Marginalisé depuis le coup d’État au Gabon, Albert Ondo Ossa, vainqueur putatif mais candidat malheureux à la présidentielle, reste entouré d’un cercle restreint de fidèles, même s’il se fait désormais discret à Libreville. La version en ligne du journal Jeune Afrique a brossé, le 17 septembre, un tableau de ce qu’il reste de la galaxie du professeur d’économie.

Entre amis de longue date, ex-alliés d’Alternance 2023 et caciques du RNB, la garde rapprochée d’Albert Ondo Ossa. © Montage Jeuneafrique.com (légèrement retouchée par GabonReview)

 

Selon la version en ligne du journal panafricain Jeune Afrique, Albert Ondo Ossa, en dernier lieu principal opposant à Ali Bongo Ondimba lors de l’élection présidentielle du 26 août, se fait dorénavant très discret à Libreville. Le professeur d’économie, qui se déclare toujours «candidat-élu» de ce scrutin annulé après le coup d’État, semble marginalisé face à son successeur, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Jeune Afrique s’interroge : «Pourquoi le professeur d’économie, qui a vu se ranger derrière lui des caciques que tous pensaient candidats uniques, n’a-t-il intégré ni le gouvernement ni aucun des organes de la transition ?»

Effet pervers de l’intervention sur TV5 Monde

«Affaibli politiquement par une intervention décriée sur la chaîne TV5 Monde, dans laquelle il critiquait avec virulence le coup d’État de Brice Clotaire Oligui Nguema, le qualifiant personnellement de «sous-fifre», puis par l’arrestation de Mike Jocktane, son directeur de campagne, le 5 septembre, la situation d’Albert Ondo Ossa interroge», note, le 17 septembre,  la version en ligne du journal panafricain.

«S’il s’est parfois affranchi de ses alliances politiques pour faire cavalier seul, Albert Ondo Ossa est toujours resté entouré de ses hommes de confiance, ceux mêmes qui le poussaient à déclarer sa candidature lorsqu’il hésitait encore. Deux d’entre eux l’ont d’ailleurs accompagné lors d’un séjour entre Paris et Bruxelles, au mois de juin, alors que l’économiste avait pris plusieurs rendez-vous en amont de sa déclaration de candidature. Au Quai d’Orsay ou au Parlement européen, Albert Ondo Ossa était épaulé par Fabien Mbeng Ekorezok», rapporte Jeune Afrique.

Amitiés pré et post-élection

Fabien Mbeng Ekorezok avait alors quitté l’Union nationale (UN) pour créer les Souverainistes. Ayant gardé des connexions très fortes avec le parti de Paulette Missambo, ce dernier semble jouer un rôle central en servant de relais pour mettre en relation le professeur Ondo Ossa avec l’UN.

Il y a aussi Rodney Ekorezok. Celui qui fut autrefois le porte-parole d’André Mba Obame, est le fils d’Ondo Ossa. Qualifié de «neveu» par le professeur lui-même, Rodney a vécu une épreuve en étant incarcéré plusieurs mois à la suite de son arrestation post-élections de 2016.

Un autre acteur clé dans l’entourage d’Ondo Ossa est Erichk Mauro, le dirigeant du Mouvement de redressement national (Morena-Unioniste). Bien que formé en architecture, Mauro s’est aligné derrière Ondo Ossa bien avant que ce dernier officialise sa candidature. Quand il n’est pas aux côtés d’Ondo Ossa, Mauro prend le relais pour animer les rassemblements de son mouvement ainsi que d’autres groupes de l’opposition. Le 12 septembre, un événement notable a eu lieu : sous sa co-direction, une pléthore de partis, dont le Morena-Unioniste, ont élevé la voix pour dénoncer les actions du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Ils reprochent à ce comité de négliger une fraction de l’opposition, particulièrement par la désignation de figures de la société civile pour occuper des positions traditionnellement dévolues à des politiciens.

Arrestation de Mike Jocktane

On compte également le colonel Ernest Nkili. Proche de longue date de l’ancien ministre d’Omar Bongo Ondimba, il joue un rôle crucial en tant que porte-parole et conseiller de Ondo Ossa. Sa disparition soudaine le 29 août, juste avant la proclamation des résultats et le coup d’État, laisse le professeur dans l’incertitude. Ondo Ossa attend impatiemment des nouvelles et espère voir Nkili réapparaître bientôt à Libreville.

En ce qui concerne les autres soutiens, Jeune Afrique mentionne que «Le professeur d’économie a toutefois démontré qu’il pouvait particulièrement compter sur le président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), Alexandre Barro Chambrier.» La relation est profonde et est de longue date, «Albert Ondo Ossa connaissait son père, Marcel Éloi Rahandi Chambrier, fondateur de la clinique éponyme de Libreville» et père de Alexandre Barro du même nom.

Durant la période électorale, Mike Jocktane était un soutien essentiel pour Albert Ondo Ossa. L’évêque, autrefois sous l’aile d’André Mba Obame, a voulu occuper le siège présidentiel avant d’opter pour un le choix consensuel. Il était donc le porte-parole d’Ondo Ossa durant cette période. Après le coup d’État, il avait appelé les putschistes à accepter la victoire écrasante du professeur. Cependant, l’arrestation de Jocktane, ainsi que celle de Thérence Gnembou Moutsona, un autre fervent supporter, semble avoir influencé le retrait d’Ondo Ossa de la sphère politique.

La tentative des deux hommes de passer la frontière vers la Guinée-équatoriale a été contrecarrée. En leur possession, une lettre adressée au vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, présumément signée par Ondo Ossa. Bien que l’ex-candidat ait nié avoir écrit ou signé le document, il était au courant de leur démarche.

Bertrand Zibi Abeghe, un autre membre d’Alternance 2023, a toujours été aux côtés du candidat. Après une incarcération de six ans, il avait prévu de se présenter à l’élection avant de céder en faveur du choix d’Alternance 2023. Originaire de Minvoul, comme Ondo Ossa, il a été le premier directeur de campagne adjoint dès le 22 août.

Caciques du Rassemblement national des bûcherons

La voix avisée de Paul Mba Abessole est également un atout pour Ondo Ossa. En 1993, il avait contribué à la rédaction du programme de ce dernier. Fondateur du Rassemblement national des bûcherons (RNB), cet octogénaire reste une figure emblématique de la politique gabonaise.

Le professeur Pierre-André Kombila Koumba, un autre vétéran du RNB, est également une pièce maîtresse du réseau d’Ondo Ossa. Ce cardiologue retraité, qui avait autrefois provoqué une division au sein du RNB, a servi sous Omar Bongo Ondimba avant de revenir à l’opposition.

Ainsi, malgré son retrait apparent de la scène politique, Ondo Ossa reste une figure centrale, soutenue par un réseau solide de collaborateurs et d’alliés. Ces alliances pourraient peut-être jouer un rôle déterminant dans l’avenir politique du Gabon.

 
GR
 

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