Au Gabon, acteurs politiques et société civile appellent à des élections apaisées cette année, mais à en croire la plateforme Alternance 2023, le pouvoir attise le feu. Reçue par le représentant des Nations-Unies dans le pays le 8 août, la plateforme a tiré la sonnette d’alerte quant à la pression de la rue. Plaidant pour un retour à l’essentiel consacré depuis 1996, ses membres ont appelé les Nations-Unies à veiller au grain.

Les membres de la plateforme Alternance 2023, le 8 août à l’Unoca. © D.R.

 

«Les quartiers grouillent de terreur et d’envie d’aller plus fort que nous», a prévenu le 8 août, le président de la plateforme de l’opposition, Alternance 2023. «Nous sommes parfois dépassés nous les hommes politiques par le quartier qui demande à faire maintenant autre chose», a ajouté François Ndong Obiang. «Avant qu’on en arrive là, il est temps que tout le monde se ressaisisse et qu’on parte à l’essentiel», a-t-il alerté à l’issue d’une rencontre à Libreville, avec le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale et chef de l’Unoca. Chez Abdou Abarry, lui et les autres membres de cette plateforme ont exprimé leurs craintes quant au déroulement apaisé des scrutins du 26 août.

Dans leur démarche, ils ont exposé ce qu’ils ont relevé comme dérives dans le cadre institutionnel gouvernant ces élections. Des modifications, disent-ils, «opérées depuis six mois par l’État gabonais pour totalement déstructurer le cadre des élections au Gabon». Alternance 2023 dénonce une désorganisation, une cacophonie et une déroute organisationnelles avec à la clé, 200 recours à la Cour constitutionnelle. «C’est du jamais vu !», s’est écrié François Ndong Obiang. Pour la plateforme, le choix d’organiser trois scrutins le même jour était une mauvaise idée et le choix du bulletin unique, une bêtise. «Le Gabonais qui vote doit voter le candidat qu’il veut et doit pouvoir voter les trois scrutins», a-t-il déclaré.

Le chef de l’Unoca saluant les membres d’Alternance 2023. © D.R/Gabonreview

Revenir à l’essentiel

Avec le bulletin unique, a-t-il indiqué, l’électeur court le risque d’être soumis «à une abstention totalement arbitraire et anticonstitutionnelle», et le principe de séparation de pouvoirs consacré par la Constitution est trahi. «Où a-t-on vu que dans une même enveloppe, on mélange le président de la République et le député ? Et on veut nous expliquer que c’est un vote. Non !» s’est-il exclamé. «Donc nous sommes venus expliquer cela aux Nations-Unies qui sont la porte du monde et qui sont là aussi pour prévenir les conflits», a fait savoir François Ndong Obiang. Selon qui, Abdou Abarry a été à l’écoute «et sérieusement sensibilisé». Parce que, dit-il, «la paix que nous voyons de manière transversale et transparente n’est pas la paix des quartiers».

Les membres d’Alternance 2023 appellent les pouvoirs publics à revenir à l’essentiel qu’ils résument en quatre points : laisser voter chaque Gabonais à chaque scrutin et de manière normale ; avoir un représentant de chaque candidat dans les bureaux de vote comme cela se fait depuis 1996 après les accords de Paris ; convoyer les urnes avec des représentants de bureaux de vote et pas uniquement avec des militaires «qui n’ont pas intérêt à l’action» ; authentifier le bulletin de vote. «Ce qu’on nous interdit aujourd’hui», a commenté François Ndong Obiang parlant des choses évidentes, voire simples, que les acteurs politiques partagent avec le pouvoir depuis au moins 1996. «Pourquoi les annulerait-on à la veille du scrutin de 2023 ?» a-t-il interrogé.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Akoma Mba dit :

    Il y a un proverbe arabe qui dit qu’on peut vous tromper, narguer, voler deux fois. Mais accepter qu’on vous vole pour une troisième fois d’affilée n’est que de votre propre faute et chose de dupes, où comme disent les autres « Plus bête qu’un Gabonais, tu meurs ».

    Depuis 2009 Akoma Mba n’a plus jamais perdu son temps à aller voter dans un pays dirigé par des inutiles, incapables de construire des routes qui sont partout ailleurs la première source de développement. Regardez partout partout, tous les candidats sont d’anciens acolytes de Bébé Doc et on ose appeler ça Opposition, mon oeil!
    Que signifie voter dans une République bananière comme le Gabon où tout est tripatouillé d’avance sous et devant nos yeux? On va encore faire comment… Pardieu!

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