Mis aux arrêts dans le cadre du putsch manqué du 7 janvier 2019, le lieutenant Kelly Ondo Obiang et ses complices sont en cours de jugement. Ci-après l’essentiel des dépositions, le 21 juin 2021, devant la Cour spéciale militaire. Résolument édifiant : le contexte et les motivations, le présumé commando français de Stephan Privat, les supputations autour de Frédéric Bongo, l’entrée en scène de celui-ci comme tortionnaire et maitre-chanteur, l’acquisition des armes, les conditions de détention, etc. Des interrogations aussi…

«Sur le plan sécuritaire, il avait la présence des mercenaires sur notre territoire et j’avais constaté un mouvement d’armes», raconte le lieutenant Kelly Ondo Obiang (montage infographique). © Facebook /JeffGraphics

 

Le verbatim livré par SOS Prisonniers Gabon ‘’pour l’indépendance de la Justice’’, relayant l’audience du 21 juin 2021 au cours de laquelle comparaissait le lieutenant Kelly Ondo Obiang et ses complices, laisse enfin entrevoir les mobiles et le déroulement des événements du pronunciamiento manqué de janvier 2019.

Le plumitif publié par l’ONG sur Facebook relaie notamment la déposition de l’autoproclamé président du Mouvement patriotique des jeunes des Forces de défense et de sécurité du Gabon (MPJFDS). Devant la Cour Spéciale Militaire, Kelly Ondo a décliné les motivations de son acte : «le 24 octobre 2018, suite à l’accident vasculaire cérébral du président Ali Bongo Ondimba, le pays se retrouvait dans une instabilité. Et à cette période, j’étais commandant par intérim de la compagnie d’honneur de la Garde Républicaine (GR).  À ce titre j’assistais à toutes les réunions de l’Etat major. J’avais donc plusieurs informations, je suivais également toute l’actualité politique de mon pays avec la violation de l’article 13 de notre Constitution. Une guerre de clan était née à la Présidence de la République, dirigée par le Directeur de service de renseignement. Sur le plan sécuritaire, il avait la présence des mercenaires sur notre territoire et j’avais constaté un mouvement d’armes. Le Directeur de service de renseignements était devenu tout-puissant. Tout le monde avait désormais peur de lui. Fort de ma formation, j’ai donc tiré les conclusions que le frère du Président voulait prendre le pouvoir. J’ai pris la responsabilité de lancer une contre-attaque

© Gabonreview/Shutterstock

L’incognito commando français

De qui Kelly Ondo parle-t-il, du lieutenant-colonel Frédéric Bongo, directeur général des services spéciaux (DGSS) au moment des faits ? Ceci amène naturellement des interrogations : pourquoi, 9 mois après ces évènements, celui-ci a-t-il été éloigné du pays, affecté en Afrique du Sud comme attaché militaire à l’ambassade du Gabon ? De quels mercenaires Kelly Obiang parle-t-il ?

 Le 16 janvier de la terrible année 2019, la Lettre du Continent révélait un mystérieux «audit de sécurité» mené par un groupe d’anciens militaires français peu après le début des ennuis de santé d’Ali Bongo. L’équipe était menée par un certain Stephan Privat qui, toujours selon le média confidentiel français, avait séjourné à Rabat entre le 27 novembre et le 1er décembre, où il avait rencontré Ike Ngouoni et Brice Laccruche. Selon le même canal d’information, Stephan Privat était arrivé à Libreville, accompagné de 10 autres vétérans des forces spéciales françaises, logés à La Sablière et à Batterie IV. La mystérieuse mission aurait été abandonnée même si, toujours en janvier 2019, la Direction générale de la sécurité intérieure française ouvrait une enquête visant à déterminer s’il existait un lien entre ces anciens militaires français et le coup d’Etat manqué conduit par le jeune lieutenant de la Garde d’honneur de la GR. On n’en sait toujours rien.

Image d’archive. © Facebook

Kelly Ondo prend sur lui et raconte

Poursuivi entre autres pour association de malfaiteurs, Kelly Ondo répond : «j’ai pris mes responsabilités avec 3 frères d’armes. J’ai fait appel au peuple pour que le peuple gabonais puisse défendre sa souveraineté […] Je me suis rapproché de mes hommes pour défendre la patrie, donc ce n’est pas une association de malfaiteurs mais une association de patriotes».

Et le lieutenant de 26 ans d’expliquer comment il avait subtilisé les armes ayant servi à son opération. Il s’était servi à l’armurerie de la Garde Républicaine à la cité de la Démocratie : «Nous avons trouvé le sergent qui était de garde à l’armurerie en train de boire une Regab et j’ai demandé à mes gars de le bâillonner et d’enlever la bouteille de Regab sinon on devait aussi l’accuser de complicité. J’ai donc agi ainsi pour protéger cet agent

© Gabonreview/Shutterstock

Chantage, seringue de sang contaminé, Brice Laccruche… et Frédéric Bongo dans le rôle du tortionnaire

Présenté comme un poltron ayant fui dans le quartier Plaine-Orety, celui qui était alors Commandant adjoint de la compagnie d’honneur de la Garde républicaine rectifie : «Je n’ai jamais été arrêté sous un lit, ou dans une maison. Quand j’ai reçu les informations que le directeur de renseignement avait donné l’ordre que je ne dois pas sortir vivant de la RTG, je m’étais donc isolé à côté du transformateur de la RTG. Et de ma position, je voyais tous les faits et gestes des groupes d’intervention. J’avais toujours mon M16 et plusieurs chargeurs pleins. Je pouvais endommager l’hélicoptère qui survolait à basse altitude. C’est aux environs de 12h que je me suis dévoilé auprès d’un capitaine de la Police». Exactement la version racontée par Gabonreview à l’époque des faits.

Une autre question survient au regard de cette confession : pourquoi le directeur du renseignement d’alors préférait-il l’apprenti putschiste mort plutôt que vivant ? Comptait-il classer l’affaire le plus vite possible ?

Amené à la présidence de la République après son arrestation, Kelly Ondo est torturé pendant une heure dans «une pièce isolée» où Frédéric Bongo «et ses gars» l’avaient emmené. «Ils voulaient que j’attribue la paternité de mon action à Brice Laccruche Alihanga et à la coalition de l’opposition. Il m’a même proposé des milliards et un voyage à l’étranger avec ma famille si j’acceptais de faire une fausse déclaration. Malgré les sévices, j’ai toujours dit que mon initiative est personnelle. Il m’a montré une seringue avec du sang à l’intérieur, il m’a dit que ce sang est contaminé du VIH et qu’il va m’inoculer si je ne parle pas. C’est ainsi que le Procureur de la République Olivier Nzaou a fait irruption dans la salle où j’étais torturé. Et il a dit aux gars que le monde entier sait qu’il a été arrêté vivant. C’est à ce moment que j’étais conduit au B2. Je rends grâce à Dieu si je suis encore vivant aujourd’hui, il a veillé sur moi».

L’audience de ce 21 juin 2021 aura duré toute la journée au cours de laquelle d’autres prévenus ont été entendus. Notamment l’adjudant Dimitri Nze Minko. Le récit de celui-ci sur les conditions de garde à vue du commando éphémère au B2, est fort illustratif du respect des droits de l’homme au Gabon, surtout sous la supervision d’un procureur de la République. Si en tant que représentant des citoyens et de la communauté, le procureur de la République est censé exercer un rôle d’arbitre, il n’en pas été le cas en l’occurence pour le procureur adjoint. Pendant deux semaines au B2, selon les témoignages des prévenus, les membres du commando momentané de Kelly Obiang ont été «torturés sur ordre et en présence du Procureur adjoint Wilfried Adjondo. Ils ont même été brûlés au dos», relaie SOS Prisonniers Gabon. Et l’adjudant Dimitri Nze Minko d’assurer à la Cour qu’il en porte les stigmates sur le dos.

L’affaire a été renvoyée au jeudi 24 juin 2021. Promet-elle d’autres révélations ? Le procès permettra-t-il de comprendre davantage ce qui se tramait dans les entrailles du pouvoir après l’AVC du chef de l’Etat ?

 
GR
 

14 Commentaires

  1. Cathy dit :

    N’oubliez pas Ali Bongo et toute sa bande de voleurs, d’assassins et d’usurpateurs. Voilà ceux qui méritent vraiment d’être jugés et condamnés. Il faut que cela arrive un jour. Omar Bongo a échappé à la justice par sa mort. Il ne faut surtout pas qu’Ali Bongo échappe à la justice gabonaise. Il est justiciable comme n’importe qui. Les crimes qu’il a eu à commette, il doit les payer. ASSASSIN !!!

  2. Gayo dit :

    Vaillant héros Kelly Ondo, l’Esprit de Sankara, de Jerry Rawlings et même de Mandela Nelson est en toi.

  3. Bernard Nkogue dit :

    « Le procès permettra-t-il de comprendre davantage ce qui se tramait dans les entrailles du pouvoir après l’AVC du chef de l’Etat ? »

    Moi, ce que je retiens, de tout cela, c’est qu’il nous en finir avec les Bongo. POINT FINAL. « L’AVC du chef de l’Etat… » IL FAUT CHANGER « du chef de l’Etat » par : l’AVEC de l’USURPATEUR. Il n’set et ne sera JAMAIS notre chef d’Etat.

  4. reveilconscientisateur dit :

    Tout cet histoire sent pas bon les reveletions sont teleguidee car y a des gens qui lui dicte sa conduite bref y a que les naif qui peuvent avaler sa version t ellement elle est contradictoire vous ensez vraiment que les autoritee lui aurrait laissee dire la vraie version des faits ? bref c est pathetique et t ellement enfantin que faut vraiment etre le dernier des idiots pour y croire la question que l ‘on doit avant tout se poser c est a qui raporte le crime. Bientot on va relacher tout les detourneurs et leu complices en nous disant qu ils sont innoncent ect…car eux tou sortent

    • Fille dit :

      @reveilconscientiseur, je partage votre analyse. Quand on lit jusqu’au bout, la manipulation veut faire croire que c’est Fréderic Bongo qui a tout manigancer car il voulait prendre le pouvoir après l’avc de son frère, aidé en cela de qui ? Il faut faire ressortir un Alliangha indemne de tout cela en chargeant Frédéric Bongo, pourquoi ? Donc les mercenaires qui étaient là depuis avant 2016 auraient un rôle dans ce faux coup d’état ? Ce jeune homme n’a que 26 ans, si sa version était vraie, il ne serait pas en vie et n’aurait même pas eu le temps de témoigner. Il faudrait peut-être que ceux qui savent lire sortent de la paresse intellectuelle qui conduit aux raccourcis. En fait, il est très aisé d’écrire un scénario et le faire boire aux Gabonais que nous sommes. Prenez un temps d’analyse sur les faits et situations. A qui profite le crime ? Pourquoi vouloir faire sauter Fréderic Bongo dont tout le monde sait la protection qu’il a toujours apporté à son frère ? Cette pièce théâtrale est une diversion de plus.

      • justelagriffelagriffejuste dit :

        Très chère, je partage votre avis sur la paresse intellectuelle de certains dans ce pays. Vous comprendrez pourquoi d’après un sondage que le gabonais occuperait la 51e place des peuples les plus intelligents d’Afrique mais paradoxalement le Numéro 1 en matière de consommation d’alcool.

  5. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Morceau choisit : »Si en tant que représentant des citoyens et de la communauté, le procureur de la République est censé exercer un rôle d’arbitre, il n’en pas été le cas en l’occurence pour le procureur adjoint. Pendant deux semaines au B2, selon les témoignages des prévenus, les membres du commando momentané de Kelly Obiang ont été «torturés sur ordre et en présence du Procureur adjoint Wilfried Adjondo. Ils ont même été brûlés au dos», relaie SOS Prisonniers Gabon. Et l’adjudant Dimitri Nze Minko d’assurer à la Cour qu’il en porte les stigmates sur le dos. Dans ce cas de figure quels sont réellement les vrais putschistes ? Amen.

  6. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Morceau choisit : »Si en tant que représentant des citoyens et de la communauté, le procureur de la République est censé exercer un rôle d’arbitre, il n’en pas été le cas en l’occurence pour le procureur adjoint. Pendant deux semaines au B2, selon les témoignages des prévenus, les membres du commando momentané de Kelly Obiang ont été «torturés sur ordre et en présence du Procureur adjoint Wilfried Adjondo. Ils ont même été brûlés au dos», relaie SOS Prisonniers Gabon. Et l’adjudant Dimitri Nze Minko d’assurer à la Cour qu’il en porte les stigmates sur le dos. Dans ce cas de figure qui sont réellement les vrais putschistes ? Amen.

  7. ULIS dit :

    N’OUBLIONS JAMAIS QUE LES BONGO ET VALENTIN SONT DES JUSTICIABLES COMME NOUS TOUS. ILS DOIVENT TOUS PASSER PAR LE TRIBUNAL POUR CRIMES, VOLS, USURPATION DU POUVOIR, ETC.

  8. Justelagriffe dit :

    Réfléchissons un peu. Comment comprendre que des individus font un coup d’État pour empêcher un autre coup d’État. Y’a qu’au Gabon qu’on peut entendre de telles inepties. C’est une première dans l’histoire des nations.
    Mais Personne n’a jamais vu le coup-d’état de Frédéric Bongo le seul qu’on a vu c’est celui de Kelly Ondo qui a été suivi dans le monde entier à travers les médias lorsqu’il donne ses motivations. Motivations dans lesquelles il n’avait pas fait allusion au soi disant coup d’État qu’il aurait tenter d’empêcher.
    Alors qu’il ne prenne pas les gens pour des idiots sauf pour ceux qui veulent l’être.
    Son attitude est celle de je sais que je vais couler, mais je ne vais pas couler seul.

  9. justelagriffelagriffejuste dit :

    Réfléchissons un peu. Comment comprendre que des individus font un coup d’État pour empêcher un autre coup d’État. Y’a qu’au Gabon qu’on peut entendre de telles inepties. C’est une première dans l’histoire des nations.
    Mais Personne n’a jamais vu le coup-d’état de Frédéric Bongo le seul qu’on a vu c’est celui de Kelly Ondo qui a été suivi dans le monde entier à travers les médias lorsqu’il donne ses motivations. Motivations dans lesquelles il n’avait pas fait allusion au soi disant coup d’État qu’il aurait tenter d’empêcher.
    Alors qu’il ne prenne pas les gens pour des idiots sauf pour ceux qui veulent l’être.
    Son attitude est celle de je sais que je vais couler, mais je ne vais pas couler seul.

  10. Jack dit :

    Une vraie scène de théâtre, une pièce montée #kelly est un pion toute cette histoire est de la poudre de perlimpinpin du vrai n’importe quoi.
    Il ose dire .. j’ai cet acte pour bloquer un coup d’état. Non mais arrêter ne prenez pas les gens pour des lapins de 6 semaines.
    Pour ma part, le scénario n’est pas bon

  11. Jack dit :

    Une vraie scène de théâtre, une pièce montée #kelly est un pion toute cette histoire est de la poudre de perlimpinpin du vrai n’importe quoi.
    Il ose dire .. j’ai fait cet acte pour bloquer un coup d’état. Non mais arrêter ne prenez pas les gens pour des lapins de 6 semaines.
    Pour ma part, le scénario n’est pas bon

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