Ressortissants de cinq villages gravitant autour de Mitzic, les populations du département de l’Okano dans la province du Woleu-Ntem s’insurgent contre le permis forestier d’un opérateur chinois englobant tous leurs hameaux, chaumières, espaces de vie et droits d’usage coutumiers. À l’origine de leur colère, leur difficulté à exercer librement leurs activités agricoles et autres tant, pour le faire, l’opérateur doit donner son accord. Comment est-ce possible ? S’interrogent-elles en colère, présageant une expropriation de fait et soupçonnant l’opérateur économique d’agir au mépris du Code forestier.

Dans la ville de Mitzic, des habitants de cinq villages sont quasiment expropriés par un opérateur forestier. © D.R.

 

Originaires des villages Eyinane, Mfoul, Abong-Miang, Sam et Ayane, les populations du département de l’Okano à Mitzic sont noires de colère. Depuis quelques années, elles se battent contre Prosper Sarl, une société chinoise dont le permis forestier engloberait l’ensemble de leurs cinq villages. Cet état de fait les rend incapables de mener leurs activités librement tant, rapporte le journal La Cigale Enchantée : elles «ne peuvent plus sans autorisation préalable de la société forestière chinoise, mener des activités agricoles ou autres».

«Même nos maisons sont incluses dans le permis d’exploitation forestière de cette société»

En juin 2021, elles adressaient au ministre des Eaux et forêts un courrier quant à cette situation. «Vos services nous informent que les villages Eyinane, Mfoul, Abong-Miang, Sam et Ayane se trouvent à l’intérieur du permis d’exploitation appartenant à la société chinoise», relevaient-elles dans le courrier.  «Le Code forestier a-t-il changé ? N’avons-nous plus un seul mètre carré de notre forêt pour développer l’activité agricole dans nos villages ?» s’interrogeaient-elles. «En plus du fait qu’on nous dit que même nos maisons sont incluses dans le permis d’exploitation forestière de cette société», regrettaient-elles. 

Ce, en interpellant le ministre Lee White sur le fait que cette situation pourrait déboucher sur leur expropriation tout en lui rappelant que la forêt gabonaise est repartie en deux domaines. L’un couvrant les zones d’exploitation forestière et l’autre dédié aux activités agricoles, de chasse et de pêche pour les populations. Elles n’auront de réponse qu’en mars 2022, près d’un an plus tard, quand le ministère des Eaux et Forêts les conseillera via le directeur général des Forêts, Ghislain Moussavou, «d’identifier une superficie libre pour la création d’une forêt communautaire».

Les autorités compétentes appelées à l’aide

Ghislain Moussavou promettait par ailleurs que si la zone identifiée est dans l’emprise de la société chinoise, «la direction générale des Forêts s’engage à analyser les possibilités de rétrocession par l’opérateur pour un éventuel déclassement». Pas assez pour rassurer ces populations qui, inquiètent pour leur sort, se demandent comment cette société a pu obtenir ce permis qui, croient-elles savoir, bafoue toutes les dispositions en vigueur. Le butin d’une opération illégale tel que souvent décrié par le Syndicat national des professionnels des Eaux et Forêts (Synapef) ?

Les populations de l’Okano ont en effet de quoi s’étonner, d’autant plus que le Code forestier gabonais a établi l’existence du domaine forestier rural, «constitué des terres et forêts dont la jouissance est réservée aux communautés villageoises». Déplacer le village est-elle l’ultime solution?

Alors que ce DG des Forêts est lui-même souvent accusé par le Synapef de complicité d’exploitation illégale avec, à la clé, des attributions et des transferts permis forestiers associés (PFA) à des entreprises en violation du Code forestier, ces habitants de Mitzic ne semblent plus croire en la volonté du ministère des Eaux et Forêts de régler ce conflit. Elles craignent d’ailleurs une machination tant, toutes les démarches entreprises par elles restent infructueuses jusqu’à présent. Au bord de l’expropriation, elles appellent les autorités compétentes à sérieusement plancher sur leur cas.

Van Malongo (Stagiaire)

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gabrela dit :

    Dans cette situation il faut un médiateur mais qui peut le faire??

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