Le changement climatique frappe à notre porte, et les poissons de l’estuaire du Komo au Gabon en sont les messagers tragiques. En mars dernier, une hécatombe de poissons morts a suscité une interdiction de pêche, levée seulement le 16 mai. Les analyses excluent toute cause pathogène, pointant plutôt un manque d’oxygène dû à une canicule exceptionnelle. Un signal du changement climatique, estime Adrien N’Koghe-Mba* qui tire la sonnette d’alarme sur l’urgence de l’adaptation au changement climatique.

«L’adaptation n’est plus une option, mais une nécessité pour assurer un avenir vivable pour tous.» © GabonReview

 

Le changement climatique est une réalité pressante, et les récents événements dans l’estuaire du Komo au Gabon en sont une illustration frappante. À mi-mars, des poissons morts ont été retrouvés en grand nombre dans l’estuaire, entraînant une interdiction de la pêche qui n’a été levée que le 16 mai dernier. Selon le communiqué du ministère de l’Agriculture et de la Pêche, les analyses ont exclu des causes pathogènes comme des virus, des bactéries ou des agents chimiques. La mortalité des poissons pourrait être due à un manque d’oxygène dans l’eau, causé par une canicule exceptionnelle. Cette situation s’aligne parfaitement avec les conclusions du sixième rapport d’évaluation du GIEC, qui prévoit que le réchauffement, l’acidification et la désoxygénation des océans affecteront gravement les écosystèmes marins.

Des signaux faibles et des migrations forcées : un avertissement pour l’humanité

Ce phénomène n’est pas isolé mais représente un signal faible parmi d’autres qui annoncent des perturbations plus graves à venir. Une étude récente publiée dans la revue Pnas montre que, en quarante ans, la moitié des poissons de haute mer, tels que les sardines et les thons, ont fui les eaux équatoriales devenues trop chaudes. Les chercheurs ont observé une diminution significative de la richesse des espèces à l’équateur et une migration vers les zones subtropicales et polaires. Les poissons de haute mer, capables de migrer vers des eaux plus fraîches, ont ainsi évité des conditions de vie invivables. En revanche, les poissons de l’estuaire du Komo n’ont pas eu cette chance. Enfermés dans leur habitat, ils n’ont pas pu fuir et ont succombé au manque d’oxygène.

L’inévitabilité de l’adaptation

Contrairement aux poissons de haute mer, les êtres humains ne peuvent pas toujours migrer librement en raison des frontières et des politiques d’immigration. Par conséquent, il est impératif de s’adapter aux nouvelles réalités climatiques. Cela signifie mettre en place des mesures d’adaptation robustes et durables pour protéger les communautés vulnérables, garantir la sécurité alimentaire et préserver les écosystèmes essentiels.

L’impact économique du changement climatique

La migration des poissons n’a pas seulement des implications écologiques, mais également des conséquences économiques importantes. Françoise Gaill, océanographe et biologiste, conseillère scientifique du CNRS et vice-présidente de la plateforme Océan & Climat, a déclaré sur RFI le 19 avril dernier que la migration des poissons des zones tropicales vers le Nord aura des répercussions économiques non négligeables pour les sociétés humaines. Le Gabon, qui cherche à diversifier son économie au-delà du pétrole en se tournant notamment vers la pêche et le tourisme, doit absolument prendre en compte cet aspect du changement climatique.

Des actions concrètes pour un avenir durable

La récente levée de l’interdiction de pêche dans l’estuaire du Komo est une étape, mais elle souligne aussi l’urgence d’agir. Les gouvernements, les entreprises et les citoyens doivent collaborer pour développer des stratégies de résilience face aux impacts du changement climatique. Il est crucial de suivre les recommandations du GIEC et d’investir dans des technologies et des pratiques durables qui permettent de maintenir la biodiversité et les moyens de subsistance.

En conclusion, les événements récents dans l’estuaire du Komo et les migrations des poissons de haute mer doivent nous servir de leçon. Ils sont des signaux faibles mais significatifs de l’impact du changement climatique. L’adaptation n’est plus une option, mais une nécessité pour assurer un avenir vivable pour tous. Il est temps d’agir, de s’adapter et de préparer nos sociétés aux défis climatiques de demain.

* Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

 
GR
 

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