Trois mois après le coup d’État militaire ayant renversé Ali Bongo au Gabon, l’euphorie des premiers jours cède la place aux doutes. La transition menée par le général Nguema suscite, selon le journal panafricain Jeune Afrique, des inquiétudes grandissantes sur sa capacité à rompre véritablement avec les dérives du régime déchu.

Estimant que le CTRI joue sa crédibilité, Jeune Afrique pointe le risque de voir réapparaître les dérives népotiques du passé et craint que l’état de grâce et le soutien populaire dont ont bénéficié Oligui Nguéma et ses hommes ne puissent se prolonger. © GabonReview (montage)

 

Intitulé «Au Gabon, l’heure de vérité approche pour Brice Clotaire Oligui Nguema», un article publié ce 20 novembre 2023 sur le site de Jeune Afrique, aborde l’avenir politique du Gabon après le coup d’État du 30 août dernier mené par le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Il souligne que «Depuis le coup d’État du 30 août, tout ou presque (…) réussit» au général Nguema.

Peu d’erreur. Etat de grâce

En effet, «Dans leur grande majorité, les Gabonais lui savent gré d’avoir interrompu ce processus électoral sans démocratie et mis fin à ce régime générateur de crises postélectorales, accusé de mauvaise gouvernance et de corruption». Ainsi, «Il est vrai qu’au regard de l’ensemble de leur œuvre, le président de la transition et ses amis du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) ont fait peu d’erreur».

Jeune Afrique met cependant en garde que «cet état de grâce» risque de ne pas durer «au vu des échéances qui se profilent». Notamment, le dialogue national inclusif prévu pour avril 2024 qui constitue un premier «avis de gros temps». Car, «Nul ne sait encore sur quoi porteront ces assises» et «Pas plus que l’on ne sait qui sera admis à y représenter le peuple».

Le coup d’État a plongé les partis politiques dans une profonde léthargie. Dans les semaines chaotiques ayant suivi la prise de pouvoir par les militaires, on a même craint l’implosion totale de ces formations politiques, qui auraient alors éclaté en multiples fragments éparpillés, à l’image d’un puzzle brisé.

Trop de gages d’ouverture

Dans l’ex-parti au pouvoir, le PDG, certains dinosaures de la politique gabonaise comme André Dieudonné Berre ou Michel Essonghe tentent bien timidement de ranimer leur parti. Mais le risque est grand, en voyant réapparaître ces vieilles figures sulfureuses aux commandes, de retomber dans les dérives népotiques du passé

L’article souligne de plus qu’«À trop donner des gages d’ouverture, le CTRI est soupçonné de ne faire qu’une moitié de révolution alors que la popularité de ce coup d’État tient à un désir, largement exprimé, de rupture avec le passé». Ainsi, «refonder les institutions et réunir une Assemblée constituante pour réécrire la loi fondamentale participent d’une démarche équivalant à remettre le pays sur de bons rails». Mais «plus ardu encore est de faire du neuf avec le personnel politique issu du régime dont on veut effacer les méfaits».

Des chances que se perpétuent les pratiques du passé

Auteur de l’article, Georges Dougueli pointe également que «les nominations se succèdent, égrenant des noms de personnalités à la réputation plus ou moins sulfureuse» au sein du gouvernement de transition. Il met ainsi en garde : «peut-être serait-il judicieux de s’assurer que ces personnes placées à plusieurs postes-clés des institutions de la transition aient fait leur aggiornamento. Sinon, il y a des chances qu’elles perpétuent les pratiques du passé».

Jeune Afrique en ligne soulève également le problème des «poursuites sélectives engagées à l’encontre des dirigeants déchus». Notamment, le fait que l’ancien président Ali Bongo Ondimba «jouit de la liberté d’aller et venir, même s’il vit reclus dans sa villa» alors que son épouse Sylvia Bongo Ondimba est en prison. Ainsi, «il est pour le moins incongru que ce dernier ne réponde pas de sa gouvernance devant la justice du peuple qui l’a élu alors que son entourage familial se retrouve, lui, face aux juges».

Et Georges Dougueli de conclure qu’ «un moment de vérité aurait pu aussi amener la société à réfléchir sur elle-même, et la classe dirigeante sur les compromissions de chacun. Ce n’est manifestement pas une priorité

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Ngomboh ghedogha dit :

    La manipulation des masses a commencé, qui se cache derrière jeune Afrique? quand on sait que ce journal faisait les atalakou de l’autre. Laisser notre General tranquille, il suit simplement son plan. En épurant la dette en 2 mois d’exercice, il montre clairement la trajectoire que doit prendre le Gabon et tout les gabonais. une trajectoire d’indépendance et d’autonomie. Si les politiques font ce qu’ils ont pour habitude de faire, le peuple gabonais choisira le Général comme président.

  2. Akoma Mba dit :

    Ali Bongo ou son sosie?

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