À la tête de cette entreprise publique depuis huit mois bientôt, cet ancien directeur de cabinet de ministre de l’Economie affirme que le meilleur de Sogatra est à venir, en raison des talents dont regorge l’entreprise et de leur volonté à atteindre ensemble les objectifs qu’ils se sont fixés. En attendant l’arrivée de nouveaux bus, l’homme a remis en marche quelques-uns et initié plusieurs chantiers : plan de carrière des agents, nouvelle grille de salaires, épuration de la dette patronale CNSS, dialogue social avec les syndicats à l’exception de l’un d’entre eux.  «La tâche n’est pas facile, mais il s’y attèle avec énergie et détermination !», souligne un de ses Conseillers.  

© Gabonreview

 

«Redresser, assainir, faire avancer, remettre en orbite». C’est ce qu’a commencé de faire Bruno Minko-mi-Ngwa, le directeur général de la Société gabonaise de Transport (Sogatra), dès sa prise de fonctions. Redressement de l’entreprise, assainissement des finances, avancement des projets communs et remise en orbite de la première société publique de transport en commun du Gabon. Depuis huit mois, il s’y attèle, et certains résultats sont palpables. Déjà, on lui est reconnaissant dans l’entreprise d’avoir permis que les salaires soient payés tous les mois à la date du 5 ou du 6. «Depuis son arrivée, nous sommes payés tous les mois ; honnêtement, il faut reconnaître que notre situation globale a changé sur ce plan-là», souligne Patrick, employé à la direction de l’Exploitation. Cet agent précise que «seul ce mois de novembre n’est pas encore payé, mais on nous dit qu’il le sera en milieu de semaine prochaine ; on attend. En fait, le DG avait le choix entre un licenciement d’ampleur et une baisse des salaires ; il a choisi une légère décote des émoluments, et c’est mieux ainsi». Dans une entreprise qui ne versait plus des salaires aux employés depuis 7 mois, le mérite de Bruno Minko-mi-Ngwa n’en est que plus grand aux yeux d’une grande partie des 940 employés.

Bruno Minko-mi-Ngwa, le directeur général de la Société gabonaise de Transport (Sogatra). © D.R.

Ce défi des salaires est relevé, en tout cas sur le point de l’être définitivement, par la nouvelle direction générale qui, en lieu et place du licenciement d’ampleur préconisé, a préféré faire une décote de 8% (pour les agents) et 10% (pour les cadres dirigeants) sur les rémunérations. «Cette sacrée bonne idée a permis de maintenir l’ensemble des emplois dans la société», se réjouit un leader de syndicat, qui affirme que «le directeur général lui-même a beaucoup perdu sur son salaire ; il est moins payé que ses prédécesseurs ; pourtant il arrive avant 7 heures et quitte le bureau certains jours à 1 h du matin». En fait, la méthode Minko-mi-Ngwa consiste à associer, à la décision, les cadres dirigeants, les agents et les partenaires sociaux. «Par exemple, cette décision portant sur la décote des rémunérations a été prise de manière collective, nous avons signé un protocole d’accord», affirme le syndicaliste, avant d’ajouter : «après l’accord intervenu entre les dirigeants de l’entreprise et nous, le Conseil d’administration aussi a signé, puis l’Inspection du Travail a validé, j’apprécie cette méthode de travail imprimé par M. Minko-mi-Ngwa».

Sur la décote de 8 à 10% des salaires, les partenaires sociaux ont signé le protocole d’accord, le Conseil d’administration également et l’Inspection du Travail l’a validé

Sogatra va-t-il vraiment renaître des cendres dans lesquels on a voulu le jeter ? Cette entreprise peut-elle redevenir fiable à moyen terme ? Pour le directeur général qui salue le travail effectué en équipe avec les autres cadres dirigeants, «Sogatra va redevenir solide dans quelque temps, quelques mois. Je suis déterminé à assainir la gestion de la société, aussi bien en ce qui concerne les ressources humaines (plan de carrière, nouvelle grille de salaires, paiement progressif de la dette vis-à-vis de la CNSS qui a été réduite de 26 milliards à 19 milliards CFA grâce à l’État, etc.) qu’en ce qui concerne le matériel roulant et l’infrastructure existante. J’entends aussi mettre l’accent sur l’inter-urbain, notre société doit être de plus en plus présente dans les agglomérations de l’arrière-pays, conformément à la volonté des plus hautes autorités de notre pays qui ont fixé cet objectif à notre entreprise, et nous allons davantage la mettre en œuvre». «Lorsque nous sommes arrivés à Sogatra, l’entreprise ne disposait pas d’outils de comptabilité. Nous les avons mis en place. Nous avons sauvegardé les emplois qui étaient alors au nombre de 1022, et qui se situent aujourd’hui à 940, en raison de départs à la retraite et de quelques licenciements pour destruction du patrimoine de l’entreprise. Nous avons, les cadres dirigeants et moi, institué un management collégial, les décisions se prennent ensemble, en toute collégialité, et sont ensuite discutées avec les administrateurs, puis, si nécessaire, validées par l’Inspection du Travail». Le directeur de Sogatra affirme prendre «comme des conseils pour mieux avancer» les critiques dont l’entreprise fait l’objet, non sans estimer que certaines d’entre elles sont excessives et incompréhensibles, et en espérant qu’elles n’ont pas pour objectif de stopper l’équipe dirigeante dans ses efforts de redressement !

 «Tout faire pour que Sogatra vive et redevienne une entreprise respectée»

Pour Bruno Minko-mi-Ngwa, «Sogatra dispose de beaucoup de talents ; ils sont associés aux décisions, et je me réjouis d’avoir une équipe qui en veut. Nous allons ensemble redresser la maison, j’en suis convaincu. Par ailleurs, Sogatra n’est la caisse noire de personne. L’agent comptable, le directeur financier et le directeur des ressources humaines peuvent le confirmer : nous travaillons ici en toute transparence». «Nous faisons tout pour que ce qui s’est passé ici au cours de ces dernières années ne puisse pas se reproduire avec le management que nous avons mis en place pour sauvegarder la vie de Sogatra». «Le chef de l’État et le Gouvernement ne souhaitent pas la mort de Sogatra, ils nous en ont confié la gestion, avec mon équipe et l’ensemble du personnel, nous nous devons de tout faire pour que cet outil continue de vivre pour le bonheur des populations que nous avons la mission de transporter, et pour que Sogatra redevienne une entreprise respectée».

La direction générale de la société a également entrepris de réparer les bus, en attendant l’arrivée de la nouvelle dotation. Une quinzaine sont aujourd’hui en circulation. Dans les couloirs de Sogatra, la détermination de l’équipe dirigeante est reconnue de tous, et ses premiers résultats sont salués. «Redresser, assainir, faire avancer, remettre en orbite». Il est à souhaiter que cet objectif soit poursuivi pour Sogatra par l’ensemble du personnel dans un esprit de collégialité !

 
GR
 

1 Commentaire

  1. bill ngana dit :

    Bravo, M. Minko !

    J’ai eu plaisir à lire ce qui est écrit ici, et à noter les efforts considérables que vous avez faits depuis sept mois. Je vous encourage à faire mieux encore. C’est pourquoi je vous exhorte à dire à vos dirigeants, qui le savent très bien, sans aucun doute, qu’à chaque mission correspondant des moyens adaptés. S’ils vous demandent, en tant que DG de SOGATRA, de ne « ne pas oublier l’arrière pays « , il faudrait qu’ils vous donnent aussi des moyens conséquents pour chaque cas. Car je trouve anormal qu’on vous recommande de faire de l’interconnexion provinciale ou/et départementale sans adapter à cette mission le genre de bus qui lui convient. De telle sorte que le peu d’autocars réservés et adaptés au transport urbain à Libreville sont mis à contribution pour circuler sur des pistes d’éléphants, sous prétexte de répondre aux ordres de la hiérarchie, pour finalement les épuiser et les abîmer complètement avant terme. A ce sujet, je vous suggère d’examiner avec attention ce que faisait le transporteur de Mouila des années 60 à 90 : il y a forcément beaucoup à apprendre de son expérience.

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