Face aux différentes interprétations entendues ici et là concernant le coût des billets chez Afrijet, son administrateur général s’est épanché, le 13 janvier, explicitant les différentes tarifications appliquées par la compagnie. Malgré un contexte inflationniste, la tarification est élaborée de telle sorte que tout voyageur puisse trouver son compte… sans chausse-trappe au seul bénéfice du presque monopoleur de l’aviation civile au Gabon.

© Montage GabonReview

 

L’administrateur général de la compagnie aérienne Afrijet, Marc Gaffajoli, a explicité, le 13 janvier 2023, le coût du transport aérien, plus particulièrement les différentes tarifications appliquées par sa compagnie. «Nous avons une variété de prix. Rien de neuf sous le soleil. Ce que nous faisons là, l’ensemble des compagnies aériennes du monde le font. Il est naturel pour toutes les compagnies aériennes d’avoir toute une gamme de prix. Parce que, dans le transport aérien, la demande n’est pas constante. Elle change dans la journée, dans la semaine, dans le mois et dans la saison», a laissé comprendre, d’entrée de jeu, le CEO d’Afrijet.

Marc Gaffajoli, administrateur général d’Afrijet, le 13 janvier 2023, à Libreville. © GabonReview

Ruée sur les billets ‘entrée de gamme’ et besoins d’équilibre

Une égalité de chance quant à la tarification serait pratiquée par la compagnie, à travers un éventail de prix au choix des différentes catégories de voyageurs. À titre d’illustration, «la gamme des prix sur Port-Gentil, Franceville et à l’intérieur du pays est de 49.500 FCFA toutes taxes comprises, jusqu’à 216.300 en aller simple. Sur Douala, on démarre à 97.000 FCFA pour le premier prix, jusqu’à 214.000 FCFA. Ces gammes de prix s’adressent à des personnes ayant des besoins différents, des niveaux de flexibilité différents, des nombres de bagages différents et qui s’y prennent dans leurs achats à différent moments».

Le principe appliqué par la compagnie voudrait que, sur chaque vol, il y ait différents types de billets : entrée de gamme (bas prix), milieu de gamme (prix moyens) et haut de gamme.

Sans doute du fait du contexte économique et des difficultés y consécutives se répercutant sur le pouvoir d’achat des ménages, la tarification ‘entrée de gamme’ est actuellement l’une des plus prisées. «Sur l’année 2022 nous avons vendu, sur le réseau domestique Port-Gentil et M’Vengue, 38.500 billets à 49.500 FCFA. Je crois qu’aucune compagnie aérienne dans l’histoire du Gabon n’a fait ça avant», révèle le patron d’Afrijet.

D’après Marc Gaffajoli, le prix s’adapte toujours aux circonstances et au contexte du milieu d’exploitation. Faute de quoi, les compagnies mouraient du fait des coûts qu’elles subissent. Il y a, en effet, que la première compagnie aérienne de la zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) est confrontée à d’énormes difficultés. Celles-ci sont notamment liées à la hausse du prix du kérosène, des pièces détachées et des redevances. Dans ce contexte et avec de telles contingences, elle ambitionne d’intégrer la Fédération des entreprises du Gabon (importante organisation regroupant les grandes entreprises et des PME du pays) dans les prochains jours. Dans ce cadre associatif travaillant à la protection des entreprises par l’interactivité avec les pouvoirs publics, Afrijet croit pouvoir trouver des solutions aux difficultés rencontrées dans ses activités.

La structure du prix d’un billet Afrijet

La Compagnie Afrijet est ainsi confrontée à d’énormes difficultés en ce qui concerne son fonctionnement. D’après l’administrateur général, le transport aérien n’échappe pas à la poussée inflationniste et il est même l’un des plus visé.  «Aujourd’hui, on a un kérosène qui a flirté avec les 100% d’augmentation dans un contexte où le Gabon produit suffisamment de kérosène et même trop puisqu’il ne sait même plus quoi en faire. Pourquoi laisser le prix du kérosène monter aussi haut ?», a-t-il expliqué, interrogatif.

Avis, pour ce qui précède, aux pouvoirs publics qui devraient peut-être établir un coût du kérosène différencié entre les compagnies internationales et les compagnies domestiques. Avec la crise actuelle du chemin de fer et du transport routier au Gabon, et avec l’annonce du président de la République, Ali Bongo, dans son discours des vœux pour 2023, selon laquelle les «aéroports provinciaux, comme celui d’Oyem, vont rouvrir progressivement», la priorité devrait être à la promotion du transport aérien domestique.

Or, on note une poussée de toutes les redevances, de même que de nouvelles redevances sont apparues. «Aujourd’hui on est à peu près à 200 millions par mois juste pour contribuer à la construction du nouveau terminal. On a donc essayé de contenir cette poussée inflationniste en relevant les prix les plus hauts», explique Marc Gaffajoli, partant du principe que l’entreprise se doit d’équilibrer ses comptes plutôt que d’aller à la faillite.

Ainsi, dans un billet d’avion facturé à 49.500 FCFA, tout l’argent ne va pas dans les poches de la compagnie. Ce prix se compose notamment de la TVA pour 19% ; de la CSS ; de la redevance pour la nouvelle aérogare à hauteur de 6.500 FCFA pour un billet aller simple ; de la sureté pour 3.000 FCFA ; de 2.138 FCFA pour l’aéroport de Libreville et de 13.500 FCFA pour Port-Gentil et M’Vengue. Les taxes sont donc très importantes et Afrijet se livre à des calculs millimétrés pour ne pas léser les seuls voyageurs et… ne pas sombrer.

L’entreprise, qui se veut citoyenne, n’engrange donc pas autant de marges bénéficiaires que le prétend une légende urbaine en plein enracinement. «38.500 billets représentent, par rapport à l’ensemble de notre transport domestique, pratiquement un passager sur 3. On l’a fait par citoyenneté parce qu’on ne pouvait pas reporter l’intégralité des coûts que nous subissions nous-mêmes, à l’intégralité de la population dans un contexte très difficile où nous n’avons pas la main sur un certain nombre de prix», explique Marc Gaffajoli.

 
GR
 

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