Après quatre journées de mission au Gabon, la rapporteuse spéciale du conseil des Droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies, Joy Ngozi Ezeilo, a livré les conclusions de sa visite sur l’évaluation de la traite des personnes ainsi que les moyens mis en œuvre par les autorités du pays pour lutter contre cette pratique.

Traite des êtres humains enfants

Mandatée par le conseil des Droits de l’homme de l’ONU pour promouvoir la prévention de la traite des êtres humains sur toutes ses formes et encourager des mesures en vue de faire respecter, protéger les droits fondamentaux des victimes, la rapporteuse spéciale de l’organisation onusienne a, au terme de sa mission, dressé un bilan mitigé de la traite des personnes au Gabon. De même, a-t-elle procédé à des  recommandations devant permettre aux autorités gabonaises de prendre à bras le corps ce phénomène de société afin de l’éradiquer.

Joy Ngozi Ezeilo, rapporteuse spéciale du conseil des Droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies

Joy Ngozi Ezeilo, rapporteuse spéciale du conseil des Droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies

«Lors de ma visite à Libreville, j’ai rencontré les autorités du gouvernement, du ministère des Affaires étrangères, de la Justice, du Travail, des Affaires sociales, de la Famille, de l’Intérieur et de la Défense. J’ai également rencontré le procureur général, j’ai visité les services de la protection des mineurs. Les victimes de la traite notamment les filles étrangères, et surtout celles qui sont au centre d’accueil d’Agondjé et les deux autres centres d’accueil qui sont animés par Caritas», a indiqué Joy Ngozi Ezeilo.

Traite des êtres humains«Le gouvernement de la république gabonaise a démontré une volonté de lutter contre la traite des personnes par sa ratification du protocole sur la prévention de la traite des personnes et également la convention sur les droits des Enfants et la convention sur les droits de la femme. Au plan national, le gouvernement a accompli un certain nombre de progrès dans ses efforts visant à attaquer la traite des personnes et par l’adoption de la loi 9/2004, il a aussi créé, sous le ministère de la Justice, la commission interministérielle pour prévenir la traite contre les personnes humaines», a-t-elle reconnu.

Après avoir noté la volonté du gouvernement gabonais à prendre des mesures contre la traite, Joy Ngozi Ezeilo a souligné des insuffisances dans l’effort des autorités, qui devraient être résolues pour qu’ils soient couronnés de succès. Il s’agit notamment de l’absence de sensibilisation et de connaissance sur la traite des personnes, la non-conformité de la définition de la traite par rapport au protocole de Palerme, l’absence de couverture et de protection pour les autres formes de traite pour des enfants âgés de plus de 18 ans, la difficulté dans la collecte de données, l’absence de données nationales fiables pour déterminer les formes, et manifestation tendance de la traite, notamment, la nature de la traite.

Traite des femmes«C’est aussi alarmant de penser qu’il n’y a pas une seule poursuite judiciaire de la part de la Cour criminelle contre ces trafiquants et ceci va motiver les trafiquants dans le cadre de leurs opérations. Les procédures judiciaires sont également longues et compliquées et il semble que les compétences n’existent pas de façon suffisante pour les enquêteurs, et encore une fois, la question de l’indemnisation des victimes de la traite», a déclaré Joy Ngozi Ezeilo

Face à tous ces manquements, la rapporteuse spéciale de l’ONU a émis des recommandations à l’endroit des autorités du Gabon, pour une lutte efficace devant permettre de s’attaquer de manière viable et durable au problème de traite des personnes.

«Le gouvernement doit assurer une application complète et une conformité avec le protocole de Palerme qu’il a ratifié ; accélérer le processus de révision de la loi 9/2004 en particulier pour définir et élargir le champ d’application de cette loi pour comprendre toutes les formes de la traite en conformité avec le protocole de Palerme. Il doit aussi utiliser comme modèle la définition du Haut-commissaire pour les droits de l’homme et appliquer ces principes et directives sur les droits de l’homme comme référence, puisqu’elles guident les états sur le comment intégrer une approche basée sur les droits de l’homme dans la lutte contre la traite des personnes», a-t- elle proposé.

La traite des êtres humains est définie comme le «recrutement, transport, transfert, hébergement ou accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte» aux fins d’exploitation. Elle est devenue un enjeu international majeur lui même lié aux problématiques migratoires et à la criminalité organisée. Par le terme «traite des êtres humains», on entend donc à la fois la prostitution forcée, l’utilisation d’enfants pour se livrer à la mendicité ou commettre des délits, le travail forcé (travail domestique par exemple), la survivance de l’esclavage traditionnel, les mariages forcés, le trafic d’organe, tant au niveau national (principalement des zones rurales vers les zones urbaines) que régional et international.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. moukoko dit :

    C’est pas mauvais de presenter le rapport ainsi . Mais ce que l’experte onusienne a manquer de faire est de rencontrer les acteurs de cette lutte au Gabon, (comites de vigilance, gouverneurs, procureurs et substituts, juges d’instruction…) tant ceux de la Ville de port gentil, que ceux de la Ville de mouila qui ont mene des actions tres remarquables. De cette maniere Elle aurait pu comprendre et toucher du doigt tout ce qui se fait. Car vivre un recit par voie intermediaire est Bien, Mais l’entendre des acteurs eux memes serrait aussi bien… Bref.

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