En marge du 7 sommet de coordination entre l’Union africaine et les communautés régionales, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a saisi l’occasion du “Malabo Leadership Breakfast Meeting” pour livrer un discours dense et stratégique. Entre plaidoyer pour la justice réparatrice, appel à une intégration pragmatique du continent et révélations diplomatiques inattendues, Libreville signe son grand retour sur la scène africaine.

Le président Oligui Nguema lors de son discours au “Malabo Leadership Breakfast Meeting”. © Communication présidentielle Gabon

 

Le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a profité du “Malabo Leadership Breakfast Meeting”, en marge du 7ᵉ sommet de coordination UA-CER, pour livrer une déclaration dense, ambitieuse et résolument panafricaine. Une prise de parole marquant le grand retour du Gabon dans l’arène continentale.

Instantanés du 7ᵉ sommet de coordination entre l’Union africaine et les communautés régionales. © Communication présidentielle Gabon

«Le 30 avril 2025 restera une date historique dans la mémoire collective des Gabonais : celle de notre retour officiel au sein de la grande famille de l’Union africaine», a-t-il rappelé d’entrée de jeu, ancrant son propos dans le nouveau cap de la 5ᵉ République gabonaise.

Une vision panafricaine claire : justice, coordination et souveraineté

Saluant l’hospitalité équato-guinéenne et l’organisation du sommet, le chef de l’État gabonais a voulu poser les jalons d’une Afrique forte, autonome, intégrée et souveraine : «L’ambition de l’Agenda 2063 est claire : faire de notre continent un espace de stabilité, de prospérité partagée et de solidarité renforcée

Mais pour cela, il appelle à dépasser les blocages technocratiques :«Trop souvent, les chevauchements institutionnels freinent l’harmonisation des politiques et diluent l’impact de nos initiatives

Concrètement, le Gabon plaide pour «une intégration régionale plus pragmatique» autour de cinq priorités : mobilité des personnes, interconnexion énergétique, sécurité alimentaire, réponse climatique et ZLECAF comme moteur central de transformation économique.

Oligui Nguema s’est également aligné avec force sur le thème du sommet : «Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations», thème hérité de la Conférence d’Accra de 2023. Il a exprimé le soutien du Gabon à la mise en place d’un mécanisme panafricain et d’un fonds continental pour la justice réparatrice : «Car l’avenir de l’Afrique ne se décrète pas ailleurs. Il se construit ici, chez nous, avec méthode, audace et solidarité.»

Une déclaration géopolitique inattendue : le mini-sommet de Washington

Moment inattendu et peu commenté dans les milieux diplomatiques jusqu’ici, le président gabonais a rappelé avoir récemment participé à un mini-sommet à Washington, convoqué par… Donald Trump ; avec pour autres invités, ses homologues du Sénégal, du Libéria, de la Guinée-Bissau et de la Mauritanie. Ce mini-sommet, selon lui, a permis aux présidents africains de porter la voix du continent : «Au regard de l’intérêt manifesté par les États-Unis à l’endroit de notre sol et sous-sol, l’Afrique est effectivement une terre riche et pleine d’opportunités

Il y aurait aussi été question d’immigration illégale, voire d’une hypothétique «possibilité d’accueillir des migrants venant des États-Unis sur le sol africain», sujet que le président gabonais a prudemment renvoyé à la souveraineté de chaque État.

Enfin, dans un geste d’ouverture et d’ambition continentale, Brice Clotaire Oligui Nguema a proposé que le Gabon accueille la 9ᵉ réunion de coordination de l’UA en juillet 2027. Une candidature qui marquerait un aboutissement symbolique pour un pays en transition, redevenu acteur engagé du multilatéralisme africain.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Kobbe dit :

    L’AFRIQUE: NI FRANCOPHONE NI ANGLOPHONE MAIS ‘’AFROPHONE’’
    L’Unnion Africaine doit parler les langues locaux de l’Afrique. Le vocabulaire erroné du soi-disant ‘’Afrique francophone’’ ou ‘’Afrique anglophone’’n’est que du pire dogme idéologique, car nous ne sommes ni l’un ni l’autre mais nous-mêmes: ni le français ni l’Anglais sont une langue maternelle ou natale du continent, donc l’Afrique n’est ni francophone ni anglophone mais ‘’AFROPHONE’’car chaque pays du continent parle premièrement sa ou ses langues maternelles. Comprendre le français/anglais ferait automatiquement de nous des des francophones/anglophones ? Que NON.

    En vrai amoureux passionné de la langue Anglaise, lors de sa récente visite au Royaume-Uni Emmanuel Macron a eut une fois de plus une occasion parfaite de s’exprimer pleinement dans cette langue qu’il adore si tant. Qu’importe, la VG ne jure que par le français. Quand actuellement l’Hexagone s’efforce quotidiennement d’acquerir des compétences en Mandarin et Anglais nos aînés de la vielle génération (VG), dans l’entre-temps,continuent de manière effrénée de s’abrutir dans la Langue de Molière. Pourtant en réalité ni Madagascar ni le monde ne parlent pas français:

    – 85% de Gabonais communiquent en Fang, Mbere, Teke comme langue maternelle et natave, seulement 15% de la population nationale parle français couramment
    – 3,4 % de la population mondiale parle français (contre environ 20% parlant anglais)

    Les chiffres ne trompent pas. Mais le réel danger contre la langue française en est que si l’Afrique et son actuelle nouvelle génération (NG) continuent de s’éloigner du français il en restera approximativement que 0,4% des personnes ayant le français comme langue maternelle/natale ou langue administrative: un réel danger existentiel pour la Langue de Molière. Peut-être le vrai danger contre le français vient de la politique des dirigeants français.Mais la réalité reste inchangée: nous ne sommes pas des francophones. Et continuer de s’époumoner sur une langue si minoritaire équivaut a s’isoler globalement.

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