Au Gabon où se sont tenues pendant deux jours les premières journées de l’économie des établissements pharmaceutiques, Gabonreview a rencontré le président de l’Intersyndicale des pharmaciens d’Afrique (Ispharma). Au cours de ces travaux où au-delà du partage d’expérience les pharmaciens ont repensé leur modèle économique, analysant particulièrement les enjeux, défis et l’impact de l’assurance maladie sur cet environnement, le Dr Kanigui Hyacinthe Ouattara a assuré que l’assurance maladie représente en moyenne 30% du chiffre d’affaires des pharmacies. Ci-dessous notre entretien.

Le Dr Kanigui Hyacinthe Ouattara s’exprimant à l’ouverture des journées. © Gabonreview

 

Gabonreview : Avant d’être président de l’Ispharma, vous êtes d’abord un pharmacien d’officine. Pouvez-vous nous dire en quelques mots en quoi consiste votre spécialité ?

Dr Kanigui Hyacinthe Ouattara : Et président de l’Union nationale des pharmaciens de Côte-d’Ivoire également. Le pharmacien d’officine est un pharmacien tout court qui a les compétences pharmaceutiques pour la prise en charge sanitaire des différentes populations. Notre rôle c’est de permettre la dispensation du médicament aux différentes populations à travers des conseils mais également à travers l’exécution des prescriptions venant des différents médecins ou prescripteurs.

Le Dr Kanigui Hyacinthe Ouattara. © Gabonreview

Comment se portent les pharmacies en Afrique ?

De mieux en mieux. Je crois que la pharmacie a une histoire dans nos différents pays qui date du début des indépendances. Pour la plupart de nos ordres dans les différents pays couverts par l’Ispharma, on a hérité des législations du colonisateur, essentiellement la France. Depuis un certain temps, ces textes ont commencé à être mis au goût du jour pour coller à nos réalités. Nous sommes très heureux parce qu’il y a une évolution en matière de réglementation pharmaceutique dans nos différents pays.

D’ailleurs, on a mis en place un certain nombre d’éléments. Notamment, l’Agence africaine du médicament qui est aujourd’hui pilotée par l’envoyé spéciale de l’UA, Michel Sidibé, avec qui nous travaillons. L’objectif c’est de pouvoir mettre en place dans chacun des pays des agences de régulation pharmaceutique qui sont des autorités administratives indépendantes, pour une meilleure prise en charge du secteur pharmaceutique. Avant, la plupart des organisations qui géraient la pharmacie étaient des directions centrales du ministère de la Santé et il y avait des limites. Nous sommes en train d’y arriver progressivement.

L’assurance maladie, les pharmaciens en parlent beaucoup. Quel est son impact sur le fonctionnement des officines ?

Une étude n’a pas été faite à l’échelle continentale, mais dans les différents pays, en Côte d’Ivoire par exemple, l’assurance maladie c’est au moins 30% du chiffre d’affaires des officines. Et dans certaines zones très urbanisées, il y a des officines qui vont jusqu’à 80% de leur chiffre d’affaires en tiers payant. Donc vous comprenez aujourd’hui pourquoi nous insistons pour que ce volet-là puisse fonctionner correctement. De plus en plus, avec la mise place de la couverture maladie universelle qui sont des assurances maladies obligatoires dans nos différents pays, il va sans dire que cette proportion va encore augmenter puisque c’est toute la population qui sera concernée avec la généralisation du tiers pays. Pour nous, il est important que les pratiques au niveau des organismes de tiers payant soient bien réglementées pour que chacun puisse jouer sa partition.

Comment définissez le pharmacien : commerçant ou médecin ? Quel est son rôle dans la société ?

Nous ne sommes pas des médecins mais des pharmaciens. Notre activité est commerciale. Si on dit que nous sommes commerçants, ce n’est pas péjoratif : c’est la réalité. On fait des actes de commerce. Mais c’est un commerce qui est réglementé et c’est cela le plus important : nous avons un Code de déontologie, des lois sur l’exercice de la pharmacie. Le pharmacien dans l’exercice de sa profession tous les jours engage trois responsabilités : civile, pénale et disciplinaire. Elle englobe également la responsabilité de tous ses préposés et également de tous ceux qui sont sous son autorité. On ne peut donc pas faire ce qu’on ne doit pas faire. Le pharmacien est formé, il a une compétence et il agit dans le strict respect de ses compétences. C’est pour cela que nous avons des chambres de discipline pour régler des conflits ou malfaçons pouvant existés dans notre exercice.

Vous êtes arrivé au Gabon pour les premières journées de l’économie des établissements pharmaceutiques, quelle est l’opportunité d’une telle rencontre ?

C’est déjà de venir soutenir nos confrères du Gabon, qui sont membres de l’Ispharma. L’autre chose c’est faire un partage d’expérience. Je suis accompagné de mon secrétaire général de l’Ispharma qui est du Mali. C’est vraiment cela pour que les différentes recommandations que nous prenons au niveau des foras, on puisse mettre tous les pays membres de l’Ispharma au même niveau d’information pour qu’on puisse avancer ensemble.

Quelle est la carte de visite sommaire de l’Ispharma ?

L’Ispharma c’est l’Intersyndicale des pharmaciens d’Afrique. Son objectif c’est de rassembler l’ensemble des syndicats des pays membres. Aujourd’hui, il y a environ 25 pays membres et avec l’Ispharma nous avons pu aider certains pays à avancer.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Jada dit :

    Et nous sommes autant mal reçu, mal traité dans les pharmacie partenaires de la CNAMGS. 30% c’est considérable.

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