Dans le cadre de l’affaire L’Aube contre Ali Bongo, Paulette Oyane Ondo a sollicité la réouverture des débats après la condamnation de son client, le 9 juin dernier, par la Cour d’appel.

© Gabonreview/Maksim Kabakou

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Réagissant à la condamnation de nos confrères de l’hebdomadaire L’Aube par la Cour d’appel, le 9 juin dernier, l’avocate de la défense a sollicité la réouverture des débats. «Je sollicite respectueusement, dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice, la réouverture des débats, au nom du principe sacro-saint des droits de la défense, afin d’éviter tout scandale inutile», a-t-elle écrit dans une correspondance à la présidente de la Cour d’appel judiciaire. Paulette Oyane-Ondo fonde sa démarche sur le fait que l’affaire, mise en délibéré le 6 mai dernier, ait connu son épilogue sans que son client n’ait été cité à comparaitre, en violation de l’article 22 du Code de procédure civile.

«Il est important de souligner que c’est moi, en tant qu’avocate de ce journal en appel, qui ai personnellement fait appel en son nom et pour son compte», a-t-elle précisé, ajoutant que c’est donc elle qui suivait cette affaire au greffe. Or, ayant essayé de récupérer la citation à comparaitre de son client, elle a été confrontée au refus du greffier. «Le greffier décida que les parties doivent être personnellement citées ! Qu’à cela ne tienne, j’attendais donc que mon client fut personnellement cité. Mais cela n’a jamais eu lieu», a-t-elle expliqué, avant d’ajouter : «Tout d’un coup, j’apprends que cette affaire a été mise en délibéré pour décision rendue le 9 juin, au motif que la citation aurait été faite à la mairie».

Rappelant la procédure, l’avocate de la défense soutient que l’huissier ou l’agent d’exécution a violé le principe du contradictoire, le Code de procédure civile, ainsi que les directives et principes sur le droit à un procès équitable. «Et la Cour de céans, en acceptant une telle méconnaissance des règles, a entériné cette violation. Or le rôle du juge n’est pas d’entériner la violation de la loi, mais de s’assurer que la loi est respectée et que les droits de toutes les parties ont été protégés pour les besoins d’un procès équitable. Ce qui n’est pas le cas en l’espèce», a pesté Paulette Oyane-Ondo.

Poursuivis par le chef de l’Etat, les deux journalistes de L’Aube ont écopé d’un an de prison chacun, dont six mois fermes et 500 000 francs d’amende pour l’un ; et deux mois fermes et une amende d’un million de francs pour l’autre. Le journal, quant à lui, a été condamné aux dépens et doit payer les dommages et intérêts à la victime.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Kem Wr dit :

    Sans entrer dans les dédales du droit et de la justice, nous déplorons ce qui arrive à nos confrères journalistes. Mais nous déplorons aussi cette pratique partisane du métier de la plume au détriment d’un traitement objectif et équilibré de l’information. Dès lors qu’un papier est estampé du qualificatif de « Proche d’untel, contre untel … » c’est la crédibilité de l’information qui en pâti. Au-delà de la pratique courante de l’autocensure, il serait peut-être temps de penser à la mise en place d’une vraie structure d’autorégulation des médias au Gabon, une sorte d’Observatoire de l’éthique et de la déontologie. Ce qui rendrait vraiment effective la dépénalisation des délits de presse et rendrait aux professionnels le pouvoir d’encadrer eux-mêmes l’exercice de leur métier.

  2. Le Sankariste dit :

    http://www.jeuneafrique.com/33503/politique/emmanuel-issoze-ngondet-au-gabon-il-n-y-a-aucun-journaliste-en-prison/ « …Lors de l’entretien qu’il nous a accordé le 27 janvier au siège de Jeune Afrique, Issoze-Ngondet s’est indigné de la façon dont on présente le Gabon : un pays où la liberté de la presse ne serait pas respectée. « Il n’y a aucun journaliste en prison dans notre pays, martèle le ministre des Affaires étrangères. La liberté de la presse est consacrée par nos lois, les journalistes écrivent ce qu’ils veulent et ils ne s’en privent pas ! » Et d’ajouter fièrement : « Comment peut-on critiquer avec autant de virulence un pays aussi bien évalué par les agences de notation et qui peut se targuer d’avoir engagé des réformes qui commencent à porter leurs fruits et à produire de la croissance ? »… »

    Et oui. De qui se moque t-on?

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