Au Gabon, le gouvernement reste impuissant face à la spirale inflationniste qui gagne l’économie nationale. Malgré les mesures prises le mois dernier, relatives à l’encadrement de certains produits de base, les prix ont encore flambé. Un problème majeur pour de nombreux ménages ayant vu leur stabilité financière sérieusement menacée. 

Les Gabonais ne sentent pas la baisse des prix. © D.R.

 

Conformément aux instructions du président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, le ministre de l’Économie et des Participations, Mays Mouissi, a signé un arrêté portant suspension des droits et taxes sur plusieurs produits alimentaires et matériaux de construction pour une durée de 3 mois afin de mieux lutter contre la vie chère. Un investissement de l’État de plus de 6 milliards de francs CFA qui n’allège pas la vie des ménages. 

À Libreville comme dans la plupart des grandes villes du pays, les prix de produits de première nécessité ont augmenté sur les grandes surfaces. Selon l’hebdomadaire Nku’u le messager, la queue de bœufs est devenue un produit de luxe, car le carton qui valait 35 000 FCFA est passé à 43 750 FCFA. Le carton de cuisses de poulet est passé de 9 900 FCFA à 11 250 FCFA. De même le carton de cotis de porc est parti de 17 500 FCFA à 22 500 FCFA. Le riz parfumé qui coutait 9 900 FCFA, vaut en ce moment 13 500 FCFA, sans oublier le litre d’huile que le gouvernement a mis à 1 000 FCFA, il vaut 1 200 voir 1 300 FCFA chez certains épiciers du quartier. En clair tout ce que le Gabonais lambda consomme au quotidien est toujours en hausse.

Depuis la mise en œuvre de la nouvelle mercuriale le 18 mars dernier, les opérateurs économiques ne semblent pas adhérer à cette décision des autorités de la transition. Les détaillants dans certains quartiers sous intégrés ont préféré retirer des rayons certains produits de la mercuriale, notamment l’huile ou le sucre, pour s’en procurer, il faudrait se rendre dans les grandes surfaces commerciales. 

Tout ceci est la conséquence de la dépendance du Gabon vis-à-vis de l’extérieur. La plupart des produits de consommation vendus au Gabon viennent de l’Argentine, du Brésil ou de la Corée du Sud. La tomate, les oignons et le piment sont importés du Cameroun. Le Gabon importe presque tout, il consomme ce qu’il ne produit pas. Le seul moyen pour permettre que les prix des produits de première nécessité soient à la portée du pouvoir d’achat des ménages gabonais, il faut que les autorités de la transition mettent en place des mécanismes pour encourager la production locale. 

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Sly dit :

    Rien n’étonne. Les distributeurs baissent les prix sur les produits identifiés par la mercuriale et les répercutent sur d’autres produits. Exemple: si la mercuriale dit que le kilo de rognon est désormais a 900 FCFA, ils le feront mais le manque a gagner ils vont le répercuter dans le kilo de cuisse de poulet.

  2. MINKO MINDONG Samuel dit :

    Votre article du jour relatif au peu d’effet des mesures gouvernementales de blocage des prix sur les hausses des prix des produits de première nécessité subies par les populations m’inspire quelques observations.

    Pour bien appréhender ce phénomène , il me parait nécessaire de se rappeler les précédentes initiatives prises par l’administration dans le même sens depuis 1912 :

    -arrêté n°138/MEEDD/CABMIN/SG/DGCC du 14 Août 2012 soumettant les produits importés de consommation courante au régime de la liberté contrôlée des prix;
    -arrêté n°139/MEEDD/CABMIN/SG/DGCC du 14 Août 2012 soumettant les produits vivriers et autres produits locaux au régime de la liberté contrôlée des prix;
    -arrêté n°241/MEEDD/SG/DGCC du 23 Avril 2013 soumettant les produits importés de consommation courante aux régimes de blocage et de liberté contrôlée des prix;
    -arrêté n°0020/MEPPDD/DGCC du 10 Juillet 2017 soumettant les produits importés de consommation courante aux régimes de blocage et de liberté contrôlée des prix;
    -arrêté n°32/PM du 18 Juillet 2023 portant blocage des prix de 67 produits importés

    Depuis le lancement de ces différentes mesures de blocage des prix , il été unanimement observé que les prix ne fléchissaient pas à la baisse, bien au contraire.

    Au-delà des raisons souvent évoqués relatives à la volatilité des cours mondiaux des produits importés et à la faiblesse de la production locale ,une question se pose : pourquoi , malgré tous les efforts consentis par l’état au niveau fiscal et douanier ne profitent pas au consommateurs?

    Notre réflexion qui a déjà été communiquée par ailleurs se structure en plusieurs étapes.

    Etape 1 : LE DIAGNOSTIC de toutes les initiatives précédentes.

    Cette analyse permettra de comprendre qui profite des allègements fiscaux consentis en milliards de FCFA par l’Etat et qui ne se répercutent pas mécaniquement au niveau du prix de vente au consommateur final, même momentanément.

    Etape 2 : Avant toute nouvelle mesure de blocage des prix.

    En se dotant d’un système d’information performant , l’administration doit revenir aux fondamentaux en se rappelant que le prix de vente au consommateur final est la somme de tous les éléments qui concourent à la formation de ce prix , éléments encore appelés STRUCTURE DE PRIX.

    UNE ANALYSE DETAILLEE ET CERTIFIEE DE CHAQUE ELEMENT DE LA STRUCTURE DU PRIX A BLOQUER EST INDISPENSABLE. DE PAR SON PROPRE SYSTEME D’INFORMATION, L’ADMINISTRATION SE DOIT D’AVOIR SES PROPRES DONNEES AFIN DE LES RECOUPER AVEC CELLES FOURNIES PAR LES PARTENAIRES.

    Cet encadrement momentané des prix permettra à l’administration de veiller à une partage équitable des marges bénéficiaires entre les différents distributeurs afin que les détaillants ne soient pas tentés de se rattraper en augmentant les prix de vente au détail.

    Une bonne enquête préalable sur la situation des stocks des produits visés est indispensable pour avoir une photographie du marché avant la mesure de blocage afin d’anticiper sur les éventuelles pénuries qui ont souvent été observées en pareille circonstance.

    Cette enquête devrait même être étendue pour étoffer le système d’information de l’administration sur les quantité importées ou produites localement , les différents intervenants et leurs parts de marché.

    Etape n°3 : à court et moyen terme FAVORISER LA SIGNATURE D’UN CONTRAT D’OBJECTIFS ADMINISTRATION/ASSOCIATIONS DE DEFENSE DES INTERETS DES CONSOMMATEURS.

    Le mouvement consumériste gabonais est embryonnaire avec deux structures principales , à savoir l’Organisation Générale des Consommateurs (OGC) et SOS Consommateurs.

    La sagesse africaine nous enseigne qu’on est jamais mieux défendu que par soi même.

    Le consommateur étant lui même en première ligne , il est important de l’associer activement et en permanence en lui donnant les outils de la performance.

    Il a été largement prouvé que des associations de consommateurs structurées et outillées sont un partenaire efficace de l’administration pour défendre les intérêts
    économiques et sanitaires des consommateurs.

    En s’inspirant de la Directive de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale ( CEMAC)n° 02/19-UEAC-639-CM-33 du 08 Avril harmonisant la protection des consommateurs au sein de la CEMAC , l’administration devrait signer un contrat d’objectifs avec les associations de consommateurs.

    Ce contrat pourra – entre autres- préciser les obligations des parties , l’aide que l’Eta doit apporter, dans un premier temps, à la structuration et au fonctionnement de ces associations.

    En le faisant , l’Etat jouera pleinement son rôle régalien de protection de tous après l’aide qu’il apporte déjà aux commerçants et aux entreprises , notamment avec une maison du commerçant au Marché Mont Bouet et des subventions octroyées à diverses entreprises.

    Nous reviendrons prochainement sur l’influence qu’une association de consommateurs outillée et performante peut avoir sur la conscientisation des consommateurs et même sur l’amélioration des pratiques commerciales des entreprises conscientes du rapport de forces que les consommateurs peuvent imposer.

    MINKO MINDONG Samuel
    Consultant indépendant
    Concurrence , consommation et protection du consommateur
    Tel 076 45 01 97

  3. MINKO MINDONG Samuel dit :

    Lire 2012 et non 1912.

    Merci

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