Nouvelle politique minière au Gabon : vers une souveraineté et une transformation locale accrues

Lors du Conseil des ministres, le 8 septembre 2025, une série de mesures visant à transformer en profondeur le secteur minier a été prise par le gouvernement. Ces initiatives, qui incluent la création de nouvelles entités publiques et l’interdiction progressive de l’exportation de matières premières brutes, marquent le passage d’un modèle d’extraction à une approche axée sur la transformation locale et la souveraineté économique.

Le Gabon crée deux nouvelles entités publiques, confirmant son projet d’interdiction progressive d’exportation de ses matières premières brutes. © D.R.
Afin de mieux contrôler et de valoriser ses ressources, le ministère des Mines et des Ressources géologiques s’est vu renforcer dans ses prérogatives ce lundi 8 septembre 2025 par la mise en place deux nouvelles structures publiques : la Société nationale des agrégats et la Société de gestion de la logistique et des infrastructures minières du Gabon (SOGELIM). La première aura pour mission l’exploration, l’exploitation, et la commercialisation des agrégats (sable, gravier, etc.) sur l’ensemble du territoire. Son objectif est de garantir un approvisionnement prioritaire pour les projets d’infrastructures publiques, tout en encourageant la participation des entreprises gabonaises dans la transformation et le transport de ces matériaux.
Selon le décret approuvant ses statuts, la seconde, quant à elle, bénéficiera des moyens juridiques et organisationnels nécessaires pour «gérer efficacement la logistique et les infrastructures minières du pays». La SOGELIM, souligne le communiqué final du Conseil des ministres, jouera en effet un rôle clé dans l’optimisation des opérations minières et la facilitation des investissements.
Interdiction de l’exportation du manganèse brut
L’une des mesures les plus significatives est l’interdiction de l’exportation du manganèse brut à partir du 1er janvier 2029. Cette décision, annoncée par le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, vise à obliger les opérateurs miniers à transformer le minerai sur le sol gabonais.
Pour accompagner cette transition, une période transitoire de trois ans (2025-2028) a été instaurée. Les entreprises minières ont ce délai pour construire ou moderniser des unités de traitement locales et soumettre un plan de transformation industrielle aux autorités. Le manganèse est un minerai stratégique, essentiel dans la production d’acier, et cette interdiction témoigne d’une volonté de maximiser sa valeur ajoutée pour l’économie nationale.
Une commission interministérielle pour un suivi rigoureux
Pour assurer le succès de cette nouvelle politique, une Commission interministérielle de suivi des projets intégrés de transformation locale des minerais a été créée. Placée sous l’autorité du vice-président du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier, cette commission aura pour rôle de superviser des projets majeurs, tels que : « La transformation locale des minerais. La centrale hydroélectrique de Boué. Le chemin de fer Belinga-Boué-Mayumba, et le port en eau profonde de Mayumba », précise le même communiqué.
La mise en place de cette commission illustre l’approche intégrée du gouvernement, qui lie la valorisation des ressources minières au développement d’infrastructures stratégiques.
Thécia Nyomba (Stagiaire)

0 commentaire
Soyez le premier à commenter.