Près de six ans après son engagement pour la restitution des biens culturels africains pillés pendant la colonisation, le président Emmanuel Macron est interpellé à Libreville par l’association ESSAP (la clé chez le Peuple Ekang), pour que cette promesse qui peine à se concrétiser le soit pour les 2 448 objets sacrés gabonais détenus arbitrairement en France, dont les masques Ngil.

L’association ESSAP sollicite l’aide d’Emmanuelle Macron pour la restitution des 2448 objets sacrés gabonais détenus arbitrairement en France dont les masques Ngil. © Gabonreview

 

Le 28 novembre 2017, lors d’un discours à l’université de Ouagadougou (Burkina Faso), Emmanuel Macron avait évoqué, à la surprise générale, le sujet polémique de la restitution des biens culturels africains pillés et mal acquis. «Je ne peux pas accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France», précisait alors le président français. «Il y a des explications historiques à cela, mais il n’y a pas de justification valable, durable et inconditionnelle, le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections privées et des musées européens. (…) Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique».

Près de six ans après ce discours d’espoir pour le peuple africain spolié, c’est le statuquo pour certains États, dont le Gabon. Saisissant l’opportunité des quarante-huit heures de présence à Libreville, du président français, les membres de l’association ESSAP, regroupant des patriarches et des jeunes initiés au rite traditionnel «N’Guil» demandent au chef d’État français, dans une lettre dont Gabonreview a reçu une copie : de confirmer ses déclarations de Ouagadougou du 28 novembre 2017 en actant juridiquement la restitution des 2448 objets sacrés gabonais détenus arbitrairement en France dont les masques Nguil ; de soutenir une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU sur la «Restitution des objets sacrés aux pays africains autant qu’a d’autres pays tels la Chine, l’Inde ou encore le Mexique victimes de pillages coloniaux».

«Dans un contexte mondial où les questions de propriété et de souveraineté sont débattues au Conseil de Sécurité, nous avons l’intime certitude que ce texte a de sérieuses chances de passer. En tout cas, l’adoption d’une telle résolution et le recouvrement de notre patrimoine détermineront, à n’en pas douter, la qualité des relations entre nos continents, nos pays, nos peuples, en particulier les liens futurs entre la jeunesse gabonaise et celle de la France», estime ASSAP.

En effet, résolus à mettre un terme à ce que nos peuples considèrent comme un sacrilège, l’association ESSAP a mandaté le Dr Louis-Georges Tin pour l’accompagner dans l’identification du patrimoine sacré gabonais pilé, des auteurs et complices de ces crimes, mais surtout à rechercher des solutions pragmatiques œuvrant à la restitution totale et sans condition de nos objets sacrés à nos communautés. De même, elle a demandé au gouvernement de la République du Gabon de porter au Conseil de Sécurité de l’ONU une Résolution permettant de régler définitivement la question des restitutions.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. […] Arriving in Libreville on March 1, 2023, the President of the French Republic, Emmanuel Macron, was questioned by the association ESSAP, which gathers the traditional leaders of Gabon, and by the Prime Minister of the State of the African Diaspora. This questioning is about restitution, and was done through a call, published in the national press, and widely diffused in the social media. https://www.gabonreview.com/restitution-du-patrimoine-sacre-du-gabon-lassociation-essap-interpelle-m… […]

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