Accusations de pratiques opaques, menaces présumées et méthodes controversées : le conseiller spécial du président de la Transition, Pierre Duro, se retrouve aujourd’hui dans la ligne de mire des opérateurs économiques et d’une partie du gouvernement. Remonté à bloc contre le bras droit du général Oligui Nguema, le milieu des affaires crie au scandale.

Avec ses méthodes musclées et ses convocations menaçantes, Pierre Duro jette un lourd climat d’incertitude sur les relations économiques internationales du Gabon. © Gabonreview (Montage)

 

Les récriminations fusent à l’encontre de Pierre Duro, le controversé conseiller du président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Selon Africa Intelligence, «plusieurs chefs d’entreprise se sont fait entendre» lors du Forum économique Gabon-France le 29 mai dernier, visant directement le Franco-Andorran pour son «comportement insistant et menaçant» ces dernières temps.

La lettre d’information confidentielle rapporte que «plusieurs opérateurs économiques étrangers se disent embarrassés par des convocations de leurs cadres à Libreville par Pierre Duro, des SMS agressifs laissant poindre un risque d’arrestation, le tout sur fond d’ultimatums pour verser des sommes importantes.» Un lourd climat qui pèserait sur les relations avec les milieux d’affaires internationaux, en particulier français.

À la tête de la délicate «Task force» chargée d’auditer les participations étatiques et la dette publique, Pierre Duro, 75 ans, semble faire cavalier seul. Jouissant désormais de la «qualité d’officier de police judiciaire» et disposant de «pouvoirs étendus et dérogatoires», il bénéficierait même de l’appui des forces de sécurité pour «soutenir (ses) démarches de convocation, voire d’arrestation

Ce modus operandi suscite cependant bien des remous au sein même du gouvernement. Plusieurs membres du cabinet du chef de l’État et des ministres auraient exprimé leur «gêne» face aux agissements de sieur Duro, allant jusqu’à interpeller le président… en vain. Cette animosité croissante s’illustre notamment par la «rupture de toute collaboration» avec le directeur de la dette, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, et par les relations «exécrables» entretenues avec les puissants Henri-Claude Oyima (PDG de BGFI Holding Corporation SA et président de la Fédération des entreprises du Gabon) et Charles M’ba, le ministre des Comptes publics.

Au cœur des critiques, la méthode musclée de Pierre Duro, convoquant certains cadres d’entreprises «en menaçant d’une éventuelle incarcération» tout en exigeant «par SMS des versements de dizaines de milliards de francs CFA, sans préciser les griefs reprochés», indique Africa Intelligence. Un mode opératoire pour le moins opaque, qui inquiète les entreprises dans le viseur de Monsieur Duro ces dernières semaines, notamment Eiffage, Colas, Sogea-Satom et Perenco.

«La légalité des initiatives du chef de la task force» préoccupe, au regard du passé sulfureux de Pierre Duro (lire «De quoi Pierre Duro est-il le nom ?»). Autrefois gestionnaire du parc immobilier d’Elf, il est «suspecté de s’être enrichi au Gabon à travers des opérations délicates» et «figure à la marge de plusieurs procédures judiciaires» telles que l’affaire des «biens mal acquis» en France ou encore pour des «manœuvres financières» liées à la société Atelier 74, rappelle Africa Intelligence.

Face à la défiance grandissante, le président Oligui Nguema, qui semble accorder un blanc-seing à son conseiller malgré les appels du pied, devra rapidement clarifier les prérogatives réelles de Pierre Duro. Dans ce contexte, une intervention s’impose pour apaiser les tensions avec les milieux économiques, déterminants pour la relance que prône la Transition.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. zozo dit :

    Le lobby des mafieux pillards ne veut pas rendre des comptes ?
    Si Duro transgresse, portez plainte !

  2. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Attention ne dites pas que qui se ressemble s’assemble. Suivez mon regard. Amen.

Poster un commentaire