Les populations d’Itambi Yoko, un village impacté par la future voie de contournement du Grand Libreville, vivent dans l’angoisse face à la menace d’expropriation qu’elles jugent abusive. L’arrivée inopinée, le samedi 24 novembre 2024, d’un individu présenté comme un «émissaire du CTRI», accompagné de machines lourdes ayant détruit des plantations, a exacerbé les tensions. L’absence d’évaluation foncière promise par les autorités locales renforce les craintes des habitants, qui dénoncent une situation inacceptable.

Les populations d’Itambi Yoko, un village impacté par la future voie de contournement du Grand Libreville, vivent dans l’angoisse face à la menace d’expropriation qu’elles jugent abusive. © D.R.

 

La réalisation de la voie de contournement du Grand Libreville, un projet phare du Comité pour la transition et la restauration des institutions, tourne au cauchemar pour les riverains d’Itambi Yoko. Ces derniers s’opposent avec véhémence à ce qu’ils qualifient de tentative d’expropriation abusive. La descente brutale, le samedi 24 novembre 2024, d’un prétendu émissaire du CTRI, accompagné d’engins lourds, a ravivé leurs craintes face à l’absence d’évaluation foncière préalable, pourtant promise en octobre par les autorités locales.

En effet, en octobre 2024, Marie-Françoise Dikoumba, gouverneure de l’Estuaire, avait annoncé l’arrivée prochaine d’agents recenseurs pour inventorier les terres et évaluer les indemnisations à verser aux populations affectées. Mais cette promesse est restée lettre morte. À la place, un individu présenté comme un émissaire du CTRI et perçu comme un ressortissant libanais a pris possession des lieux, détruisant des plantations, et ce, sans concertation ni procédure préalable.

Pour les habitants d’Itambi Yoko, cet acte est une trahison. «Nous n’avons jamais été consultés. Nos plantations ont été saccagées, et nos droits fonciers sont ignorés. Que veut-on de nous ? Que nous disparaissions ?», déplore un membre du Collectif des résidents d’Itambi Yoko (CRIY).

Des terres vitales menacées

L’un des engins ayant détruit des plantations des populations d’Itambi Yoko, dans la commune d’Akanda. © D.R.

Dans une lettre adressée au Premier ministre de la transition, le 20 novembre 2024, le CRIY a exprimé son désarroi et sollicité un soutien pour garantir leurs droits et préserver leurs activités. «Nous demandons à être intégrés dans le projet de lotissement initié par le CTRI à Malibé 2. Nous ne sommes pas contre le développement, mais pas au prix de notre extinction», précise le collectif.

Les habitants rappellent également l’importance historique et économique de leurs terres. La Zone d’utilité villageoise (ZUV) d’Itambi Yoko, créée en 2018 avec l’accord des autorités locales, représente une partie intégrante de l’Arboretum Raponda Walker. Les marquages en bois, encore visibles, témoignent de l’authenticité de ces territoires. «Certains d’entre nous occupent ces terres bien avant leur classement en 2012», souligne un autre résident.

Outre leur valeur symbolique, ces terres permettent des activités agro-pastorales, développées avec l’appui de partenaires comme l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) et l’Agence française de développement (AFD). «Supprimer ces terres, c’est nous priver de nos moyens de subsistance», ajoutent les résidents.

Un appel urgent au dialogue et à la transparence

Malgré leur soutien au projet autoroutier, les habitants insistent sur la nécessité de préserver leur patrimoine. «Tout en saluant ce projet structurant, nous exigeons que la ZUV d’Itambi Yoko soit respectée. Si cela n’est pas possible, nous demandons une réinstallation digne dans un lotissement adapté», plaident-ils.

Le courrier adressé au Premier ministre a également été transmis au ministre de l’Habitat, Ludovic Megne Ndong, et au porte-parole du CTRI, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi. À ce jour, les réponses tardent à venir, amplifiant les inquiétudes des populations.

La descente musclée de samedi dernier suscite par ailleurs des questions : pourquoi intervenir avec des moyens destructeurs avant même la mission des agents recenseurs annoncée ? Quel est le statut légal de ces opérations ? Ces interrogations restent sans réponse, accentuant le sentiment de méfiance envers les autorités. Il est urgent pour les autorités de rétablir un dialogue constructif et transparent. Loin d’être un simple enjeu foncier, ce conflit met en lumière des dérives potentielles dans la gestion des projets de grande envergure au Gabon.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Akoma Mba dit :

    Indemnisation comme partout ailleurs. Ne faisons pas de tout un problème, le développement c’est ça

  2. Mezzah dit :

    C’est ça la restauration de la dignité du Gabonais?
    Il est où François Ndong Obiang qui avait fait de la défense des terres gabonaises son combat?
    Tout projet de développement doit d’abord respecter la population car s’il n’y a pas de population il n’y a pas de développement.

  3. Edou dit :

    Qu’ils aillent déposer une plainte au tribunal administratif contre l’Etat

  4. Danhy dit :

    Finalement que veulent les gabonais des vieux village les vieux village sans accès ? Après l’état ne fait rien? On ne fait d’omelette sans casser les oeufs cest ça le développement les terres appartiennent a l’état a 60ans vous crier au scandale a 200 ans vous n’aller rien voir vivons le développement de notre époque car nous sommes passager sur cette terres

  5. AKUE EDOU dit :

    Normal, rien n’a vraiment jamais indiqué aux gabonais que la terre appartient à l l’état mais si les populations y ont des droits.
    Nous pensons que nous sommes propriétaires de nos espaces dès qu’on a occupé et que personne n’a rien dit.
    Il est temps de relancer en urgence l’émission de l’éducation populaire pour informer les populations des droits de l’état et ceux des populations concernant les terres.

  6. AKUE EDOU dit :

    Et puis les gens doivent comprendre qu’on ne peut vouloir quelque chose et son contraire. On ne peut pas faire l’omelette sans casser l’œuf

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