Du football, en passant par l’athlétisme jusqu’aux arts martiaux, il ne se passe plus une compétition sans que les athlètes gabonais prônent le boycott ou qu’ils se distinguent par une absence patente pour déficit de trésorerie ou pour conflit de leadership entre les présidents de fédération.

Pierre Emerick Aubameyang durant la CAN 2012 - © D.R.

Très peu sollicité dans notre pays, le sport moderne est pourtant un catalyseur pour le développement socio-économique et environnemental d’un État et de sa population. Les États européens, modèles par excellence du Gabon, l’ont compris et le sport occupe une place importante dans la politique gouvernementale de ces pays. Selon le site du Conseil de l’Europe, le sport représente aujourd’hui, en moyenne, 2 % du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays européen, offrant des opportunités d’emploi et de spécialisations qui contribuent à accroître la compétitivité européenne.

Sachant que c’est l’athlète qui fait le sport et qui lui confère son importance dans le développement tous azimuts du pays, il serait inadmissible que les dirigeants ne mettent pas les moyens et les hommes qu’il faut pour obtenir des résultats escomptés.

Au Gabon, on se pose souvent la question de savoir si les dirigeants savent déterminer les priorités pour le peuple et pour l’État vu ce qui est dépensé pour des événements qui ne rapporteront rien au pays. Les exemples sont légion dans le sport et la mafia organisée autour de ce secteur, à travers les hommes qui le pilotent, participe à faire régresser les chances du Gabon à monter sur les premières marches des podiums internationaux, continentaux comme mondiaux.

Absence à des compétitions internationales et détournement des primes des athlètes

On se souvient encore de l’absence des cyclistes gabonais au dernier championnat africain pour une raison de défaut de transmission de l’information entre l’ancien patron de la petite reine gabonaise, Thomas Franck Eya’a, et le nouveau, Maurice Nazaire Embinga. Mais aussi, de celle des athlètes de l’association gabonaises de roller, Roller Parc Boulevard, qui n’ont pas pu prendre pas part au championnat du monde de roller de vitesse 2012, qui a eu lieu du 7 au 15 septembre dernier à Ascoli Piceno, province de San Benedetto Del Tronto en Italie, à cause de l’indifférence affichée par les autorités compétentes vis-à-vis des activités de cette fédération.

La dernière en date est celui du refus de nos trois combattants taekwondoïstes à poursuivre le championnat d’Afrique de taekwondo à Antananarivo en phase de demi-finale, pour réclamer leur argent qui, pour reprendre les expressions du dessinateur gabonais Pahé, «aurait été dépecé comme une antilope par les dirigeants, notamment le président de la fédération gabonaise de taekwondo, Samuel Nzé». Il y a aussi le rapatriement des deux Panthères olympiques, Samson Mbingui et son coéquipier Lionel Yakouya, de Newcastle en Angleterre à Libreville (Gabon), pour laquelle, selon une explication tout à fait crédible donnée par le site les panthernautes, «ils ont sacrifié les gamins pour des questions de pognon. Les 4 joueurs en liste d’attente ne sont pas pris en charge par l’organisation des JO et ils doivent donc pas être au village olympique. Les États les logent hors du village. Le Gabon par le Comité olympique estime que la facture est trop élevée pour garder deux joueurs à Londres car le coût de la vie est très élevé et ils n’ont pas de moyen alors la solution c’est de ramener les gamins à Libreville». «Au moment où on n’a pas d’argent pour loger deux joueurs en Angleterre, des indiscrétions font savoir que M. Taty du ministère des sports aurait transmis au service comptable de ce ministère une liste de 150 personnes qui iront aux JO», poursuivait le site. Et pour ne citer que ces cas de détournement, l’on se souviendra encore de la disparition des primes destinées aux joueurs et au staff des champions d’Afrique U-23 au Maroc, en décembre 2011.

Pour espérer exploiter tout le potentiel du sport pour le développement et obtenir plusieurs Ruddy Zang Milama ou Anthony Obame, de nombreux obstacles doivent être surmontés, comme le manque de professeurs et entraineurs qualifiés, le manque d’infrastructures sportives disponibles, le clientélisme au sein des fédérations pour la sélection des athlètes et les détournements de fonds en grand nombre au détriment de sportifs.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. ni lire ni écrire dit :

    Merci pour cet article qui confirme l’Etat lamentable du sport gabonais. Vous avez été gentils de ne pas citer (encore?) la Fégafoot (fais gaffe sur gaffe au foot) et l’ahurissante « professionalisation » de la LINAF. Je suppose que vous les réservez pour la bonne bouche…
    Tout ceci n’est que l’application au domaine du sport de l’inefficacité chronique de notre administration. Un éléphant aux poches sans fond qui pompe la richesse nationale sans créer de valeur et qui ne fait même pas les taches basiques relevant de son service.
    Au lieu de se lancer dans ses grands travaux, notre brave arpenteur national des marchés, notre estimé constateur de la vie chère, notre grand frère national obligé d’envoyer son cadet secourir son benjamin tabassé par sa propre police aurait mieux fait de s’attaquer à la seule et unique cause de notre sous développement : la nullité crasse, haineuse, la flemmardise agressive et revendicative de son administration.

  2. demain un jour nouveau dit :

    Avec les 800 000 euros de cachet pour l’equipe nationale du portugal, on aurait pu resoudre de nombreuses difficultes.. Mais bon les pantheres ont fait 2-2 contre les juniors portugais ca fait du bien o moral des gabonais. Pourvu que ca dure…

  3. Lalala-Mont Bouët dit :

    Qu’est-ce qui vous étonne? Y a pas le pilier muscle dans l’Avenir en confiance. Le pilier Gabon des services doit être redéfini en pilier « Improvisation ». Cet article montre pourtant que le sport peut contribuer à la richesse d’une nation en contribuant à don PIB. Qu’on ne nous dise pas que personne ne le sait chez les technocrates de notre ministère des Sports. La vérité c’est qu’alors que toutes les participations du Gabon à des compétitions internationales sont connues d’avance et planifiées, la dépense publique affecte toujours l’argent ailleurs, en considérant le sport comme un simple accessoire. Tout ce qui a été dépensé pour l’accueil d’Anthony Obame où on a payé les figurants déplacés, aurait pu servir à un autre volet du sport. Le cas Anthony est révélateur du fait que nos gouvernants s’en foutent du sport. Ils se contentent de récupérer les lauriers ramenés par des enfants qui transpirent seuls leur passion. Oui, comment comprendre la débauche de moyens pour accueillir le 1er champion Olympique du pays, alors qu’une dette de rien du tout en termes de moyens pendait dans sa structure de formation en Europe. Amateurisme. Vous avez dit amateurisme?

  4. nziengui serge anicet dit :

    Vous savez, il y a bcp à dire au sujet de la gestion de la chose publique au Gabon, faisant en sorte que ceux qui en parlent sont pourchassés. Le sport professionnel au Gabon parait une bonne chose de loin, mais une nouvelle table de mets succulents, un vrai banquet pour récompenser les amis du pouvoir en place. Vous verrez qu’on ne dira ni ne fera rien aux dirigeantes des clubs qui ont décidé de garder pour eux l’argent qui ne leur appartient pas. Le Gabon se redressera le jour qu’on punira les malfaiteurs; Ali Bongo sera accepté’ des gabonais que lorsqu’il saura punir ceux qui ne veulent pas travailler pour faire du Gabon un pays émergeant.
    D’autre part, je voudrai demander à la chaine 1 gabonaise de faire un effort pour satisfaire la curiosité des gabonais depuis qu’on dit que notre foot est devenu pro; c’est-à-d dire que nous avons du mal à lire le temps de jeu à gauche de l’écran, et même qu’on a du mal à lire les équipes qui s’affrontent, on écrit pas les noms des joueurs à l’écran, le ralenti qui n’est pas très juste, le son qui parfois est muet. C’est donc dire que puisque notre championnat est devenu pro, il faille réunir tous les éléments y relatifs pour son bon déroulement tant sur le plan sportif proprement dit, tant sur le soucis de satisfaire les populations qui n’auront plus grand chose à enviller aux autres nations. J’espère que vous n’ignorer pas que vous avez bcp à faire pour nous attirer dans les stades, et attirer aussi les investisseurs privés? La LINAF a intérêt pour nous faire rêver en occupant la télévision tous weekends, car aujourd’hui ce n’est pas le cas, ce qui est de mauvais augure pour elle, surtout qu’au début du championnat national dit pro, les dirigeants des équipes « bouffent » l’argent du contribuable sans en être inquiété

  5. nziengui serge anicet dit :

    Une chose est celle d’envoyer des gabonais au front, une autre est celle de savoir les encourager. Je noterai par exemple la défection de quelques sportifs dans plusieurs disciplines qui ont décidé de ne plus se battre parce qu’ils sont pris pour des esclaves, pendant même que le sport est devenu très pro chez nous. Comment comprendre que des enfants qui se sacrifient, se privent pendant longtemps de plusieurs plaisirs et autres libertés pour faire honneur au pays, ne puissent pas être satisfaits comme cela se doit. C’est une honte pour notre sport pro et notre Gabon D’Abord. Savez-vous que ces pratiques ne vont pas dans le sens d’attirer d’autres joueurs expatriés à venir jouer et rendre attrayant le championnat national? Comment les enchères pourront augmenter pour les joueurs les plus méritants, si les comportements ne changent pas maintenant?

Poster un commentaire