Dans une interview exclusive à Jeune Afrique en ligne le 20 septembre, le général Brice Clotaire Oligui Nguéma, nouvel homme fort du Gabon, s’exprime : raisons de sa prise du pouvoir, annulation de l’élection échue, durée de la transition, avis sur les Bongo, interdiction de se présenter aux élections pour les grands acteurs de la transition et plausibilité pour lui-même, task force sur les fraudes dans les marchés publics, etc. L’essentiel de l’interview.

Brice Clotaire Oligui Nguema, le 15 septembre 2023, lors de l’entretien accordé à Jeune Afrique à Libreville. © Présidence du Gabon

 

Interviewé en exclusivité par Jeune Afrique, Brice Clotaire Oligui Nguema, le général à la tête de la transition au Gabon, s’est exprimé sur les événements ayant conduit au renversement d’Ali Bongo Ondimba et sur les objectifs de la transition en cours.

Le président Omar Bongo Ondimba, lors de la cérémonie funèbre de la Première dame gabonaise Edith Lucie Bongo Ondimba, le 19 mars 2009. En arrière plan, Brice Clotaire Oligui Nguema. © Wils Yanick Maniengui / AFP

Libération

Interrogé sur les déterminismes du coup d’État contre Ali Bongo Ondimba dans la nuit du 29 au 30 août, Oligui Nguéma répond : «Ce que vous appelez chez vous coup d’État, ici, au Gabon, nous le nommons une libération. L’enthousiasme des populations gabonaises en est la preuve, ainsi que l’adhésion de toutes les forces vives de la Nation

Il affirme qu’il s’agit d’«un acte de libération» face aux élections truquées et à la menace de violences dans le pays. Le but étant de «restaurer les institutions et la dignité du peuple gabonais».

Recomptage des bulletins de la présidentielle du 26 août 2023 et durée de la transition

Interrogé sur la possibilité de recompter les bulletins de vote ou de déclarer un autre candidat vainqueur en cas de fraude électorale, le général explique que dès lors que le processus électoral était compromis, les résultats qui en découlaient ne pouvaient garantir la légitimité de quelque candidat que ce soit.

Concernant la durée de la transition, le général rappelle que cela dépendra des forces vives de la nation et que le Gabon restera engagé dans les organisations sous-régionales et régionales dont il est membre. Selon lui, le délai d’un an fixé par la CEEAC pour la transition n’est pas définitif : «Je voudrais d’abord rappeler que le Gabon tient à demeurer dans l’ensemble des organisations sous-régionales et régionales dont il est membre. Nous prenons acte de l’avis de la CEEAC mais il ne revient pas au CTRI de fixer la durée de la transition.»

Les Bongo

Parlant d’Ali Bongo, le patron du CTRTI rappelle que l’ex-président est libre de ses mouvements mais son fils Noureddin est poursuivi pour haute trahison et détournements de fonds : «Monsieur Noureddin Bongo-Valentin est effectivement poursuivi pour des faits graves, entre autres, haute trahison, détournements de fonds publics, trafic de stupéfiants et falsification de la signature du chef de l’État

Oligui Nguéma estime par ailleurs qu’Omar Bongo était proche des Gabonais : «C’était un travailleur, un homme d’écoute et de dialogue. Il détectait les talents et les formait.» À l’inverse de son fils Ali qui s’est entouré d’«individus qui n’ont rien fait de positif» : «Ce que je retiens de Monsieur Ali Bongo, en revanche, c’est sa forte propension à déléguer et à créer autour de lui un cercle d’individus qui pensaient avoir raison sur tout mais n’ont rien fait de positif

Interdiction de se présenter aux élections

Concernant l’interdiction aux grands acteurs de la transition de se présenter aux élections, Oligui Nguéma déclare : «L’esprit de la charte est de s’assurer que toutes les personnalités ayant un rôle prépondérant dans la restauration des institutions et l’écriture de la Constitution ou la révision du code électoral ne soient pas tentées d’écrire en leur faveur les éléments susceptibles de biaiser une fois de plus le processus électoral. Le président de la Transition n’étant pas un des acteurs de la mise en œuvre du nouveau code électoral et de la nouvelle Constitution, il n’est donc pas soumis à cette restriction

Brice Laccruche Alihanga

Amené à parler du sort de Brice Laccruche Alihanga, ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Oligui Nguéma explique : «Le CTRI plaide pour une justice indépendante et pour l’État de droit. Il appartient donc au pouvoir judiciaire d’enquêter pour la manifestation de la vérité. Toutefois, de fortes coïncidences sont à relever dans le mode opératoire chapeauté par Noureddin Bongo-Valentin et celui décrié lors de l’opération Scorpion où Brice Laccruche Alihanga était présenté comme le maître à penser

Task force sur les fraudes dans les marchés publics

Le général annonce également la relance de la task force chargée de traquer les fraudes dans les marchés publics, dans le but de dresser un état des lieux de la situation financière du pays et de payer le montant dû aux entreprises gabonaises et étrangères.

Il promet enfin de lutter contre la corruption, de relancer l’économie et de satisfaire les attentes de changement des Gabonais. Ce, en assurant que les militaires ont vécu les mêmes problèmes que la population : «Nous y pensons chaque jour et mesurons l’ampleur de la tâche. Les problèmes que vivent les Gabonais, nous, militaires, les avons vécus avec nos familles et les vivons toujours. Nous mettrons tout en œuvre pour restaurer la dignité de nos concitoyens

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Olidi dit < >. En effet Ali Bongo est un paresseux né. Comment une personne, fils de président, qui malgré tout le confort qu’il avait, n’a jamais trouver la force, la motivation, la discipline pour avoir des diplômes pourrait-il assumer une charge aussi lourde, aussi demandant, aussi épuisante que celle de chef d’état? Oui, le roi paresseux ne se contentait que des honneurs et du titre, tous ses pouvoirs étaient délégués aux gens comme Accrombessi, Laccruche Alianga, les fils Oceni, etc. Le désordre, l’essor de la gabegie et de la corruption étaient inévitable avec un président qui avait délégué son autorité et son pouvoir et qui n’exerçait mémé pas le contrôle de ce qui se faisait. Ali Bongo s’en foutait royalement du sort du Gabon tant qu’il avait le titre et les honneurs qu’il affectionnait. Rangé dans les poubelles de l’histoire de notre peuple.

  2. Gayo dit :

    Olidi dit: Ali Bongo déléguait à outrance. En effet Ali Bongo est un paresseux né. Comment une personne, fils de président, qui malgré tout le confort qu’il avait, n’a jamais trouver la force, la motivation, la discipline pour avoir des diplômes pourrait-il assumer une charge aussi lourde, aussi demandant, aussi épuisante que celle de chef d’état? Oui, le roi paresseux ne se contentait que des honneurs et du titre, tous ses pouvoirs étaient délégués aux gens comme Accrombessi, Laccruche Alianga, les fils Oceni, etc. Le désordre, l’essor de la gabegie et de la corruption étaient inévitable avec un président qui avait délégué son autorité et son pouvoir et qui n’exerçait mémé pas le contrôle de ce qui se faisait. Ali Bongo s’en foutait royalement du sort du Gabon tant qu’il avait le titre et les honneurs qu’il affectionnait. Rangé dans les poubelles de l’histoire de notre peuple. Meme si on est encore dans le flou quant aux intentions d’Oligui mais au moins on est sûr d’une chose, on a un militaire, supposé être un homme qui connait la valeur de la discipline, de la bonne organisation, du respect de la hiérarchie et des normes, se lever tot le matin et travailler dur pour atteindre des objectif.

  3. Serge Makaya dit :

    Et derrière mon fils Brice Clotaire Oligui Nguema se trouve le petit voyou de marocain adopté (dans un orphelinat du Maroc) par « sainte » Sylvia Bongo Valentin et son mari Ali caca Bongo, lui-même originaire du Nigeria. A Ntare Nzame. Déjà qu’on était pas très sur des origines gabonaise d’Omar Bongo des plateaux batekes. Kiééé !!! A Ntare Nzame. Merci mon fils Brice Clotaire Oligui Nguema de nous avoir débarrassés de toute cette merde qui détruisait notre pays.

    Je te donne encore le même conseil, mon fils Brice Clotaire Oligui Nguema : le pouvoir rend FOU et AVEUGLE. Ne commet pas l’erreur de te présenter à la présidentielle après la Transition de deux ans. Arrange bien le pays ( bien asseoir nos institutions), et retire toi de la politique pour retourner dans ta caserne. Peut-être que le civil qui prendra le pouvoir par élection présidentielle aura toujours PEUR de toi, par crainte que tu refasses un second coup d’Etat… Mais pour éviter que cela n’arrive,l’idéal serait de faire du poste présidentiel un exécutant d’une équipe dirigeante du pays. Il nous faut revoir totalement le fonctionnement de l’Etat. Tout les pleins pouvoirs entre les mains d’un seul homme le pousse quelque fois sinon toujours à faire des folies. A Ntare Nzame. Pitié.

  4. Yvette Ndong dit :

    Quel LUXE dans ce palais ! Et les autres dans les provinces qui sont inhabités dans nos autres provinces. A quoi sert-il de construire avec autant de LUXE quant on sait que le peuple croupit dans la misère ? Le LUXE est peut-être utile (surtout s’il peut rapporter en retour : musée, etc.) Mais avant de construire de tels INSOLENCES, assurez-vous au moins que tous les Gabonais vivent BIEN s’il vous plait.

  5. CYR Moundounga dit :

    Bjr. Morceau au choix « :Le président de la Transition n’étant pas un des acteurs de la mise en œuvre du nouveau code électoral et de la nouvelle Constitution, il n’est donc pas soumis à cette restriction.» En français facile, le PR de la transition peut être candidat. En vérité ce sera le cas. Amen.

    • Serge Makaya dit :

      Alors il faudra CASSER avec cette formule de présidence qui donne les pleins pouvoirs à un seul homme. Une telle gouvernance au Gabon est extrêmement nuisible pour l’élu et pour le pays. Il faut revoir totalement le système de gouvernance du pays.

      • DesireNGUEMANZONG dit :

        Bonsoir,

        Je pense qu’il a un décalage entre la Charte de la Transition révisée de la République gabonaise en son article 37 et les propos tenus par notre Président de la Transition dans Jeune Afrique. Sur ce point précis, je rejoins le bémol posé par Monsieur Cyr Moundounga.

        Par ailleurs, Mon papa Serge Makaya a raison de vouloir donner un rôle de régulateur à l’Etat major (Em) des armées gabonaises dans la future Constitution. Cette proposition est très pertinente. Par exemple, l’Em pourrait opérer des contrôles des Régies financières gabonaises, des marchés publics, de l’enrichissement illicite, etc.

        Cordialement.

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