Analyste politique et jeune cadre originaire du Département, Dechanel Ayebe-Ma-Lebayi dresse un diagnostic froid du climat politique ambiant dans la Bayi Brikolo (Aboumi), département soumis depuis les dernières élections Sénatoriales à une guerre larvée de leadership entre ses différents acteurs. Il interpelle la classe politique locale sur son devoir de rassemblement, non sans l’inviter au dialogue et au ressaisissement, afin de sauver le département d’une implosion annoncée.

«Jamais les frictions au sein d’une même famille politique (le PDG) n’avaient semblé aussi profondes et insolubles à Aboumi». (Photo d’archive : un moment de cohésion, le 12 mars 2020). © Facebook/Pdg-Bayi-Brikolo-Aboumi

 

Dechanel Ayebe-Ma-Lebayi, Analyste politique et jeune cadre administratif. © D.R.

La virulente messe communicationnelle à laquelle se livrent depuis des semaines les écuries des différents leaders politiques de la Bayi Brikolo fait jurisprudence et inquiète de nombreux observateurs. Jamais en effet les frictions au sein d’une même famille politique (le PDG) n’avaient semblé aussi profondes et insolubles à Aboumi.

Ambiance critique au-delà des apparences

Si les protagonistes (les leaders politiques concernés) restent silencieux et visiblement sereins sur la tournure des évènements, il n’en demeure pas moins que ces tensions traduisent une nouvelle et dangereuse évolution. C’est une vérité de La Palice : les rivalités actuelles menacent la cohésion du Département et pourraient durablement nuire à son décollage. On le voit bien à la lumière des faits, le «vivre-ensemble» et la «camaraderie militante» si abondamment exaltés sur les réseaux sociaux s’apparentent finalement à une imposture.

Impératif d’un dialogue inclusif de la classe politique

Gouverner c’est prévoir. Cet aphorisme aura rarement revêtu tout son sens comme dans l’actuel contexte. Les Responsables politiques locaux marqueraient des points dans l’histoire s’ils s’inclinaient un tant soit peu pour se parler entre Camarades et frères au nom de la nécessaire construction départementale. Toutefois, un tel dialogue ne peut être fructueux que s’il a lieu dans un cadre de sincérité, de reconnaissance et de respect mutuels du périmètre de souveraineté des uns et des autres. En dominant leurs divergences, ils se distingueraient et relanceraient ce Département qui a besoin de tout aujourd’hui sauf d’une «belligérance» de son élite politique. Car si la volonté de puissance est une aspiration naturelle chez l’individu comme le dit Nietzsche dans son ouvrage éponyme, elle est en revanche vaine, lorsque ses fondations reposent sur les ruines d’un peuple dont on a reçu le mandat de représenter et d’unir.

Une culture politique à actualiser

Au regard de l’élégance et de la communion politiques observées dans les régions voisines où les leaders politiques synchronisent leurs sorties et taisent leurs égos pour la sérénité locale, il y a lieu de s’interroger sur la culture et le projet politiques dans la Bayi Brikolo. Quel sens leur donner quand la division prend inexorablement le dessus sur l’indispensable unité ? Quel modèle de gouvernance communautaire peut-on espérer laisser aux jeunes générations lorsque l’entretien des foyers anarchistes et sécessionnistes sur un petit territoire (familial) de quatre villages devient la recette d’existence ou de survie politique ?

Rompre avec le discours complaisant

Parce que la volonté de changement nous l’exige, le temps des épîtres, des discours élogieux ou culpabilisateurs est révolu. Cette posture n’a pas aidé la Bayi Brikolo depuis sa création. Bien au contraire, elle nous aura indirectement rendu complices de la stagnation décriée. Par nos louanges (souvent intéressées) et notre zèle, mais aussi par notre critique systématique, nous avons insidieusement bercé nos hommes politiques dans l’illusion, en les faisant croire qu’ils étaient les plus géniaux ou les plus médiocres dans leur action. Si nous aimons notre Département, nous nous devons désormais de leur dire la Vérité et rien qu’elle, en leur rappelant constamment leur responsabilité première : le Travail et le Rassemblement. Cet important rôle incombe particulièrement à leurs différents cabinets politiques dont la communication publique est suivie avec beaucoup d’attention, mais aussi aux dignitaires locaux à même d’assumer en temps de crise, le rôle de «pacificateurs».

Urgence de l’apaisement : responsabilité collective

L’immersion dans le passé politique de la Bayi Brikolo nous dit que bien que présents, les désaccords des classes politiques précédentes n’avaient jamais auguré d’une telle fracture. Hier, ces rivalités étaient sectorielles. Aujourd’hui, elles semblent se généraliser et «contaminer» dangereusement, à l’image des métastases d’un cancer, non seulement les politiques, mais aussi la jeunesse, nos familles et nos villages, reléguant ainsi au second plan le débat d’idées. Il y a donc un risque accru de dislocation du tissu départemental si les Responsables politiques locaux ne s’assoient pas autour d’une table, afin d’apaiser la discorde et concilier dans l’intérêt supérieur du Département et du PDG leur vision et action politiques.

Dechanel Ayebe-Ma-Lebayi

Analyste politique et jeune cadre administratif

 
GR
 

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