos prisons, ou en tout cas, les moderniser en faisant travailler nos prisonniers. Ce qui est du personnel non rémunéré, mais qui génère de l’argent à l’Etat. A étudier si c’est réalisable comme projet.

    https://www.bilan.ch/economie/le_juteux_business_penitentiaire_aux_etats_unis

Poster un commentaire