Pendant que le Gabon est plongé dans une crise politique inédite avec le coup d’État contre Ali Bongo Ondimba, les projecteurs du quotidien français Libération se sont braqués, ce 30 août, sur un patrimoine immobilier luxueux à Paris. Les propriétés du clan Bongo, d’une valeur colossale et situées dans les quartiers les plus prisés, suscitent à nouveau questions et controverses.

Infographie © Libération.

 

Alors que le président gabonais Ali Bongo Ondimba vient d’être destitué par un coup d’État militaire ce 30 août 2023, nombre de biens immobiliers luxueux acquis à Paris par sa famille ayant été l’objet de saisies dans le cadre de l’enquête française sur les « biens mal acquis » réapparaissent dans un journal français à grand tirage. Le quotidien français Libération est en effet revenu sur ce marronnier de la presse hexagonale. Ces révélations dévoilent la profondeur des racines de ce clan au cœur de la capitale française et les implications de cette présence luxueuse.

Au 8 rue Edmond-Valentin, dans le VIIe arrondissement de Paris. Libération/Google Streetview

Depuis l’élection en 1967 d’Omar Bongo, le patriarche du clan, à la présidence du Gabon, la famille au pouvoir a, effectivement, manifesté un penchant pour les acquisitions immobilières de grand standing dans les quartiers les plus prisés de Paris. Ali Bongo, fils d’Omar et actuel président déchu sous surveillance après le coup d’État, est parmi les bénéficiaires notoires de ces propriétés.

Libération rappelle que les juges français enquêtant sur l’affaire des «biens mal acquis» ont identifié une vingtaine de ces propriétés, estimées d’une valeur totale de 85 millions d’euros selon une ordonnance judiciaire de 2022. Ce chiffre pourrait toutefois être sous-estimé compte tenu de l’appréciation rapide de l’immobilier parisien. En effet, certaines de ces propriétés, acquises dans les années 70, ont vu leur valeur s’envoler, comme le fameux Pozzo di Borgo, vaste hôtel particulier de la rue de l’Université, acheté pour près de 100 millions d’euros.

Le patrimoine immobilier de la famille Bongo s’étend du prestigieux triangle d’or, à proximité des Champs-Elysées, aux coins plus discrets de la rive gauche. Les adresses sont aussi variées que prestigieuses : un hôtel particulier du XVIIIe siècle rue de l’Université, d’autres dans les rues Edmond-Valentin, Dosne, et de la Baume, ainsi que des appartements somptueux situés dans des avenues emblématiques telles que l’avenue Foch, la rue François-Ier, ou le boulevard Lannes. Outre Paris, le clan Bongo avait également un faible pour la Côte d’Azur, avec plusieurs villas repérées à Nice.

Comment un clan dont le patriarche percevait, selon son avocat, 20 000 euros (environ 13 millions de francs) mensuels a-t-il pu acquérir un patrimoine évalué en dizaines de millions d’euros aujourd’hui ? Telle est, la question posée par Mediapart, qui révélait en 2009 déjà une liste étourdissante de voitures de luxe, appartements, maisons, hôtels particuliers et comptes bancaires, établie par la police judiciaire française en 2007. La provenance des fonds utilisés pour ces acquisitions reste donc controversée. La justice française pointe du doigt les potentiels liens avec la corruption orchestrée par les géants pétroliers, dont la société française Elf-Total.

Récemment, une tentative d’Ali Bongo de convertir l’hôtel particulier rue de l’Université en résidence diplomatique pour le Gabon, qui lui aurait octroyé une immunité, a été révélée, mettant en exergue les intrigues juridiques entourant ces propriétés.

Alors que le Gabon traverse une période d’incertitude, les révélations autour des biens de la famille Bongo à Paris pourraient avoir des répercussions importantes dans les jours et semaines à venir.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Akoma Mba dit :

    Tous ces biens doivent revenir à l’Etat gabonais, puis vendus pour construire des logements décents au Gabon pour sa population.Les Bongo ont la chance de ne pas être aujourd’hui dans une fosse commune. Qu’ils foutent le camp du Gabon!

Poster un commentaire