Les pinceaux se sont tus, les couleurs se sont fanées. Marcellin Minkoe Minze, artiste peintre gabonais, s’est éteint dans la nuit du 11 novembre 2023 à Libreville. Son âme d’artiste s’est envolée, laissant derrière elle un héritage coloré.

Marcellin Minkoe Minze (1953 – 2023). © GabonReview (Montage)

 

La disparition de Marcellin Minkoe Minze, survenue dans la nuit du vendredi au samedi 11 novembre à l’hôpital militaire de Libreville, laisse absolument un vide dans le monde de l’art gabonais. Cet artiste peintre, graphiste, et concepteur était bien plus qu’un simple créateur. Il était une icône, un pilier de la scène artistique du Gabon.

Parmi ses créations les plus emblématiques, on compte la magnifique fresque qui orne les murs du Casino Croisette à Libreville, ainsi que la statue imposante «La Porte de la Liberté» qui trône en bord de mer en face de la présidence de la République à Libreville. Sa statue de La Tolérance, érigée au carrefour Rio, est également un témoignage de son engagement en faveur des valeurs universelles. Mais son influence ne se limite pas seulement à ces monuments. Marcellin Minkoe Minze a laissé son empreinte sur l’éducation artistique au Gabon, ayant formé plusieurs générations de plasticiens gabonais à l’École nationale d’arts et manufacture (Enam), dont des talents renommés tels que Georges Mbourou, Emmanuel Ndjimbi, Lin Ntoutoume Nzorlyn, et Maurice Olimbo Ndjave.

Un enfant du Lac Anengué

Né en 1953 au Lac Anengué dans l’Ogooué-Maritime, Marcellin Minkoe Minze était surnommé affectueusement «Maître» Minkoe-Minzé.

Son propre parcours académique l’a conduit de l’École nationale de manufacture (Enam) de Libreville à l’École supérieure d’arts graphiques (Esag) à Paris, où il a affiné son art et acquis des compétences qui allaient façonner son style unique. En tant que peintre, graphiste et concepteur, Marcellin Minkoe Minze a su marier avec brio l’art et la communication visuelle à travers des affiches, des toiles , des sculptures qui ont laissé une empreinte indélébile dans le paysage artistique et culturel du Gabon.

Il fut directeur de la Galerie d’Art Bantu et, en tant que professeur à l’Enam, il a contribué de manière significative à l’épanouissement des talents artistiques locaux. En outre, il avait fondé sa propre école privée (fermée depuis bien longtemps) et travaillait sur un ouvrage retraçant l’histoire des arts plastiques modernes au Gabon, témoignant de son profond engagement envers la préservation et la diffusion de la culture gabonaise.

Épreuves personnelles

Pourtant, la fin de sa vie a été marquée par des épreuves personnelles. Suite à la diffusion d’une sextape sur les réseaux sociaux, Marcellin Minkoe Minze s’est littéralement isolé, vivant seul dans sa villa de Nzeng-Ayong et négligeant sa santé. Malgré ses problèmes de vue, le diabète et l’hypertension, sa détermination à continuer de créer n’a jamais faibli. Il a été admis à deux reprises en réanimation, mais sa passion pour l’art demeurait intacte jusqu’à la fin. Il était marié et père de cinq enfants.

Dans la nuit étoilée de l’art, Marcellin Minkoe Minze s’est donc éteint, mais sa lumière artistique continuera nécessairement à brillera dans l’histoire de la culture gabonaise.

 
GR
 

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