Quelques jours avant les fêtes de fin d’année, les ministères de l’Intérieur et de la Défense ont détruit les commerces anarchiques bâtis sur les trottoirs et sur le domaine public de Libreville. Si l’opération est de salubrité publique, elle laisse depuis lors un goût amer et d’inachevé autant chez les commerçants que chez la population entière.

Des débris des boutiques et petits commerces détruits aux abords des rues, abandonnés au Rond-point de Nzeng-Ayong. © Gabonreview

 

«Pourquoi avoir attendu la période des fêtes de fin d’année pour détruire ces commerces qui ont pourtant été construits au vu et au su de tous ?» Telle est la question que se posent les populations qui, jusqu’alors, se questionnent sur l’opportunité de cette casse, en période de fêtes. S’il se dit que les personnes impactées par ces déguerpissements ont été sensibilisées et mises en garde plusieurs mois auparavant, il reste que le timing des destructions pose problème. Mieux, les débris et autres détritus encore visibles à certains endroits interpellent. Or, soutient un commerçant dont l’échoppe a été détruite, l’impératif de la salubrité de la ville a été avancé comme argument d’autorité avant les destructions.

À la fin de la deuxième semaine de décembre, des engins et des agents des forces de défense et de sécurité ont été déployés sur les grands carrefours de Libreville investis par les petits commerces, des vendeurs à la sauvette et parfois par des salons de thé et café et autres alimentations rapides. Leur rôle a été de débarrasser ces espaces publics des squatters. Tout a donc été détruit, de nuit comme de jour. 

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Certains, indiquent les concernés, ont pu récupérer leurs biens, d’autres, non. «Si on s’est installé sur ces carrefours, c’est parce qu’on dépanne facilement les gens qui rentrent du travail et qui n’ont pas toujours du temps pour se rendre dans les marchés. Mais c’est surtout parce qu’il manque de places dans les marchés. En plus, si ces places existent, elles coûtent excessivement cher», a déclaré l’une des victimes des déguerpissements du rond-point de Nzeng-Ayong.

Les populations, qui saluent malgré tout l’initiative gouvernementale, émettent tout de même des réservés sur cette opération. «On dirait un serpent qui se mord la queue», laisse entendre un taximan. Pour lui comme pour de nombreuses personnes écoutées, «c’est du déjà vu». Il ajoute précisément que «ceux qui ont directement construit sur les trottoirs ont forcément des personnes qui leur ont octroyé des autorisations pour bâtir». «Elles sont également coupables de l’insalubrité dans la ville», a dénoncé, pour sa part, un riverain de l’ancien feu tricolore de Nzeng-Ayong. 

Il fait remarquer que la mairie prélève des taxes sur ces commerces anarchiques. Pour lui, «le gouvernement qui a détruit doit pouvoir également établir les responsabilités et punir les personnes véreuses bien installées dans les administrations et qui délivrent de frauduleuses autorisations pour construire». Au-delà, de nombreuses voies soulignent que «de jeunes Gabonais au chômage y trouvaient leur compte et cela ne dérangeait personne». «Que vont-ils devenir dans un contexte comme celui de crise actuelle ?» a demandé une habituée de ces commerces de fortune qui dit «comprendre les autorités». 

Enfin, ce qui est déplorable, c’est le fait que ces détritus jonchent encore les carrefours. Des champs de ruine se dressent dans certains carrefours à l’exemple du rond-point de Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement de Libreville. «Qui doit les ramasser ?» s’interrogent les usagers de la route qui invitent le gouvernement à «finir ce qu’il a commencé».

 
GR
 

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