Au Gabon où la loi prévoit un recensement général de la population tous les 10 ans, cette obligation n’a été respectée en 2023. Entre méfiance des populations et difficultés aussi bien matérielles que financières, le Bureau central du recensement n’a pas réussi à boucler l’opération mais promet de le faire au plus tard en juillet 2024… si les moyens financiers sont mis à disposition. Ce décalage n’est pas le premier du genre dans le pays.

Pierre Claver Mfouba, le 29 décembre 2023. © Gabonreview

 

Conformément à la Constitution qui prévoit l’organisation du Recensement général de la population et du logement (RGPL) tous les 10 ans, après celui de 2013 le pays a lancé en 2023 sa huitième opération, avec une innovation : l’utilisation des tablettes lors de la collecte. Le programme initial des activités prévoyait le début des travaux de cartographie sur le terrain au plus tard le 24 avril 2023 et le dénombrement au plus tard en décembre 2023 mais le calendrier n’a pas pu être respecté. En cause, a expliqué le directeur du Bureau central du recensement (BCR) lors des journées de diffusion des statistiques 2023, «la modicité des moyens financiers et l’absence des équipements essentiels».

Un nouveau calendrier d’exécution

Instantané d’une présentation aux JDS. © Gabonreview

«Le principal obstacle a été l’insuffisance des tablettes», a expliqué Noël Moussavou selon qui, le niveau de réalisation de l’opération est estimé à 92,10% dans le grand Libreville. A cela se sont ajoutées des difficultés d’ordre contextuel. Alors que 2023 était une année électorale, les travaux cartographiques ont débuté à la veille des élections. Ce qui a occasion la méfiance et la faible adhésion des populations. «Ce climat délétère a occasionné de nombreux refus que les équipes se sont attelées à rattraper compte tenu de la nouvelle situation sociopolitique qui est plus favorable», a expliqué le directeur du BCR.

Le nouveau calendrier d’exécution, dans ce contexte, fixe la réalisation du dénombrement principal en juin 2024 «pour la production des résultats préliminaires en juillet 2024». Un calendrier dont le respect ne dépendra que de la disponibilité des ressources financières conditionnant la disponibilité des moyens logistiques nécessaires à cette opération. En clair, ce calendrier prévoit les travaux de cartographie finalisés de mars à mai 2024 ; le dénombrement en janvier 2024 pour la phase pilote et juillet 2024 pour la phase principale ; septembre-décembre 2024 pour l’enquête postcensitaire ; janvier-mars 2025 pour le traitement et l’exploitation des données ;  mars-août 2025 pour l’analyse des données.

«Le recensement se fera en 2024»

Entre septembre et décembre 2025 interviendra la publication et la diffusion des résultats définitifs. Qualifiant le RGPL d’activité complexe, Noël Moussavou note que «sa réussite est conditionnée par une ferme volonté politique de disposer des informations qui aident à asseoir les politiques de développement fondées sur des données objectives, fiables et actuelles». «Dans le contexte actuel cette opération revêt un caractère encore plus crucial car elle est la seule à permettre aux autorités de la transition d’asseoir leurs décisions sur des bases objectives», a-t-il commenté. «Le ministre de l’Économie et des participations nous a instruit de terminer cette opération qui est essentielle», a fait savoir Pierre Claver Mfouba.

«Il a pris des dispositions pour qu’au plan budgétaire les choses soient prises en charge correctement. Le recensement se fera en 2024», a poursuivi le directeur général de la Statistique expliquant que le Gabon n’essuiera pas son premier décalage en matière de RGPL. «Le premier recensement n’avait pas eu lieu en 1963. Il y a eu une première rupture en 1990 parce que c’était 70, 80. On devait le faire en 90 mais à la suite des événements historiques que nous connaissons, il y a eu un premier décalage. Ce point d’inflexion de 1990 se reproduit d’une certaine façon en 2023 pour créer un décalage», a-t-il expliqué. «Mais chaque fois c’est lié à des questions de gouvernance, à des situations politiques», a souligné Pierre Claver Mfouba.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire