Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) en mort cérébrale. Diplômés de marine marchande clochardisés. Déraillements récurrents de trains, comme abandonnés à la providence. Politique d’aviation civile domestique introuvable, dans l’un des pays d’Afrique les mieux dotés en infrastructures aéroportuaires… C’est vraisemblablement l’état stationnaire dans le département des Transports, supervisé par un ministre que GabonReview avait pourtant encensé… trop tôt ?

Brice Constant Paillat serait-il devenu le ministre du déraillement © Montage Gabonreview

 

En juin dernier, aux 100 jours du gouvernement Ossouka Raponda 2, GabonReview le classait parmi les cinq ministres «les plus actifs». On entrevoyait chez lui comme un élan, une envie d’accélérer les choses dans le département qui est le sien. Hélas ! Ces six derniers mois, quelque chose semble s’être soudainement brisé… Le constat est là : l’ancien ministre délégué aux Travaux publics a beaucoup de mal à gérer les dossiers techniques. Et se déversent sur celui qui a été nommé ministre des Transports en décembre 2020 (deux années exactement) une dizaine de déraillements de train depuis son arrivée à Arambo, siège du ministère des Transports… L’opinion ne note non plus de lisibilité sur les secteurs aérien et maritime.

Les diplômés gabonais en marine marchande venus de Kinshasa (République démocratique du Congo) ont beau remuer terre et ciel, rien n’y fait. Brice Constant Paillat, droit dans ses bottes, n’y donne aucune suite. Les 36 ‘officiers’ en souffrance ne réclament pourtant pas les étoiles. Ils revendiquent, en sus de leur intégration, la libération de leur diplômes, confisqués à l’École régionale de la formation aux métiers de la navigation intérieure (ERFMNI) pour arriérés de loyer au campus de l’école à Kinshasa.

Chemin de fer, beaucoup de tchatche, mais rien de réglé

Côté rail, sur cette ligne de chemin de fer de 648 kilomètres comportant vingt-trois gares, Brice Constant Paillat enregistre là aussi un manque de réussite évident. Un énième déraillement de train vient de se produire, jeudi dernier, entre les gares d’Oyane et d’Abanga. Il survient après deux autres déraillements, d’abord celui du 2 mars entre les gares de Mboungou-Badouma et Moanda, ayant endommagé plus de deux cents mètres de voie ferrée et provoquant comme souvent la suspension du trafic ; ensuite, celui du 18 mars de cette année entre les gares d’Andem et Ntoum.

Neuf (9) déraillements de train depuis deux ans. «Il n’a pas de bol, Brice Paillat, il devient le ministre du déraillement», ironise un membre du gouvernement qui lui conseillerait de mettre davantage l’accent sur la formation des conducteurs de train et sur la réhabilitation de la voie ferrée. Ce chantier n’avance que trop lentement, malgré la commande, en Autriche, d’équipements ferroviaires. «En réalité, ni l’autorité de tutelle, le ministère des Transports, ni l’Autorité de régulation des transports ferroviaires (ARTF), n’ont su circonscrire l’extrême négligence et le laxisme qui règnent de manière évidente autour des équipes chargées des travaux», estime un ancien ministre des Transports. «La rigueur perd du terrain», analyse-t-il. La responsabilité du ministre est pointée du doigt, qui fait beaucoup de com, mais pas toujours du concret.

La rigueur perd du terrain, mais la com est huilée

«Avec son discours bien rodé, Brice Paillat viendra dire que le gouvernement mettra tout en œuvre pour éviter une nouvelle catastrophe, mais les faits sont là, têtus : au moins une fois en moyenne tous les deux ou trois mois le train déraille», indique un expert du chemin de fer.

Côté transport maritime, la Compagnie publique de transport par voie maritime, la CNNII, est à l’agonie. Le milliard de francs CFA accordé par l’État n’a pas vraiment permis de remettre à flots les deux bateaux de l’entreprise. Le Setté-Cama, par exemple, est reparti sur cale moins d’une semaine après être sorti d’une période d’entretien de deux mois. La Compagnie nationale de navigation intérieure a du mal à faire face à la concurrence des opérateurs privés du secteur, tel que Logicam 241. Dans ce secteur, Brice Paillat n’a pas eu la main heureuse.

Vingt ans après Air Gabon, dix-sept ans après Gabon Airlines

Autre secteur dans lequel était attendu le ministre des Transports : le transport aérien. Si, le 20 décembre dernier à la faveur du 40è session du Comité de gestion des activités aéronautiques nationales (AANG), il a disserté sur la réhabilitation progressive des aéroports provinciaux placés sous la gestion de l’Asecna, le discours sonnait creux du fait d’une visible absence de moyens : «Nous sommes en train de regarder comment les réhabiliter progressivement, en essayant de voir quels sont les moyens qui seront mobilisés à cet effet».

En tout cas, le sentiment global qui se dégage deux ans après son arrivée à Arambo est qu’il n’a déployé aucun trésor d’ingéniosité pour lancer une nouvelle compagnie aérienne publique au Gabon. Dans le budget qu’il a sollicité pour l’année 2023, 13 milliards de francs, il n’y a pas de ligne y relative, sauf erreur de la part de GabonReview.

Si la communication est bonne pour les visites de terrain, elle serait de meilleure qualité s’il y avait du concret, du lisible, du visible. Or, pour le moment, c’est zéro de concret. Pourtant, lorsqu’il y a la volonté, on entreprend, quitte à échouer. Brice Paillat, ministre, semble se contenter de son confort personnel, et du train-train quotidien. «Manquant d’ambition pour le pays, il se contente de gérer l’existant, et encore… Il ne donne pas l’impression de vouloir imaginer l’avenir», conclut un ancien ministre délégué aux Transports. Il n’a vraiment pas de bol, Brice Paillat.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. aze dit :

    C’est le ministre le plus nul du gouvernement et du secteur depuis très longtemps.

  2. Malho dit :

    Le ministre du déraillement affirme donc son nom !! Il déraille tel le Gabon dans son ensemble.

  3. Tchoutchou dit :

    Pour ce qui est du train, les rails sont usé jusqu’à la couane, ils sont morts, il faut investir pour des rails neufs et ils le savent tous.

    Pour la CNNII, c’est le vol permanent des dirigeants et le sureffectif causé par Lacruche pour gagner des voix en 2016 qui plombe le bilan, sans parler des incompétens de la maintenance. Il faut remettre des blancs en supervision dans toutes les branches. Triste réalité.

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