Accusés par une partie des Gabonais de faire dans la provocation, en plus d’être éloignés des réalités vécues par les masses populaires, les médias publics nationaux sont l’objet de vives critiques ces derniers mois.  

presse2

© Gabonreview

 

Au moment où le journal pro-gouvernemental L’Union tente d’effacer les stigmates de l’incendie dont son siège a été victime dans la foulée des émeutes du 31 août 2016, un journaliste de Gabon Télévision, Jean Raoul Mbadinga, a été pris à parti récemment au quartier général de Jean Ping à Libreville. Des militants surexcités l’ont pris pour «un espion d’Ali Bongo». Si les deux évènements sont à condamner, certains estiment qu’ils sont liés et ont été occasionnés par une même cause : le choix éditorial des deux médias. Il y a quelques mois, au début du processus électoral en cours, nombreux sont ceux qui, à l’instar des organismes internationaux, avaient appelé au professionnalisme et à la retenue des journalistes gabonais face à ce qui apparaissait déjà comme une échéance plutôt sensible.

medias public2 -journaliste

Jean Raoul Mbadinga (casquette LA) de Gabon Télévision pris à parti au QG de Jean Ping. © Gabonreview

La provocation

En dépit des mises en garde du Conseil national de la communication (CNC), les médias publics, en l’occurrence, avaient semblé avoir fait le choix de la provocation. Entre diffusion de pseudos enquêtes à charge contre le principal adversaire d’Ali Bongo sur Gabon 24, repris sur Gabon Télévision, et la diffusion à satiété des moindres activités du président de la République et celles de ses soutiens dans le cadre de la précampagne puis de la campagne électorale, beaucoup n’avaient pas manqué de tirer la sonnette d’alarme pour prévenir d’éventuels risques d’embrasement. Rien n’a été fait. La provocation avait pris le pas sur l’équilibre et l’impartialité dans le traitement de l’information. De son côté, sans être inquiétée le moins du monde par le régulateur des médias, TéléAfrica la chaîne privée pro-Ali Bongo, avait explicitement désigné sa cible : Jean Ping.

Plus d’une semaine après les émeutes consécutives à l’annonce de l’élection d’Ali Bongo, à Libreville et à l’intérieur du Gabon, la provocation est toujours aussi perceptible sur les mêmes médias, pourtant de service publics, et le CNC est toujours aussi aphone.

Selon l’un des militants ayant pris à parti le journaliste de Gabon Télévision, ces médias font dans la provocation. «Ce sont eux qui nous poussent à réagir de la sorte. Leurs mensonges répétés et leurs reportages à charge contre l’opposition ne peuvent qu’entraîner des réactions comme celles de tout à l’heure.» Pour un autre, «ces chaînes, au niveau de la provocation, n’ont rien à envier à Radio mille collines du Rwanda en 1994».

Le déni des réalités

Les médias publics, de même que les médias privés pro-gouvernementaux, sont plus que jamais accusés à tort ou à raison de compter parmi les principaux vecteurs des violences enregistrées lors de la manifestation post proclamation des résultats du dernier scrutin présidentiel. Certains pensent que ce sentiment tient également du déni des réalités vécues par une grande partie des Gabonais. Pour rappel, le déni de la réalité est le terme employé par Sigmund Freud pour désigner un mode de défense consistant en un refus par le sujet de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante. «Vu de l’extérieur, à travers les médias publics gabonais, l’on croirait que tout va bien, même très bien au Gabon, et que la crise profonde de ces derniers temps n’a jamais existée. Tout est peint en rose en évitant avec soin d’aborder le malaise des Gabonais. Nos confrères des chaînes de télévision publiques vivent soit dans un autre pays, soit sur une autre planète, parce qu’en fin de compte, la vérité sur notre propre pays est connue grâce aux médias occidentaux, quand certains médias comme RTN et TV+, proches de l’opposition sont attaqués par le même pouvoir qui ne souhaite pas que la vérité soit connue des Gabonais et de la communauté internationale», commente un journaliste gabonais.

Exfiltré in extremis du QG de Jean Ping par les responsables de l’opposition, le journaliste de Gabon Télévision n’a jamais été «molesté» comme le prétend la chaine tout infos gabonaise. Par ailleurs, Jean Raoul Mbadinga n’était pas de service, il était là en tant que simple citoyen, précisent certains membres de sa propre rédaction.

 

 
GR
 

14 Commentaires

  1. Fille de Mbigou dit :

    De ces deux médias moi en tant que gabonaise je ne me retrouve plus dans ce qu’ils racontent souvent. C’est comme nous demander de mettre nos cerveaux de coté en lisant ou en écoutant ces torchons acquis au pouvoir.

  2. Rtg1 dit :

    Le dosage était trop intense… Vous en fait pas le prési vous a déjà dit il n’aura pas de « chasse aux sorcières »… looool !!! 😉

    C’est la fin de l’empire des Bongo

    https://www.youtube.com/watch?v=_SpbmkShqVM

  3. Gaboma dit :

    CHER PRESIDENT, CHER YA ALI BONGO
    Pensez-vous vraiment être le président de tous les gabonais ou le président d’une partie des gabonais?
    Je suis surpris que votre ministre de la communication interpelle RSF parce qu’il n’a pas condamné les violences contre l’Union et Gabon TV. En oubliant que TV+, RTN sont également des biens gabonais et qui ont pleinement droit à la protection de leur « gouvernement de la république » en tant que contribuables. Il faut dire que RSF protège avant tout la Liberté à travers les médias et quand on demande à RSF d’être le rempart des médias de propagande, de calomnie et d’incitation à la haine contre autrui, il n’y a qu’un pas pour qu’on dise à RSF que les médias comme Radio-Milles-Collines ont pleinement le droit d’exister. Où est le CNC lorsque des plateaux nauséabonds, sans contradicteurs se mettent en place pour tenter lamentablement de salir un compatriote sur la base des allégations et des accusations ne respectant pas la présomption d’innocence, c’est peut-être à RSF de ramener à l’ordre des médias qui renvoient à la face du monde, du Gabon l’image d’un état dictatoriale où les médias publiques véhiculent le message de la pensée unique à la gloire du culte d’un président qui prétend être démocrate.
    Cher président êtes vous sur d’être le président de tous? Parce que lorsqu’on vous entent parler, on se rend compte que vous oubliez que depuis 2009 jusqu’à ce jour, élection de 2016, plus de la moitié des gabonais ne sont pas avec vous. Je sais que lorsque vous voyez l’excitation de vos partisans lors de vos déplacements vous disant « Ya Ali continue comme ça », ça te donne l’illusion que les gabonais sont satisfaits de ta présence à la tête de l’état et de ton action. Comment peut-on honnêtement et courageusement dire « les gabonais m’ont élu » lorsque étant au pouvoir, on sait que plus de la moitié de la population a voté pour ton départ, bien que de manière dispersée? N’est ce pas une insulte à une partie de la population dont vous prétendez être le président? L’humilité voudrait que vous ne prétendiez pas avoir été choisi par les gabonais avec 42 ou même 49% (choix d’une minorité).
    Définitivement je pense que vous êtres LE PREISDENT DES AUTRES. Nous aurions aimé pouvoir reconnaitre votre légitimité bien que ne faisant par partie de vos partisans. Mais votre discours et vos actions ne sont pas ceux d’un homme humble qui sait qu’il ne fait pas l’unanimité. Vous avez le discours d’un homme qui rejette et ne considère pas la grande majorité qui ne l’approuvent pas, accentuant d’avantage ce rejet. MAJORITE RELATIVE, l’expression signifie simplement que vous êtes UNE MINORITE à côtés de ces gabonais, y compris les abstentionnistes qui désirent de tout leur cœur l’alternance et une nouvelle espérance. Comment une minorité peut-elle refuser ne serait-ce que faire semblant d’accepter un dialogue longtemps réclamé par la majorité qui aspire à des réformes? Vous aimez tellement vous contredire que vous prétendez aujourd’hui que vous n’avez jamais refusé de discuter, choses que vous avez faites pendant trois ans : JOUER LES DURES ALORS QU’ON EST EN MINORITE.
    Pour quoi tant d’arrogance, lorsqu’on est incapable de convaincre au moins 50% des gabonais? L’orgueil est le chemin de la chute parce que votre suffisance empêche à un grand nombre de ceux là qui auraient pu vous apporter leur concours de le faire, il pousse ceux là qui attendent de vous un peu de reconnaissance quand à leur aide dans votre accession, votre conservation du pouvoir et vos actions à vous quitter. VOUS JOIGNEZ A L’ARROGANCE, L’INGRATITUDE. Monsieur le président, Ya Ali, c’est vous qui faites les ministres, c’est vous qui faites les députés parce que vous les investissez. Le faites-vous alors qu’ils n’ont aucun mérite et sans le vote du peuple? Tout le monde vous doit tout, et vous ne devez rien à personne. Et pourtant si vous êtes président c’est parce que des compatriotes se sont mis à vos côtés. Pourtant on peut dire que les gens que vous nommez ou investissez vous doivent autant que vous les devez.
    De la même façon que nous avons voté Jean Ping massivement non pas parce que nous l’aimions autant, mais pour vous sanctionner, vous et votre famille, de la même façon des personnes comme Bilié Bi Nzé et autres sont autour de toi et te poussent au suicide, te suivent parce que leur cupidité et leur égoïste leur convainquent que c’est à vos côtés qu’ils ont un avenir et non pas parce qu’ils sont réellement d’accord avec toi et partage votre vision d’un Gabon prospère. Et le comble est que vous choisissez de vous entourer de ce genre de personnes qui certainement plus dangereux que vos adversaires que vous rangez systématiquement au rang d’ennemis alors que leur valeurs morales, leurs compétences et sens de la repartie pourraient vous êtres utiles, à tel point que vous vous êtes fait prisonnier d’un marigot de crocodiles au dents acérés que vous ne contrôlez plus. Des grands de ce monde on parfois choisi d’être secondé par un farouche adversaire intègre plutôt que d’un illuminé qui vous adulent comme un dieu. Et cela a été au bénéfice de la démocratie et du développement de leur pays. Je pense à Georges Washington.
    Pendant que tes lieutenants te trompaient en voulant te faire croire que tu as de l’avance dans 6 provinces puis dans 5 , la réalité vous a rattrapé lorsque la fraude a été contrecarrée. Alors que vous avez avec vous l’appareil d’état, 6 provinces sur 9 dont les poumons économiques culturels, économiques et intellectuels du pays que sont l’Estuaire et l’Ogooué Maritime vous ont sanctionné. Pourtant si on vous laisse le pouvoir vous ne manquerez pas de continuer avec ce triomphalisme, cet arrogance et ce mépris sur cette majorité qui ne veut plus d’un président pédégiste et portant le nom Bongo.
    Monsieur le Président, président de tout le monde, êtes-vous fier lorsque vous devez votre élection à la seule province du Haut-Ogooué avec un taux de participation de presque 100% que vous défendez avec une telle mauvaise foi, croyant insulter l’intelligence et le bon sens du monde entier. Vous vous rendez aussi ridicule que le régime de Kim Jong-Un. Quelle sarcasme! Les ALTOGOVENS SONT TRIBALISTES, c’est vous et votre camp qui le dites et le démontrez et non les gabonais. Vous défendez fièrement, pour un président de tous les gabonais, que le Haut-Ogooué, sans les 8 autres provinces s’est levée comme un seul homme pour protéger votre pouvoir dans un élan tribaliste. C’est ça votre démocratie? Finalement qui est l’objet de division pour les gabonais. Ping ou toi, cher président.
    La mauvaise foi et la malhonnêteté intellectuelle vous pousse à donner des arguments que vous ne pouvez pas illustrer avec des exemples pertinents. Je te mets au défi de présenter un seul discours où Ping insulte et menace les populations du Haut-Ogooué, qu’il n’a pas cessé de chercher à séduire malgré les intimidations lors de ses tournées au péril de sa vie. Je te mets au défi de nous donner une seule circonscription dans le Weuleu-Ntem et l’Ogooué-Maritime où on aurait observé des taux de participation de 99% au profit de Ping. Je te mets au défi de nous fournir cet article de loi qui rend le recomptage des voix au niveau de la CENAP illégale. En tant que président vous devez aux gabonais la vérité et non pas insulter leur intelligence. Surtout pas celle des altogovéens. De quelle province sont originaires ton propre cousin Ngoulakia, Louma, Adjembè, ton propre frère Christian Bongo, Yangari et autres qui ont choisi eux aussi de te combattre?
    Vous prétendez être un pure légaliste alors que quand on regarde l’état de droit au Gabon et votre position, c’est le contraste. Le témoignage de votre ancien Premier Ministre Ndong Sima montre qu’au gré de vos intérêts et de vos ambitions vous n’avez fait que violer la loi tout au long de votre mandat dans une gestion peu orthodoxe des ressources et des investissement notamment par la passation des marchés publiques de gré-à-gré.
    Etes-vous le président de tous alors que vous refusez de comprendre l’ensemble des gabonais? La violence et les casses, ils ne sont pas faites au nom de Ping. Ils ne sont que la manifestation d’un élan de désespoir suscité par votre réélection alors que vous incarnez ce que plus de 50% des gabonais ne veulent plus voir en terme de gouvernance. Vous êtes l’incarnation de 50 ans d’inégalités et d’injustices. Votre réélection c’est le Gabon des riches qui s’enrichiront d’avantage parce qu’ils confisquent le pays contre le Gabon des pauvres qui resteront pauvres du fait que l’ALTERNANCE qui est le seul véritable moyen pour la redistribution des richesses du pays et la circulation des intelligences reste bloquée pour les intérêts d’un groupuscule. Les pauvres qui fouillent les poubelles de Mindoubé auront d’avantage de mal à avoir la part qui leur revient, pour sortir de la misère et leur rendre leur dignité tant que le pouvoir et les richesses restent concentrés dans un seul pôle faute d’alternance. Quand on sait qu’un seul gabonais qui réussi, c’est une multitude qui sort de la misère, l’alternance ne peut qu’être l’outil qui permettra un équilibre social en une génération. Je sais d’avance votre réponse à ce propos : je ne suis qu’un AIGRI. AIGRI de réclamer une EGALITES DE CHANCES qui ne soit pas qu’un slogan mais un véritable programme qui inclue tous les aspects de la vie de notre pays. La véritable égalité de chances dans l’exercice du pouvoir par tous les gabonais c’est la LIMITATION DES MANDATS.

  4. Gaboma dit :

    On n’a juste envie de vomir lorsqu’on regarde Gabon TV, TV Gabon et Télé Africa avec leur propagande nauséabonde, des plateaux où on parle de débat sans contradicteur. Et on veut nous faire croire que nous sommes en démocratie. On n’a jamais vu autant de folie de la part d’un gouvernement. Des ministres qui rappellent à tout vent. « Personne n’a le monopole de la violence ». Encore du mépris et de l’arrogance de la part d’un système avec 50 ans d’une gouvernance chaotique. Les gabonais ont-ils encore quelque chose à perdre quand ils voient l’avenir de leur pays de plus en plus compromis avec un président complètement isolé par la communauté internationale? Bien si la violence est le seul recours que vous laissez à ce peuple qui légitimement a la coupe pleine….

  5. GRIFFIN père dit :

    Encore un papier de très bonne facture, mon cher ami et confrère Griffin. Seulement, je regrette la condamnation lapidaire et superficielle de l’agression ou tentative d’agression d’un journaliste, en raison du choix éditoriale de son entreprise de presse. A contrario, j’observe que vous consacriez(gabonreview) un article sur l’enlèvement, il y a quelques semaines, d’Achille de échos du nord. Ce n’est pas juste. Mais je vous comprends: Informer, c’est choisir. Qu’on se le tienne pour dit. Je t’appelle

    • natty dread dit :

      non M. Griffin, ce n’est pas seulement qu »informer, c’est choisir »; c’est qu’il y a des reactions qui appartiennent à ce que Georges Orwell appellait ‘la lame de fond ». qu’on se le tienne pour écrit…

  6. jean bille dit :

    les medias gabonais se sont discrédités d’eux-mêmes à force d’aller à la soupe. voyages présidentiels, postes de conseillers ministériels en charge de la communication, mercenariat de la plume et du micro pour des règlements de comptes attentatoires à l’honneur, complots diffamatoires, éditoriaux mensongers et surréalistes, etc… comme les juges gabonais, les journalistes ont vendu leurs âmes au pouvoir et participent,au gabon, depuis toujours aux coups d’état électoraux et aux coups d’état constitutionnels permanents!

  7. La Port-Gentillaise dit :

    « on ne récolte que ce que l’on sème » comment comprendre que des Gabonais, des intellectuels trop attachés à leurs maigres salaires et l’amour du petit écran soient prêts à cracher sur leur propre dignité? Pathétique…regardez vos enfants dans les yeux, et lisez entre les lignes…ils ont honte de vous!

  8. NFEYA dit :

    Les médias publics peuvent toujours cacher la vérité mais la réalité les rattrapera toujours. C’est ce que vient de vivre ce journaliste en allant au QG de Jean Ping. Ali Bongo leur patron et les siens sont en sécurité mais vous qui faites le sale boulot qui vous protège? Aussi, je ne comprends pas le fait que des jeunes, pour certains, sortis de la misérable UOB qui travaillent à Gabon24 ou dans un de ces médias publics puissent accepter de servir l’auteur du mal estudiantin actuel. ah oui, le ventre affamé me diriez-vous. Mais votre dignité, où la mettez-vous? dans les fosses sceptiques? Vos enfants, vos parents ont aujourd’hui honte de dire mon papa ou ma maman travaille à Gabon24, Téléafrica, ou autre torchon… des journalistes qui soutiennent un pouvoir qui tue des gabonais parcequ’ils soutiennent Jean Ping.

Poster un commentaire