Publié le 31 décembre 2023 par le journal panafricain Jeune Afrique, un article de Gilles Olakounlé Yabi (Économiste et analyste politique) fustige, après la pitoyable fin de règne d’Ali Bongo au Gabon, «l’extraordinaire facilité avec laquelle l’appartenance au clan du chef de l’État ouvre la porte à des années de privilèges indus et excessifs». Ce coup d’État révélateur symbolise l’accaparement des élites africaines par la corruption et «l’obsession de l’accumulation». Un signal d’alarme pour les démocraties de façade d’Afrique centrale. La parade ? Des contre-pouvoirs renforcés.

La corruption et l’enrichissement personnel accaparent l’esprit, le temps et l’intelligence des hommes et des femmes qui font partie du groupe restreint des élites dirigeantes. © GabonReview

 

«Faites du bruit !». Tel fut l’appel pathétique lancé par Ali Bongo après son éviction du pouvoir. Mais personne ne protesta, bien au contraire : aucun bruit ne fut fait pour protester contre l’éviction de celui qui, succédant à son père défunt Omar Bongo, avait gouverné le Gabon depuis 2009.  Le coup d’État au Gabon révèle, selon l’analyste Gilles Yabi, «l’extraordinaire facilité avec laquelle l’appartenance au clan du chef de l’État ouvre la porte à des années de privilèges indus et excessifs

La vidéo du fils d’Ali Bongo entouré de liasses de billets symbolise, selon l’auteur, «l’obsession de l’accumulation » gangrénant les élites du continent. Au Gabon, la corruption et la prédation des ressources publiques ont prospéré sans entraves durant le règne de la dynastie Bongo, au point d’«accaparer l’esprit, le temps et l’intelligence» de l’élite dirigeante sitôt que ses acteurs accédaient à des hautes fonctions publiques..

Les membres de l’élite mettent «leurs compétences et leur créativité au service de la capture de l’État, et d’une large part de l’économie. […] chacun comprend que la proximité avec l’un des cercles du pouvoir peut changer radicalement son confort de vie au quotidien. Par une nomination à une fonction publique, par l’accès réservé à des marchés publics, entre autres.»

Ce pillage détruit «les incitations à l’intégrité, au travail bien fait, à la recherche de savoir-faire et d’excellence», assène l’analyste. Ailleurs en Afrique centrale, où la moyenne d’âge des chefs d’État frise les 80 ans, ce coup de semonce gabonais préfigure d’inéluctables fins de règne «sous une forme ou une autre dans quelques pays de cette région

Économiste, analyste politique et fondateur de Wathi, think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest, Gilles Yabi appelle ainsi à «changer le rapport entre les gouvernants et les gouvernés» en limitant les pouvoirs discrétionnaires des présidents et en renforçant les contre-pouvoirs. Faute de quoi, prévient-il, «les coups d’État et l’instabilité ne feront que croître sur fond de ras-le-bol populaire».

De la Guinée à la RCA, l’Afrique doit tirer les leçons de trente ans d’échecs et faire du bruit pour exiger de vrais changements. Le message vaut tout particulièrement pour le Gabon, triste archétype des dérives du pouvoir.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. CYR Moundounga dit :

    Bjr. Morceau au choix: « Elites dirigeantes ». Peut on parler d’élites dirigeantes lorsque: «l’obsession de l’accumulation ainsi que La corruption et l’enrichissement personnel accaparent l’esprit, le temps ? Amen.

  2. Nathan Dzime dit :

    Oui, tout cela est triste et déplorable! Surtout que ce pouvoir maudit a toujours eu pour VRP, un certain média dénommé « Jeune Afrique ». Si un média doit se la fermer c’est bien ce dernier.
    « Jeune Afrique », vous aviez un maître au Gabon, ce dernier a été déposé…vous en cherchez donc un nouveau, et bien sûr votre est vu comme un appel du pied aux nouvelles autorités du Gabon. Vous êtes le bras-journalistique du Colon…et rien de plus. Avez-vous vous fait votre méa culpa, puis un avte de contrition, avant de venir « enfoncer les portes ouvertes » au Gabon? Vous avez indubitablement une grosse responsabilité dans la perpétuation du statut-quo d’une Afrique parquée dans les trefonds du misérabilisme planétaire. Combien de hauts cadres de grande valeur avez-vous contribué à ostracisé? Vous abez toujours élevé les affidés clanique du pouvoir gabonais déchu, même quand ils ne le meritaient point…simplement pour avoir votre cachet en CFA.

    Aujourd’hui donneur de leçons ou plutôt donneur de futur du Continent…pouvez-vous nous citer trois domaines sur lesquels vous vous êtes distingués pour une Afrique prospère et débarrassée des ses maux et gueux du pouvoir? Et, puisque vous devenez soudain si perspicaces, dites-mous quel pouvoir votre maître vous a soufflé être le prochain sur la liste des déchus.

    Honte à vous!

    Patriotiquement Vôtre!

  3. Jean Jacques dit :

    We should ask the leader of the putschists how his name is found in the American judicial files for CORRUPTION.

    • DesireNGUEMANZONG dit :

      Traduction : Nous sommes en droit de nous interroger sur le passé de Monsieur B.C. Oligui Nguema, chef des putschiste s’agissant des poursuites judiciaires encourues pour corruption sur le territoire américain.

      Monsieur Jean-Jacques maîtrise parfaitement la syntaxe de la langue anglaise ou il utilise un logiciel de traduction basique.

      D’après les règles d’écriture de GabonReview, il convient de publier en français dans un langage châtié.

      Cordialement.

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