Le questionnement «un peu bête» du public suite au décès brutal, le 20 janvier, du ministre gabonais des Affaires étrangères, est une petite maïeutique amenant à une vérité : le laxisme et la carence en intelligence des situations tuent, même au cœur du pouvoir politique ! Synthèse des interrogations et remarques de l’opinion publique quant à ce décès inédit dont les prémices sont survenues en plein palais présidentiel devant l’élite décisionnelle du pays.  

Comment ne peut-on ne pas survivre à une attaque cardiaque survenue au sein de la présidence de la République ? (En bas : Décembre 2011, Michael Moussa, alors ambassadeur du Gabon aux USA, transporté vers une ambulance après une agression par des activistes gabonais). © Montage GabonReview

 

Quelques heures après le décès de Michael Moussa, la province gabonaise de la toile mondiale s’est enflammée. Si diverses sources soutiennent que le malaise de Michaël Moussa-Adamo est survenu un peu avant la tenue du Conseil des ministres, nombreux sont surtout ceux qui s’interrogent sur les circonstances de la mort du ministre des Affaires étrangères, son malaise étant tout de même survenu en plein palais de la présidence de la République.

Lancinante, une question continue d’être posée : comment ne peut-on ne pas survivre à une attaque cardiaque survenue au sein de la présidence de la République et à 5 mn du Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL) ou de la Polyclinique Dr Chambrier, connus comme les meilleurs structures hospitalières du pays ? Tous les Gabonais ont encore en mémoire qu’en octobre 2018 à Riyad, en Arabie saoudite, le président Ali Bongo, victime d’un «malaise», fut si bien et si rapidement pris en charge à l’hôpital King Faisal que le pire a été évité pour aboutir, aujourd’hui, à  un happy end.

À 5 mn du palais, le CHUL et la polyclinique Dr Chambrier… quand l’hôpital militaire «flingue des opposants»

Si, du fait d’appartenir à la famille d’un opposant – Alexandre Barro Chambrier – la Polyclinique Dr Chambrier, établissement de soins privé disposant du meilleur plateau technique du Gabon, peut être appréhendée par les acteurs du pouvoir central, on ne saurait tout de même douter de la moralité, de la probité et du dévouement de ses médecins exerçant, naturellement, sous le serment d’Hippocrate. Autrement, cela accréditerait la légende urbaine selon laquelle l’Hôpital d’instruction des armées du PK 9 achève ou donne le coup de grâce aux opposants y ayant recours. Dans l’inconscient collectif gabonais, en effet, c’est ce qui serait notamment arrivé à Pierre Claver Zeng, célèbre artiste, ancien ministre d’Omar Bongo passé à l’opposition et cofondateur de l’Union nationale (UN).

Également à la périphérie immédiate du palais présidentiel, le Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL) est officiellement crédité du niveau 3 des soins selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pourquoi donc n’y avoir pas transféré d’urgence la victime du malaise du 20 janvier avant le Conseil des ministres ? Le gouvernement ne ferait-il pas confiance en cette structure sanitaire ? Devrait-on désormais penser que le CHUL («Hôpital général» dans le langage populaire) est une structure sanitaire réservée au gueux et au petit peuple ? C’est pourtant l’«un des établissements les plus modernes du continent. C’est un fleuron de l’égalité des chances», déclarait Ali Bongo le 31 mai 2016, lors de l’inauguration de la deuxième phase des travaux du plus grand hôpital du Gabon. Si Emmanuel Issozé Ngondet y avait été hospitalisé avant son décès, c’est que l’ancien Premier ministre avait toute sa confiance en ce centre hospitalier. Pourquoi, dans l’urgence, n’y avoir pas conduit Michaël Moussa ?

Slalom et saute-mouton sur la carte sanitaire de Libreville

Diverses et sous bien d’autres angles, les interrogations pullulent en tout cas sur les réseaux sociaux.

Un post résume très bien les interrogations du public sur ce décès soudant. «Le monsieur fait un malaise pendant le Conseil des ministres. On isole le PR. On met le concerné à la disposition des services d’urgence de la santé militaire alors qu’au sein de la présidence il y a des services d’urgence médicaux. On saute Chambrier, le CHU de Libreville, Union médicale et tous les services de pointe du centre-ville pour le transporter à l’Hôpital des instructions des armées Omar Bongo Ondimba. Où ils ont juste constaté le décès. Une enquête doit être ouverte afin que l’on sache ce qui s’est réellement passé», interroge sur sa page Facebook une militante bien connue de l’Union nationale (UN).

Exclusivité du chef de l’Etat ou laxisme et zèle idolâtre à la prise de décision ?

Une autre question revenant sans cesse porte sur le dispositif sanitaire déployé autour du chef de l’Etat. Il y a toujours eu, en effet, dans le cortège présidentiel, une ambulance médicalisée avec les meilleurs médecins urgentistes du pays. Dans l’opinion publique, depuis que le chef de l’État a été victime d’un accident vasculaire cérébral, ce dispositif n’est jamais bien loin de lui et il a nécessairement été suréquipé pour des traitements neurochirurgicaux ou vasculaires d’urgence. Pourquoi ne l’avoir pas déployé pour le ministre des Affaires étrangères ? Ce dispositif sanitaire d’urgence serait-il privé ? Serait-il à l’usage exclusif d’Ali Bongo ? Son utilisation pour un autre humain entache-t-il son bon fonctionnement ultérieur ?

Il a vraisemblablement eu de la panique au moment du malaise de Michaël Moussa et comme toujours, à la prise de décision devaient se trouver des sécurocrates et zélés idolâtres, pour interdire l’utilisation du dispositif sanitaire du président de la République pour «un ami, loyal et fidèle», «un très grand diplomate», «un véritable homme d’État», selon l’hommage, après décès, d’Ali Bongo lui-même.

Dans l’opinion publique ou au sein de sa famille et de son cercle amical proche, tout le monde connaissait les carences cardiaques de Michaël Moussa : il portait un stimulateur cardiaque, appareil plus connu sous le nom de pacemaker. Pour le pays, il n’a pas hésité à enchainer les missions, allant de Guinée Equatoriale au Congo Brazzaville sur les deux derniers jours de sa vie. Personne ne saurait le nier : la vie de ministre comporte de lourdes charges et des pressions. Aussi, ce qui est arrivé au natif de Makokou, pourrait donc arriver à n’importe quel autre membre du gouvernement, et pourquoi pas au chef de l’Etat. Le laxisme de l’exécutif sur ce coup a été résolument absurde, estiment bien d’observateurs ou de béotiens.

 
GR
 

7 Commentaires

  1. NGUEMA BONGO dit :

    Oh Dieu et que dire de la présence dans les effectifs du gouvernement d’un chevronné (sic) ministre de la santé?

  2. Informe dit :

    C’est pourtant simple,
    Effet secondaire du vaccin de la COVID 19.

    Les crises cardiaques ont ete multipliees par 100 et on ne parle pas des cancers fulgurants par millions.

    A ce jour il y a eu 20 millions de morts supplementaires dans le monde du aux vaccins COVID 19.

    A se demander si ce n’etait pas le but, et ils veulent remettre ca en afrique avec un nouveau vaccin contre le paludisme… Non merci

  3. messowomekewo dit :

    Si le PR avait été victime d’AVC en terre gabonaise, nul doute qu’il en aurait succombé, parce que comme vous le savez dans son entourage médical, il est à craindre que l’écrémage se soit fait sans la logique de la qualification ,surtout de la compétence réelle, il faut être du G2 point barre. Heureusement que Dieu veille…
    Il n’y pas dans l’ambulance du cortège présidentiel, un médecin correctement entraîné pour gérer les vrais urgences vitales, vérifiez si vous voulez, vous y trouverez certainement des colonels, voire des généraux, en tout cas pas quelqu’un de véritablement capable de trouver des solutions à des situations complexes engageant le pronostic vital…

  4. CYR Moundounga dit :

    Bjr. Vous voyez que même à ce très haut niveau des charges je m’excuse mais la solidarité n’est pas la chose la mieux partagée. Vraiment, faire traverser un MINISTRE en danger sur près de 100 kilomètre en sachant que ce dernier présentait déjà des antécédents médicaux il faut être gabonais pour être coupable de pareille choses. Et après vous entendrez dire « DIEU a donné DIEU a repris » alors que manifestement pour reprendre le texte  » Le laxisme de l’exécutif sur ce coup a été résolument absurde, estiment bien d’observateurs ou de béotiens. Triste vraiment triste et honteux. Amen.

    • Galahad Minguele dit :

      S’il y’a pas anguille sous roche ,l’hyper charge de traitement de secrets défense et diplomatiques,c’est comme la patate chaude sinon ça peut dépressuriser jusqu’au fatal; attention,attention attention attention eaux et forets,ambassades sensibles…

  5. MBALLA Axel dit :

    Dites aux jeunes la réalité, l’inavouable volonté politique de la destruction totale du Gabon. Ce funeste dessein au delà de sa forme si visible ( par l’absence de tout ce qui fait un Etat, car il reste que nos limites frontalières …du reste, rognées sans cesse soit pour des fins d’économie criminelle, soit pour des ambitions annexionnistes.
    Mais pour combien de temps? un saccage porté par le plus grand nombre de tous ceux qui ont participé de près ou de loin à ce régime décrié.
    Ni retraites, ni éducation, ni transports, ni logements, ni défense, et ni administration, car tout le monde le sait, 77% des fonctionnaires gabonais le sont par la parentèle, l’amitié, la fraude, etc..

    Quand tout ceci est absent, à quel moment parle-t-on d’un Etat gabonais, de ses missions régaliennes?
    Comment admettre qu’un serviteur de l’Etat meurt, en pleine déficience cardiaque en pleine présidence de la République ne puisse bénéficier d’une prise en charge experte?
    Pour l’histoire, et en lieux, mourut un illustre serviteur du Gabon, le Général Ba OUMAR, très haut dignitaire militaire et Ministre de l’Habitat et de l’urbanisme (en plein Conseil des Ministres) sous Omar BONGO.
    Place aux experts…du démenti.

Poster un commentaire