Les démissions au Parti démocratique gabonais (PDG) n’en finissent plus de faire jaser. En réalité, les démissionnaires se livrent à une manœuvre de positionnement.

Tel un bateau ivre, le PDG est ballotté aux quatre vents. Ses démissionnaires se livrent en réalité à une manœuvre de positionnement. Se sentant en insécurité dans le statut d’allié, ils veulent apparaître comme les ‘hommes du président’. © GabonReview

 

Les démissions au Parti démocratique gabonais (PDG) n’en finissent plus de faire jaser. Naguère présenté comme le principal bénéficiaire du surgissement du Comité pour la Transition et la restauration des institutions (CTRI), l’ancien parti au pouvoir est dans l’œil du cyclone. Ayant enregistré le départ de 10 de ses militants les plus influents dans la province du Woleu-Ntem, il a ensuite été contraint de prendre acte de la désertion de nombreux cadres à travers le pays. Dernièrement, il a dû admettre le divorce d’avec Paul Biyoghé Mba, jusque-là son premier vice-président et l’un des principaux artisans de son repositionnement. Si ces faits suscitent quolibets, querelles sémantiques et polémiques politiciennes, ils soulèvent aussi des interrogations quant à leur motivation et à leur instigateur, nombre d’observateurs y voyant la main du président de la République, soupçonné de vouloir créer sa machine et d’être engagé dans une opération de débauchage.

Feuilles mortes

Quelques semaines seulement après l’entrée en fonction de Brice Clotaire Oligui Nguema, le climat politique se caractérise par un mélange de soupçon et de méfiance. Président du PDG, Blaise Louembé a beau réaffirmer son soutien au président de la République, il peine à masquer son ressentiment, s’en prenant à bras raccourcis aux démissionnaires, assimilés à des «feuilles mortes». Comme pour exorciser son dépit, la secrétaire générale, Angélique Ngoma exhorte les jeunes à s’engager pour «former un nouvel équipage prêt à lutter pour aller de l’avant», comparant néanmoins le «rituel des démissions» à un «rite de purification et de renaissance». Derrière ces propos à la fois lénifiants et offensifs, une réalité crue se dessine : tel un bateau ivre, le PDG est ballotté aux quatre vents. L’heure n’est plus aux certitudes, mais à la remise en cause.

Pourtant, tout au long de la Transition, le PDG est apparu à son avantage. Au gouvernement, au Parlement, dans la haute administration, comme dans les entreprises publiques, ses cadres ont trusté les meilleurs fromages, se présentant curieusement comme les plus fervents soutiens du tombeur de leur parti. Durant la campagne référendaire, comme durant la campagne présidentielle, ils ont fait des pieds et des mains pour jouer les premiers rôles, au grand dam d’un petit peuple médusé et apeuré par la perspective d’une restauration de l’ordre ancien. Plus éloquent, lors de leur rentrée politique d’octobre 2024, ils n’y étaient pas allés avec le dos de cuillère, définissant leur écurie comme «un parti de pouvoir, un parti qui est là pour accompagner celui qui dirige», selon le mot de Charles Mvé Ellah, à l’époque membre du Comité permanent du Bureau politique, désormais démissionnaire et même radié des effectifs. Tout un symbole…

Etats d’âme

Si elles concernent essentiellement le PDG, ces démissions en cascade touchent aussi d’autres partis. Dans tous les cas, elles semblent motivées par la quête de nouveaux pâturages, autrement plus verts. Acquis à l’idée d’un «parti présidentiel», convaincus de l’imminence de sa création, les démissionnaires se livrent en réalité à une manœuvre de positionnement. Se sentant en insécurité dans le statut d’allié, ils veulent apparaître comme les «hommes du président». Et tant pis si d’aucuns crient à un opportunisme décomplexé. Tant pis si ces agissements vont à l’encontre de la plus élémentaire des morales. Tant pis si tout cela heurte l’éthique et la vertu publique. Tant pis si ce n’est pas de nature à consolider l’alliance autour de Brice Clotaire Oligui Nguema. Après tout, même s’ils se gardent d’étaler leurs états d’âme, certains les partenaires du président de la République peinent à déchiffrer sa stratégie. À bas bruit, ils s’interrogent, se demandant à quelle sauce ils seront mangés.

Si l’idée d’un «parti présidentiel» venait à se concrétiser et si les démissionnaires y adhéraient en masse, il y aura inévitablement des remous. Même si elle fonctionne de manière informelle, sans vision partagée, la majorité présidentielle a néanmoins aidé à la conduite de la Transition. Mieux, elle a contribué à la large victoire du 12 avril 2025. Or, les démissions à la chaîne ont jusque-là eu un seul effet : pousser ses composantes dans leurs derniers retranchements. Pourtant, durant la campagne présidentielle, certains partis avaient clairement fait part de leur ambition d’offrir au président de la République une majorité parlementaire à même de l’accompagner dans la mise en œuvre de son programme. Dans perspective d’une recomposition du paysage politique, il faut examiner toutes les options. Autrement dit, il faut se garder d’agir en première intention.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Cyr tiburce MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Les désillusions seront grandes. Amen.

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