Le 8 novembre à Libreville, l’Agence nationale de l’aviation civile (Anac) a remis aux compagnies Avantis Aviation Services et Heli-Union Gabon leurs Certificat de transporteur aérien (CTA) et licence d’exploitation. Deux autorisations qui permettront aux bénéficiaires de voler dans l’espace aérien national autant de fois qu’elles le souhaitent, comme le souligne le directeur de l’exploitation aérienne de l’Anac dans cette interview accordée à Gabonreview. Toutefois, prévient Pascal Truffault Igouwé, le plus important n’est pas de parvenir au sommet mais de s’y maintenir. «Maintenant que ces deux compagnies sont certifiées, elles seront constamment surveillées par l’Anac», a-t-il affirmé.

Pascal Truffault Igouwé durant l’interview, le 8 novembre 2021 à Libreville. © Gabonreview

 

Gabonreview : Qu’est-ce qu’un Certificat de transporteur aérien (CTA) et une licence d’exploitation ?

Pascal Truffault Igouwé : Il s’agit d’autorisations permettant une activité commerciale sur des hélicoptères pour le transport de passagers et du fret. Ce sont deux spécifications qui n’avaient jamais été attribuées. A l’heure actuelle, nous avons maintenant deux compagnies aériennes au Gabon qui pourront exercer l’activité commercial de transport de fret et de passagers sur des hélicoptères.

Une compagnie peut-elle exercer sans ces deux autorisations ?

Le système aéronautique possède des mécanismes qui vont autoriser l’activité de transport commercial pour des compagnies étrangères, mais de façon ponctuelle. Par exemple, vous avez des compagnies étrangères qui voudraient venir au Gabon pour une activité ponctuelle, comme la Coupe d’Afrique des nations (Can), par exemple, qui va nécessiter un flux important. Donc, durant cette période, vous avez des compagnies qui vont solliciter des droits de trafic pour telle ou telle activité. Or, les autorisations que nous venons de délivrer ne sont pas ponctuelles. Le CTA a une durée de deux ans renouvelable et durant cette période, il y a une surveillance continue qui est faite sur ces opérateurs-là, pour s’assurer qu’ils continuent de maintenir les exigences qui ont prévalu à la délivrance de leurs documents. Donc, oui un transporteur peut mener ses activités sans ces deux autorisations, mais de façon ponctuelle exclusivement. Il ne pourra pas le faire de façon permanente comme les deux compagnies que nous venons de certifier.

Quelles sont les obligations des compagnies certifiées et celles de l’Anac ?

Le CAT est accompagné d’un second document, la licence d’exploitation. Celle-ci est relative aux aspects juridico-financiers : l’adresse de l’opérateur, l’organigramme, la capacité de la compagnie à tenir un plan d’affaires pendant deux ans… A côté de cela, vous avez le Certificat de transporteur aérien qui est la partie technique, qui en fait va se dérouler en cinq étapes : pré-candidature, présentation officielle de la demande, évaluation des documents, démonstration et inspection et, enfin, délivrance du certificat. Dans ces cinq phases, nous allons nous assurer que la compagnie répond entièrement à la réglementation gabonaise qui est calée sur la réglementation internationale avec les normes et pratiques de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). En effet, les exigences de notre Etat tirent leur légitimité de la ratification par le Gabon en 1962, de la convention de Chicago. A ce titre nous devons nous assurer, afin de produire une réglementation conforme aux politiques et normes de l’OACI. Et cette réglementation va faire en sorte que nous disposions d’un mécanisme nous permettant de délivrer des documents conformes pour l’usage international. Avec ces deux autorisations, les compagnies entrent désormais dans un processus de surveillance continue par l’Anac, histoire de voir si elles respectent vraiment ce qui nous a été vendu pendant le processus de certification. Si ce n’est pas le cas, nous avons la capacité en tant qu’autorité de retirer la certification, à défaut de sanctionner.

Quelle est la plus-value de la certification pour le Gabon ?

Elle est énorme. Premièrement, c’est positif par rapport à la destination Gabon, parce qu’il y a énormément de promoteurs qui veulent exercer dans le pays mais ne peuvent pas atterrir sur tous les aérodromes et aéroports. Le fait de certifier un hélicoptère nous permet de partir vers des destinations qui ne sont pas desservies par les compagnies locales. Ensuite, nous sommes en pleine période de restrictions imposées par le Covid-19. Malgré tout, nous avons mené à bien ces certifications. Et c’est un bon point parce que nous sommes passés d’une fermeture totale de l’espace aérien, l’année dernière, à un assouplissement de cette restriction qui a débouché sur l’augmentation du nombre de fréquence de vols par semaine. Ce sont ces mécanismes qui font en sorte que oui, au niveau de l’activité économique, c’est très bénéfique pour le Gabon. Qui dit promoteurs, opérateurs aériens, dit forcément plus de devises, plus de tourisme et plus de mobilité dans le pays.

 
GR
 

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