Le désir du Gabon d’adhérer au Commonwealth, association volontaire des anciennes colonies de l’empire britannique, va-t-il vraiment se concrétiser à la prochaine réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth (CHOGM) prévue du 20 au 25 juin 2022 à Kigali au Rwanda ? Le mutisme des officiels gabonais, prompts à célébrer la moindre victoire diplomatique, et un rappel des valeurs édictées par la charte de l’organisation laissent dubitatif.

© Gabonreview

 

Annoncé par Africa Intelligence dans sa toute dernière édition, ce 16 juin, le souhait exprimé le 11 mai 2021 par le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, à la secrétaire générale du Commonwealth, Patricia Scotland, de voir son pays intégrer l’association qu’elle administre, serait en passe de se concrétiser.

Mutisme des officiels et de l’organisation convoitée

Le courrier quotidien d’informations confidentielles affirme, en effet, que le Gabon et le Togo vont devenir officiellement membres du Commonwealth le 24 juin, lors du sommet des chefs de gouvernement de l’organisation à Kigali, au Rwanda. Une bonne nouvelle. Mais celle-ci amène nécessairement à s’interroger sur les ingrédients utilisés par les autorités gabonaises pour réussir, en une année, à convaincre le Comité du Commonwealth.

Si une certaine presse adossée au palais présidentiel de Libreville a vite fait de s’en réjouir, non sans faire remarquer que d’ordinaire «la procédure d’adhésion au Commonwealth dure en moyenne dix ans», du côté du ministère des Affaires étrangères, c’est plutôt le silence et même le black-out sur la question. On note également qu’à la vérification, les canaux officiels de communication du Commonwealth consultés par Gabonreview, n’en parlent pas. De même, le programme de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth ne mentionne nulle part l’officialisation toute prochaine de l’adhésion du Gabon à cette organisation. Fait étonnant, l’idée avait pourtant bénéficié d’une bonne promotion médiatique lors des exercices d’explication et de clarification sur les réelles motivations du pays à adhérer à cette organisation.

Le respect de la chartre et les fameuses conditions

Le Gabon remplit-il au moins la moitié des critères autres que les petites formalités largement énumérés lors des exercices d’explication et de clarification ci-dessus indiqués ? Il y a en effet que l’adhésion au Commonwealth comporte des conditions… pas toujours faciles pour certains États.

Au titre de celles-ci, on note qu’il faut, en premier lieu, en accepter la charte et être un État souverain. Si ces deux conditions sont assez formelles et non-contraignantes pour le Gabon, il y a aussi qu’il faut respecter les vœux de la population, en ce qui concerne l’adhésion. Or, aucune consultation populaire n’a été organisée à ce sujet au Gabon. Il s’agit d’une démarche unilatérale du pouvoir de Libreville. Autre valeur : il faut respecter la volonté de la population pour ce qui est des élections. En théorie ou en pratique, ce n’est pas le cas au Gabon où les électeurs, en grande majorité, ne se reconnaissent que rarement dans les résultats officiels des scrutins politiques.

Par ailleurs, pour postuler, il faut avoir un lien historique avec un État déjà membre. A moins d’ergoter sur la notion de lien historique, quel est donc l’État membre de cette organisation ayant un lien historique avec le Gabon ? La charte du Commonwealth accorde également beaucoup d’importance à certaines valeurs très controversées au Gabon. Notamment la Démocratie, les Droits de l’homme, la Liberté d’expression, la séparation des pouvoirs, la bonne gouvernance, la reconnaissance de l’importance de la société civile… Autant de critères sur lesquels il n’est pas besoin de disserter longtemps pour prouver leur respect démagogique par le Gabon.

 A moins que les conditions d’adhésion et la charte du Commonwealth ne soient qu’un decorum, l’admission  du Gabon à cette organisation ne peut être si rapide. Elle devrait prendre un peu plus de temps. Le temps d’une mise en conformité réelle avec les nobles valeurs de cette «Communauté des Nations».

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Julien dit :

    Ce n’est pas un vœu du défunt Ali Bongo, mais de sa veuve heureuse qui a un pied à terre en Angleterre. CQFD.

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