Préparatifs de la COP30 : Le Gabon affûte sa diplomatie climatique à Zanzibar

À l’approche de la COP30, le Gabon muscle sa diplomatie climatique. Engagé dans la défense des intérêts africains face aux défis du réchauffement global, le Conseil National Climat a pris part à la réunion stratégique du Groupe des négociateurs africains sur les changements climatiques (AGN), tenue à Zanzibar. Au cœur des débats : la nécessité d’une position africaine unifiée, la reconnaissance des forêts du Bassin du Congo comme actifs climatiques mondiaux et l’exigence d’un financement climatique plus juste, sans creuser davantage l’endettement des nations du continent.

L’Afrique ne saurait continuer à payer la facture d’un désordre climatique dont elle n’est pas responsable. [Aperçu de la délégation gabonaise à la première réunion stratégique du Groupe des négociateurs africains sur les changements climatiques (AGN) à Zanzibar enTanzanie]. © D.R.
Résolument engagé à défendre les intérêts de l’Afrique sur l’échiquier climatique mondial, le Gabon, par l’entremise de son Conseil National Climat (CNC), a activement pris part à la première réunion stratégique du Groupe des négociateurs africains sur les changements climatiques (AGN), tenue du 28 au 30 avril derniers à Zanzibar, en République-Unie de Tanzanie. Une rencontre charnière à l’approche de la COP30, prévue en novembre prochain à Belém, au Brésil.

Instantanés du meeting africain de Zanzibar, en préparation de la COP30. © D.R.
Au cœur de cette réunion de haut niveau, présidée par la Tanzanie, se jouait l’élaboration d’une position commune, ambitieuse et structurée de l’Afrique face aux grands enjeux climatiques de l’année. Autour de la table : des représentants des gouvernements africains, des points focaux de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), des acteurs de la société civile et des partenaires techniques et financiers. Ensemble, ils ont posé les jalons d’une feuille de route qui devra faire entendre, plus que jamais, la voix du continent dans les négociations internationales.
Le Gabon, porte-voix d’une Afrique unie et responsable
Dans ses interventions particulièrement remarquées, le CNC a défendu une vision stratégique reposant sur trois piliers : l’unité africaine, la valorisation du capital naturel du continent et l’accès à un financement climatique plus équitable, reposant non pas sur l’endettement, mais sur des subventions et des mécanismes innovants d’allègement de la dette.
Le Gabon a rappelé, chiffres à l’appui, l’injustice criante du déséquilibre climatique : responsable de seulement 3 à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’Afrique en subit pourtant de plein fouet les conséquences. À cet égard, le CNC a porté un plaidoyer vigoureux en faveur de la reconnaissance des forêts du Bassin du Congo comme véritables actifs climatiques mondiaux. Fort de ses 250 millions d’hectares, ce patrimoine inestimable stocke près de 70 milliards de tonnes de carbone et absorbe annuellement quelque 750 millions de tonnes de CO₂.
«Il est temps que les promesses de la finance carbone se traduisent en actions concrètes», a insisté le CNC, appelant à la mise en place effective de marchés carbone crédibles et de paiements pour services environnementaux (PSE) qui permettent aux États forestiers, à l’instar du Gabon, de monétiser leur rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Financement climatique : stopper la spirale de l’endettement et intégrer la jeunesse africaine
Le Conseil National Climat a également dénoncé la logique d’une aide climatique trop souvent adossée à de nouveaux prêts, aggravant la vulnérabilité financière des pays africains. «Le financement de l’adaptation et de la transition énergétique doit être sans dette», a martelé la voix du Gabon, plaidant pour des mécanismes mieux alignés sur les priorités souveraines des nations africaines.
Autre point d’alerte : la situation préoccupante de l’Afrique centrale, confrontée à une accélération dramatique de la déforestation. Une trajectoire qui, si elle n’est pas inversée de toute urgence, pourrait précipiter la région vers une crise écologique majeure, aux conséquences irréversibles.
Soucieux de bâtir des politiques climatiques durables, le Gabon a également insisté sur la nécessité impérieuse d’intégrer pleinement la jeunesse africaine dans les processus de négociation, les projets structurants et les stratégies de transition. Pour Libreville, il ne saurait y avoir de solution pérenne sans l’implication directe des générations futures.
À l’issue de cette rencontre fondatrice, les représentants africains sont repartis avec une feuille de route clarifiée, des partenariats renforcés et des messages politiques unifiés en vue des prochaines grandes échéances internationales, notamment la session des organes subsidiaires (SB62) à Bonn et la très attendue COP30 de Belém.
Dans cette dynamique, le Conseil National Climat poursuivra son action diplomatique avec constance, afin d’assurer que les priorités du Gabon et de l’Afrique occupent la place qui leur revient dans les futurs accords climatiques.

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