Énorme surprise aux élections présidentielle sénégalaises avec les scores écrasants engrangés dès le 1er tour par le ticket Faye-Sonko du parti d’opposition Pastef, infligeant une défaite cinglante au président sortant Macky Sall. Malgré l’emprisonnement de leurs leaders, les électeurs ont massivement plébiscité le changement porté par Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Ce «raz-de-marée» inattendu laisse présager des bouleversements majeurs et pourrait ouvrir la voie à des enquêtes sur l’ère Macky Sall.

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Macky Sall s’en mordra longtemps les doigts, lui qui croyait avoir ouvert un boulevard à son poulain Amadou Ba – à défaut d’avoir pu s’octroyer lui-même 3ème mandat – après avoir neutralisé ses principaux challengers, leaders du PASTEF (les Patriotes africains du Sénégal pour Le travail, l’éthique et la fraternité).

Ironie du sort, ce sont plutôt «ses deux prisonniers» et leaders du Pastef, Ousmane Sonko (candidat naturel) et Bassirou Diomaye Faye (candidat de substitution), longtemps bâillonnés et emprisonnés qui se retrouvent à mener les débats et le jeu sur la scène politique locale et à qui la magistrature suprême tend  les bras, avec une brillante et séduisante élection au premier tour.

Pourtant crédité d’un bilan à priori flatteur, le président sortant de la république du Sénégal est malgré tout chahuté et combattu sur tous les fronts par la grande majorité de ses compatriotes.

Pour suivre de près les derniers développements de la politique et de l’actualité sénégalaises, certains spécialistes de l’Afrique occidentale et du Sénégal avaient certes prédit des jours sombres à Macky Sall, sans pour autant envisager dans les proportions actuelles, la tournure des évènements qui se transforment en un véritable plébiscite pour ses farouches opposants et «prisonniers».

Ticket Faye-Sonko

Les cafouillages, tergiversations et harcèlements judiciaires exercés par le président sortant sur ses principaux challengers, ont de toute évidence largement contribué à scier la branche sur laquelle il a installé son ancien premier ministre et dauphin, Amadou Ba.

Nombreux sont ceux qui se demandent même si Macky Sall a réellement œuvré à travailler et à conforter les assises de son poulain à cette présidentielle, au regard de la déculottée qui lui a été infligée. À Dakar, comme dans beaucoup d’autres capitales africaines, la clameur populaire est en tout cas sous le charme du ticket gagnant «Faye-Sonko».

L’effet Ousmane Sonko

Très populaire auprès des jeunes (plus de 60% des 7 millions d’électeurs, politiquement inclassable et à distance ténue de toutes formes d’ingérence extérieure (occidentale et française notamment), il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’Ousamne Sonko a été au cœur du jeu politique sénégalais de ces dernières années et l’élément clé du «raz-de-marrée» de son poulain Bassirou Diomaye Faye, candidat du Pastef et de la coalition Yewi Askaye wi. Candidat de rechange en l’absence de son mentor, jeté en prison comme lui-même d’ailleurs. À la différence notoire que Sonko ne jouissait pas de ses droits pour être candidat dans les délais prescrits.

La question de l’heure à Dakar n’est plus tellement de savoir comment et avec qui le 5ème président de la république du Sénégal dirigera le pays de la téranga, mais plutôt de savoir comment fonctionnera le ticket des deux «prisonniers» de Macky Sall à la tête du pays de la téranga. Eux qui ont mené en une semaine, aussitôt sortis de prison, une campagne particulièrement offensive et sans répit, ralliant à leur cause, l’écrasante majorité de leurs compatriotes. En avaient-ils vraiment besoin, tant le camp du président sortant, très mal inspiré ces dernières semaines, aura multiplié maladresses et énormités ?

À l’épreuve de l’exercice du pouvoir

S’il est évident que le pouvoir semble promis au Pastef et à ses dirigeants, il reste malgré tout qu’une bonne lecture des enjeux et des centres d’intérêt de la jeunesse et de la société sénégalaises doit être de rigueur.

À tout prendre le vote des sénégalais en faveur du «sopi», le changement, doit inspirer deux enseignements. Le premier, c’est celui du ras-le-bol des populations devant les pratiques de gouvernance perfides et brutales de Macky Sall. Le second, le vote par défaut de Bassirou Diomaye Faye, faute d’avoir obtenu la candidature d’Ousmane Sonko.

À l’exercice du pouvoir, il sera donc intéressant d’observer si le mentor et président par procuration (Sonko) ne se montrera pas trop encombrant ou si au contraire, le poulain (Diomaye Faye) sera tenté par de fortes velléités d’indépendance ? Dans un cas comme dans l’autre, ‘’ça craint’’ dans le camp des perdants, Macky Sall en particulier, où l’on redoute la mise en branle de la justice des vainqueurs.

Dans les milieux proches du Pastef et ses soutiens, y compris le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Karim Wade, autre «prisonnier» de Macky Sall, il se susurre, une fois la présidentielle en poche, l’ouverture des audits et enquêtes financières sur les 12 dernières années de gouvernance et les nombreux chantiers pharaoniques qui font polémiques.

Encore une fois, les échos venus du Sénégal, incitent à l’humilité sur un continent où les dirigeants se sont souvent pris pour des messies, se refusant souvent de lire et de décrypter les signes du temps, dévoilés parfois même dans le proche voisinage. Comme si ça n’arrivait qu’aux autres !

Aïeul Barack

 
GR
 

1 Commentaire

  1. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Comme quoi lutter pour la bonne cause paye toujours. Bravo. Amen.

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