Dans les rues paisibles de Makokou, une vague d’indignation s’est levée ce lundi 7 août. Des femmes déterminées, portant le poids des promesses, non tenues ou pas suffisamment expliquées, du président Ali Bongo Ondimba, ont décidé de faire entendre leur voix. Entre frustration, détermination, quête de justice mais surtout incompréhension… survol d’une manifestation uniquement relayée par les réseaux sociaux.

Femmes dans les rues de Makokou, le 7 août 2023. © GabonReview (Capture d’écran vidéo amateur)

 

Ce lundi 7 août 2023, la province de l’Ogooué-Ivindo a été témoin d’un événement inhabituel. Les rues de Makokou ont résonné des pas et des slogans d’un groupe de femmes déterminées. Ce qui a débuté avec un petit contingent d’une cinquantaine de femmes a rapidement pris de l’ampleur, tel un effet boule de neige, mobilisant davantage de personnes tout au long de son parcours.

© GabonReview (Capture d’écran vidéo amateur)

Un message clair

Le cri de cœur des manifestantes était simple mais poignant : «Nous sommes fatiguées, les femmes ont signé, le PDG a échoué !». Les femmes de l’Ogooué-Ivindo, en colère et déçues, ont finalement pris d’assaut la mairie du premier arrondissement de Makokou, située dans la salle polyvalente du chef-lieu de la province. À l’apogée de leur marche, ces femmes, avec une détermination inébranlable, ont même poussé le maire affilié au Parti démocratique gabonais (PDG) à quitter son bureau, le contraignant à faire appel à la gendarmerie pour assurer sa sortie.

Promesses non tenues ou manque d’explications ?

L’origine de cette manifestation remonte aux promesses faites par Ali Bongo Ondimba. Le président de la République avait assuré une aide financière aux populations économiquement vulnérables pour soutenir leurs activités génératrices de revenus. De nombreuses femmes de l’Ogooué-Ivindo ont, cependant, déclaré que leurs noms étaient absents de la liste des bénéficiaires, classées dans la catégorie Gabonais économiquement faibles (GEF). Cette omission a suscité un sentiment d’injustice, les laissant se demander où l’argent est réellement passé et qui en a bénéficié.

Il se trouve en effet qu’en tournée républicaine, en mai et juin dernier, le président Ali Bongo avait annoncé le déblocage des 9 milliards de francs CFA, dont 2 milliards pour les GEF s’engageant dans une activité génératrice de revenus, et 7 milliards pour les entrepreneurs, sous forme de micro-crédits à taux «très» préférentiels.

Invasion de la mairie du 1er arrondissement de Makokou, par les femmes, le 7 août 2023. © GabonReview (Capture d’écran vidéo amateur)

Le mouvement d’humeur des femmes de Makokou est ainsi relatif aux 2 milliards annoncés. Mais, selon un fonctionnaire de la province joint au téléphone, «le président a promis un milliard de francs pour financer les projets. Mais, nos mamans croient que cet argent doit être distribué n’importe comment, à la moindre agricultrice ou petite commerçante. Il faut présenter un projet pour en bénéficier. Il n’est pas question, à leur niveau, de présenter une étude de faisabilité ; juste la présentation du projet, même en deux pages, avec sa situation actuelle, ses objectifs et ses réels besoins de financement en équipements, marchandise ou intrants.  Il n’y a pas eu assez d’explication au sujet de ce milliard et c’est ce qui donne ce mouvement d’humeur. Il va falloir rattraper le coup.»

Réactions en chaîne

Les médias sociaux, notamment Facebook et WhatsApp, ont été inondés de messages et de vidéos relatifs à cet événement. Des posts tels que «Énième 𝑓𝑎𝑢𝑠𝑠𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑚𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑑’𝐴𝑙𝑖, 𝑜ù 𝑒𝑠𝑡 𝑑𝑜𝑛𝑐 𝑝𝑎𝑠𝑠é 𝑙’a𝑟𝑔𝑒𝑛𝑡, 𝑞𝑢𝑖 𝑒𝑛 𝑎 𝑑𝑜𝑛𝑐 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 bénéficié ? », soulignent la suspicion des internautes et le sentiment général de mécontentement et de frustration qui s’est emparé de ces femmes.

La marche des femmes à Makokou est un rappel de ce que les promesses non tenues ou les annonces non explicitées peuvent avoir des répercussions profondes, en particulier lorsqu’elles concernent des populations déjà vulnérables. Leur mouvement, bien que spontané (manipulé par un marionnettiste, selon certains), a clairement souligné la nécessité pour les dirigeants de respecter leurs engagements ou de bien les expliquer et de mettre en place des mécanismes transparents pour assurer la promesse de bien-être de tous les citoyens.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonjour,

    Voilà ce qui m’agace le plus! C’est honteux!

    Un Président de la République qui distribue des fonds publics (fonds de souveraineté????). Alors que c’est le rôle du Ministère de l’Economie et de le Relance d’accompagner les projets des citoyens générateurs de valeur. Par ailleurs, l’Etat devrait soutenir les ménages à faible revenu par des allocations familiales et en minimisant leur impôt sur le revenu.

    L’Etat gabonais ne doit pas se résumer à une personne: Le Président de la République. Il faut que les gabonais(e)s et les gabonais le comprennent. Le développement, c’est avant un changement de schéma de pensées. Nos dirigeants savent que les gabonais « aiment l’argent facile ». Nous continuons à leur donner les raisons d’opérer ainsi pour nous assujettir et se maintenir au pouvoir.

    L’argent contribue à l’amélioration des conditions de vie. Certes. Il faut le gagner. D’abord. Consommer. Epargner pour sa retraite si possible. Investir pour ses descendants.

    Comprenez ceci: dans les pays du nord, aucun Président ne donne de l’argent à ces concitoyens. Aucun citoyen d’un pays ne demande de l’argent à son Président. De grâce, mes frères et mes soeurs, arrêtez ce type d’action.

    Demandez des routes, demander des bourses pour vos enfants scolarisés à partir du collège, demandez des allocations familiales plus justes, demandez une fiscalité réduite pour vos activités, demandez des transports gratuits, demandez des écoles gratuites, demandez des bons de réductions pour les familles nombreuses à valoir dans les magasins, demandez des assurances réduites pour vos maisons (voitures), etc.

    Ce vaudeville m’attriste!

    Cordialement.

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