Marie Wilma Sickout Asselé : «J’ai été dépressive pendant sept ans»
Neuf mois après sa sortie en France, l’ouvrage «Au nom de la vie…» de Marie Wilma Sickout Asselé a fait l’objet d’une séance de dédicace, le 27 novembre à Libreville. Dans cet entretien accordé à Gabonreview, l’auteur revient sur certains aspects de son expérience avec la dépression, largement dépeinte dans le livre.
Gabonreview : Pourquoi le choix du thème sur la dépression pour votre premier livre ?
Marie Wilma Sickout Asselé : «Au nom de la vie…» a été motivé par ma propre maladie : j’ai fait de la dépression pendant sept ans. Les motivations sur la rédaction de cet ouvrage viennent donc de ma propre expérience. Cette œuvre vise donc à parler de la dépression qui est encore un sujet tabou en Afrique. Il s’agit donc de briser à travers mes écrits, le mal de la dépression. Le livre s’adresse donc à tout le monde, aussi bien les personnes souffrant de dépression que celles chez qui les signes de la maladie sont invisibles ; mais également aux parents, amis et proches pour le soutien à apporter aux personnes souffrant de dépression. En gros, ce livre est une sorte d’appel à s’intéresser à la dépression.
Votre passion pour l’art vous a-t-elle aidé à sortir de cette mauvaise passe ?
Beaucoup d’artistes sont dépressifs. Évidement c’est l’art qui m’a sauvé, au-delà du soutien de mes enfants à qui je me suis accroché. Je pense que c’est surtout l’art qui m’a permis de me maintenir parce qu’au cours de mes moments de lucidité durant ma période de dépression, j’étais toujours en train d’écrire, dessiner et rêver, je n’avais que ça dans la tête. Mais au-delà de l’art et de mes enfants, je pense qu’il y a aussi eu l’intervention divine car j’étais vraiment au fond du trou au point où il m’est arrivé de m’automutiler. D’ailleurs, le titre initial du livre était «L’Afrique et ses mystères». Mais plus j’avançais dans l’écriture et avec tout ce qui se passait au autour de moi, je me suis dit, «je ne peux pas laisser le diable gagner». D’où le titre «Au nom de la vie…», qui est une inspiration spirituelle.
Selon votre expérience, peut-on prévenir la dépression ?
Bien sûr. D’autant qu’il y a maintenant des personnes qui en parlent librement. Aujourd’hui, les parents, amis et proches ont l’occasion de faire attention, car les dépressifs se comptent par millions dans le monde. Au Gabon, depuis 2 ou 3 ans nous avons enregistré des cas de suicides lié à la dépression. C’est une maladie réelle et il faut la prendre au sérieux.
Entendez-vous aider davantage les personnes dépressives au-delà de votre livre ?
En plus de notre livre, nous avons également une fondation qui se penche sur le sujet. Par ailleurs, nous avons également un projet en vue avec l’aide du ministère de la Santé. Aussi, pour aider les personnes dépressives, la famille a un grand rôle à jouer. C’est très important de le souligner. Car on ne peut guérir de la dépression qu’avec l’entourage, le bien-être, l’environnement, la compréhension des autres, etc. Sans cette aide, il y a de fortes chances que vous sombriez dans la folie après la dépression.
D’autres ouvrages sont-ils en projet?
Le livre ne parle pas de tout, ma vie n’a pas été que dépression. Je suis déjà engagée dans la suite de «Au nom de la vie…» pour parler de la période post-dépression : comment je suis sortie de l’ombre, comment je vis au quotidien avec les souvenirs de cette douloureuse expérience de ma vie, pourquoi il est important de faire des témoignages autour de soi… En gros, tous les sujets concernant la vie m’intéresse. Par la suite, on verra bien.
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