A trois semaines de la présidentielle au Gabon, Dijob Divungi Di Ndingue estime qu’il est illusoire de croire que le changement viendra par les urnes. L’ancien vice-président d’Omar Bongo se dit plutôt déterminé à faire aboutir une transition. Établissant une différence entre transition de connivence et transition de rupture, il milite pour la deuxième. Radicale, elle permettrait de rompre avec le système actuel.

L

Dijob Divungi Di Nding, le 5 août 2023 à Libreville. © Gabonreview

 

e 5 août, Dijob Divungi Di Ndinge s’est dit préoccupé par l’approche de l’échéance présidentielle qui, de son point de vue, est marquée par un lot d’espoirs illusoires et le danger encouru par le Gabon. «Les espoirs consistent à faire croire aux populations qu’en l’état actuel, un changement peut intervenir par la voie des urnes», a déclaré l’ancien vice-président d’Omar Bongo. Pour lui, le pouvoir d’Ali Bongo est programmé pour la déstructuration culturelle des populations, pour le renforcement de leur malléabilité ainsi que leur tolérance à l’oppression et à l’exploitation. Une démarche, laisse-t-il entendre, héritée de la colonisation avec son lot de verrous propices à la pérennisation du système Françafrique.

La transition de rupture ou l’enlisement

Quelques militants de l’Adere, le 5 août 2023. © Gabonreview

«Ma préoccupation et mes réserves à l’égard de l’utilité de ces élections, dans la configuration actuelle des institutions et des forces à l’œuvre, m’inclinent à croire qu’un meilleur choix se trouve ailleurs», a-t-il déclaré. Ce choix impliquerait la levée des verrous identifiés avant de s’inscrire dans une logique d’élections. «Œuvrer à la libération du pays plutôt que d’envisager une alternance au sein d’un pouvoir au service d’un système hostile aux intérêts du peuple», a estime le président de l’Alliance démocratique et républicaine (Adere) pour qui, la transition est la seule solution pacifique pour libérer le pays et l’aider à sortir du cycle d’élections assorties de crises.

Pour l’opposant proche de Jean Ping, les élections dans le pays ne servent qu’à enfermer les espoirs de libération dans un carcan constitutionnel et institutionnel qui n’aurait vocation qu’à les neutraliser. Cette année, elles ne vaudraient que pour entériner le statuquo du système françafricain dit-il, «nuisible aux intérêts du peuple». «Voici ici ma préoccupation et mes réserves face à ces élections qui se profilent à l’horizon», a-t-il exposé y ajoutant les difficultés et manipulations liées à l’organisation du triple scrutin. Elles augmenteraient les risques d’irrégularité et entachent leur crédibilité.

Quid des verrous à faire sauter ?

Estimant que la Centrafrique, le Mali et Burkina-Faso le Niger impriment la marche en ce sens, Dijob Divungi Di Ndinge souhaite que le Gabon emprunte le même chemin. «C’est ici que nait ma détermination de tout mettre en œuvre pour la faire ouvrir au Gabon, d’une part, et la faire aboutir, d’autre part», a-t-il soutenu. Le président de l’Adere appelle à distinguer une «transition de rupture» et une «transition de connivence» qui consisterait à mobiliser et impliquer tous les acteurs politiques pour l’organisation de la simple alternance au sein du système dénoncé. La «transition de rupture» obligerait à faire sauter les verrous sécuritaires, politiques, économiques et culturels qui enferment le pays avant d’envisager toute compétition d’alternance au pouvoir.

Le verrou politique a-t-il expliqué, est l’ordre constitutionnel actuel et le calendrier politique qu’«il convient d’interrompre pacifiquement». Le verrou sécuritaire, indique-t-il, c’est la base militaire étrangère établie de longue date au Gabon qu’«il faut convenir de fermer définitivement». Le verrou économique et monétaire, note-t-il, «c’est surtout le franc CFA dont il faut s’en défaire». La transition de rupture de Divungi Di Ndinge implique la réouverture des accords léonins liés à la coopération. Pour lui, le monde mu et les Gabonais devraient sortir de «leurs incommodes inconforts». «Les générations futures nous jugeront au regard des choix que nous aurons faits», a-t-il déclaré.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Rembourakinda dit :

    Mais ouiiiii !!!! Tout est dit, ne perdons plus de temps. Le problème est nous c’est que nous ne savons pas faire bloc derrière une idée fondatrice. C’est maintenant ou jamais.

  2. Gayo dit :

    Divungui, tu viens de faire le choix de la passivité et de l’inaction parce que tu n’a, a l’état actuel, aucun moyen de forcer cette transition de rupture. Ceux qui vont aux élections refusent l’option de la passivité, de la résignation et de l’inaction. Nous savons tous que le processus électoral manque de transparence, de sincérité et de crédibilité mais c’est en restant dans l’action que pourra surgir les conditions qui forceront les Bongo et le PDG à subir cette transition de rupture qu’il ne peuvent accepter que de force. Et ces conditions peuvent survenir au travers de l’action de participation aux élections. Il faut continuer à pousser le PDG dans ses derniers retranchements. Si tous ceux qui militait pour la fin de ce régime décidaient de boycotter ces elections, Ali Bongo, Matha, et Bonda Balonzi ne seraient pas là à multiplier les actes et les décisions iniques qui montrent leur manque d’assurance, leur fébrilité et leur peur de voir leurs mesures pour favoriser l’élection d’Ali Bongo par la fraude échouer. La fraude spectaculaire dans la province du Haut-Ogooué en 2016 a vu le peuple se soulever. Il faut continuer à pousser par la participation aux élections et par tous les autres moyens possibles.

Poster un commentaire