Entre dénonciations, critiques et démissions, l’ex-parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG) battait de l’aile depuis le 30 août 2023, date de sa déchéance du pouvoir détenu, sans discontinuer, depuis plus de 55 ans. Pour lui redonner des couleurs et du poids, un organigramme provisoire a été annoncé, le 7 mars, à Libreville au terme d’une visite à Ali Bongo dans sa résidence privée. Le PDG sera désormais dirigée par Paul Biyoghé Mba, en qualité de premier vice-président. Il sera assisté de trois autres vice-présidents parmi lesquels, un autre ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze. Ali Bongo quant à lui, a été simplement déchu de la présidence du parti.

Paul Biyoghé Mba, le nouveau premier vice-président du Parti démocratique gabonais, le 7 mars 2024, à Libreville. © Gabonreview

 

L’inaction d’Ali Bongo à la tête du Parti démocratique gabonais (PDG), l’ex-parti au pouvoir, a-t-il eu raison de lui ? Les derniers événements au siège de Louis, à Libreville, répondent par l’affirmative. Réunis donc dans leur quartier général, le 7 mars, les têtes couronnées de la formation politique créée par Omar Bongo ont fait une déclaration à travers laquelle, les personnalités devant, provisoirement, présider aux destinées de ce groupe politique totalisant plus de 55 ans d’existence, ont été présentées. Ainsi, la première vice-présidence sera désormais assurée par l’ancien chef du gouvernement, Paul Biyoghé Mba, et le Secrétariat général par Angélique Ngoma.

Les cadres du PDG au siège de Louis, le 7 mars 2024. © Gabonreview

L’échec des assises d’autocritiques du PDG dans les fédérations, les démissions en cascades, les dénonciations, les critiques, les suspicions de certains cadres et militants envers les autres, les défections, et surtout dernièrement, la sortie médiatique du dernier Premier ministre d’Ali Bongo, ont finalement eu raison de la gestion du Secrétaire général intérimaire du PDG, Luc Oyoubi. Mieux, c’est toute la technostructure de la formation qui a visiblement failli, partant du chef de file, le Distingué Camarade Président Ali Bongo Ondimba.

Descente à la résidence privée d’Ali Bongo

Pour tenter de redonner du lustre et remettre de l’ordre dans cette écurie qui semblait naviguer tel un navire sans capitaine, une délégation s’est rendue à la résidence privée d’Ali Bongo. «Cette rencontre avait pour objet, outre de prendre des nouvelles de son état de santé, qui nous a rassuré, de lui notifier de sa déchéance de la présidence dudit parti en raison de son incapacité multiforme», a fait savoir Luc Oyoubi. Celui-ci n’a pas été reconduit dans ses fonctions de Secrétaire général adjoint.

A l’issue de cette rencontre, a-t-il ajouté, un nouvel organigramme provisoire pour la gestion quotidienne a été mis en place. Les personnalités désignées ont, en ligne de mire, la représentation du PDG au prochain Dialogue national et la tenue d’un Congrès dans les mois à venir.

En attendant le renouvellement de fond en comble des responsables organes de ce parti fondé en 1968, la première vice-présidence est assurée par Paul Biyoghé Mba. Il est suivi, dans l’ordre, par Alain-Claude Bilie-By-Nze, Jeannot Kalima (actuel ministre de l’Energie et des Ressources hydrauliques au gouvernement de la Transition) et de Yves-Fernand Manfoumbi.

Le Secrétariat général revient à Angélique Ngoma. Celle-ci sera secondée dans l’ordre par Denise Mekam’ne-Taty, Antoine Minie M’Eyi et Charles Otando.

Sur la cas d’Ali Bongo, Paul Biyoghé Mba a été on ne peut plus clair : «entre deux maux, il faut toujours choisir le moindre. Nous avons un président dont l’absence a des conséquences sur le fonctionnement réel du Parti et nous avons de l’autre côté le Parti. On sauve qui ? On sauve quoi ? L’intérêt général doit primer».

Par ailleurs, la grande surprise de cette rencontre des dirigeants de l’ex-parti au pouvoir a été la radiation de Joséphine Nkama (Patience Dabany). Si les griefs qui lui sont faits n’ont pas été publiquement évoqués, il reste qu’elle en sera notifiée dans les jours à venir.

En attendant le Congrès censé relancer la machine du PDG grippée depuis les événements du 30 août 2023, les personnalités désignées pour ranimer la structure devraient, déjà, pouvoir redonner un souffle nouveau au parti et tenter de remettre de l’ordre dans la plus ancienne écurie politique du Gabon. Une écurie qui essuie depuis quelques années des critiques de la population notamment pour sa gestion chaotique des affaires publiques.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Kama a surement voulu faire prévaloir la primauté des droits familiaux et ethniques sur le parti alors que le pays est entre les mains de celui qu’elle a insulté sans gène. Probablement espérait-elle se servir de la machine pdg contre Oligui et pour la restauration des privilèges familiaux? Avec cette humiliation, j’espère qu’elle va se repentir et rester encore avec nous et non mourir de honte.

  2. Gayo dit :

    Cet ossature est suspecte, les altogoveens jadis surreprésentés à la tète, on remarque c’est une autre communauté qui semble vouloir faire pire. Et si c’était commandé par Oligui? Et si le poste de président restait vacant pour lui? Si les statu du PDG donnent au premier ministre de façon systématique le rôle de premier VP, le rôle de président est surement réservé au président. Assurément dans les faits, les pedegistes considèrent toujours leur parti comme un parti état et les institutions du pays comme appartenant exclusivement aux cadres de leur parti. Les gabonais ne doivent pas baisser la garde. Oligui n’est pas là pour le peuple, ce n’est pas l’ami du peuple mais des pedegistes. Ils faut les mettre en échec. Le PDG n’a pas perdu le pouvoir qu’Oligui garde jalousement pour le leur remettre. Mais Oligui et le PDG vous aurez les gabonais en face.

  3. Mezzah dit :

    Ceux qui continuent de penser que la sortie de Alain-Claude Bilie-By-Nze (ACBBN) sur RFI et la mise en place de la nouvelle gouvernance du PDG avec à la clef la déchéance d’Ali Bongo n’était qu’une coïncidence n’ont rien compris, mais vraiment rien.

    La machine PDG est en marche et le sniper ACBBN est rentré en jeu avec une interview sur RFI, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, qui a été une réussite. Et j’en veux pour preuve toute la presse nationale, la presse internationale et les réseaux sociaux sont en ébullition. Et pendant ce temps personne ne parle du CTRI. Ce n’est que l’ACTE 1. Imaginez ce que ça va donner pendant le dialogue national, je vous souhaite longue vie pour assister à ce spectacle.

    Quant au CTRI, ce qui leur arrivera leur arrivera et ils l’auront bien mérité. Et d’ailleurs ACBBN a bien dit qu’ils ne savaient même eux-mêmes qu’ils allaient faire un coup d’état. Cette thèse commence à faire son petit bonhomme de chemin. Parmi les explications avancées il y a que le CTRI est en contradiction permanente avec sa propre charte d’une part et d’autre part le même CTRI s’est entouré des gens à qui il reproche la mal gouvernance du pays, allez-y comprendre.

    Le PDG ne respectera aucune règle en dépit de la place que lui accorde le CTRI. On a remarqué que les responsables des autres partis qui ont intégré les organes du CRTI ont quitté provisoirement leurs postes de responsabilité dans les partis. C’est le cas de Paulette Missambo, Alexandre Barro Chambrier, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi pour ne citer que ceux-là. A l’inverse nous avons Luc Oyoubi, Jeannot Kalima … qui sont dans les organes cumulativement avec leurs responsabilités au PDG. Tout ça fait désordre et le CTRI est incapable de trancher. Ça rappelle 2009 quand Ali Bongo ne voulait pas quitter le Ministère de la défense. Casimir Oyé Mba, André Mba Obame, Zacharie Myboto, Paulette Missambo et bien d’autres ont bataillé fort pour qu’Ali soit éjecté. Ce qui a été fait malgré les pressions subies par Rose Rogombé.

    Alors mes chers compatriotes, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle qui va faire cohabiter nos bourreaux d’hier (PDG) avec ceux qui incarnent notre espérance (Alternance 2023) et le CTRI au milieu.

  4. DesireNGUEMANZONG dit :

    Mobilisation, autocritique, refondation et reconciliation: OK!

    Mais comment financez-vous ces prochains congrès (le soft et le hard)?
    Ma question a un intérêt certain parce que ce qui a fait la force de ce parti c’est le détournement des moyens de l’Etat et la générosité du DGC. Les robinets à fric étant fermés, qui est-ce qui subventionne ces « tenues » politiques?

    Aujourd’hui, alors le PDG ne peut même plus payer ses salariés, subitement (et curieusement) ce parti politique serait capable d’organiser des réunions importantes pour sa survie (avec champagne et caviar!? ou avec mousseux et oeufs de truite!?)..

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