Le Syndicat des pharmaciens du Gabon (Sypharga) tire la sonnette d’alarme sur certains dysfonctionnements qui déstabilisent le marché du médicament.  Lors d’un échange avec la presse le 27 novembre, son bureau a appelé au respect des textes régulant le commerce du médicament au Gabon.

Sandrine Itou-Y-Maganga, s’epxrimant le 27 novembre. © Gabonreview

 

A travers un échange avec la presse le 27 novembre, le Syndicat des pharmaciens du Gabon (Sypharga) s’est alarmé de la situation que traverse le secteur de la commercialisation du médicament. Il est gangréné par certains dysfonctionnements qui sont de nature à générer des menaces pour la santé de la population. Au Gabon, les dépôts pharmaceutiques et les pharmacies sont les principales sources d’approvisionnement en médicaments au Gabon. Les textes qui régissent le secteur autorisent ces dépôts dans les zones dépourvues de pharmacies.

A la différence d’une pharmacie, structure détenue par un pharmacien qui engage son diplôme de docteur d’Etat en pharmacie, le dépôt peut être ouvert par un personnel de santé, sous la supervision d’un pharmacien. Une ouverture accordée par le gouvernement pour pallier l’indisponibilité des médicaments dans les zones reculées, mais avec une liste limitative de médicaments, les gérants n’étant pas des professionnels du médicament. Malheureusement, ces règles ne sont pas toujours respectées.

Les dépôts pharmaceutiques rappelés à l’ordre

Un exemple de dépôt pharmaceutique installé au Gabon. © D.R.

La liste des médicaments essentiels étant révisée périodiquement selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le syndicat a procédé à la révision de la liste limitative des dépôts pharmaceutiques. «La dernière liste date de 2020. A cause de la crise sanitaire, au moment où il y a eu la révision de la liste, celle des dépôts n’a pas pu être révisée», a expliqué la présidente du Sypharga, le Dr Sandrine Itou-Y-Maganga.

A en croire les pharmaciens, les dépôts fonctionnent aujourd’hui au-delà de leurs compétences aussi bien en matière d’implantation qu’en matière de vente des médicaments. Ce qui mettrait en danger la santé des populations, d’autant plus que ces dépôts autorisés à ne vendre que des médicaments génériques servent sans ordonnance ceux nécessitant des prescriptions. «Le Syndicat demande que les textes de loi soient appliqués parce qu’aujourd’hui il y a trop de dérapages», a estimé la présidente du Sypharga.

Sans toutefois accuser les dépôts pharmaceutiques puisque consciente de l’existence de certains réseaux illégaux de distribution de médicaments, Sandrine Itou-Y-Maganga relève qu’un rapport de l’Office central de lutte anti-drogue (Oclad) indique que les drogues les plus retrouvées lors du confinement, sont le Tramadol et la Codéine, en réalité deux médicaments. «D’où viennent-ils ?», «Il faut que chacun prenne ses responsabilités, on ne peut pas continuer à confier la gestion du médicament à des non professionnels qui n’engagent aucune responsabilité» a-t-elle ajouté, précisant que la différence entre un médicament (remède) et une drogue (stupéfiant) c’est la dose. «En fonction du dosage, le médicament passe de remède à poison», a renchérit un pharmacien rappelant le devoir de surveillance des pharmaciens.

Quand mésusage rime avec rupture des médicaments

Instantané de l’échange entre la presse et le Sypharga le 27 novembre. © Gabonreiew

«Nous voulons juste pour la santé des populations, que les textes soient respectés» a insisté Sandrine Itou-Y-Maganga, soulignant la nécessité d’avoir recours aux pharmaciens pour protéger la population. «C’est le pharmacien qui connaît les médicaments, le circuit du médicament dans l’organisme, qui peut dire s’il y a toxicité ou pas et qui a le devoir de signaler lorsqu’il y a un problème», a-t-elle poursuivi. Le Sypharga dénonce le mésusage de certains produits contingentés, d’ailleurs à l’origine de leurs ruptures sur le marché. «Jusqu’à présent le Gabon dépasse largement les quotas», a-t-elle indiqué, soulignant qu’en cas de dépassement de certains quotas, il est quasiment impossible pour un pays non fabriquant de médicaments de s’approvisionner.

En clair, il peut être soupçonné d’alimenter un réseau parallèle de stupéfiants. «On a malheureusement des situations dramatiques où certains patients, surtout ceux atteints de cancers n’ont pas leurs médicaments», a regretté la pharmacienne. Elle appelle les structures qui dispensent des médicaments à faire l’effort de bien utiliser les produits, de les donner lorsque c’est nécessaire. «C’est important pour que nous puissions continuer à importer certaines spécialités», a-t-elle dit. «Les textes sont là, respectons-les et asseyons-nous pour faire évoluer les textes qui doivent évoluer pour le bien des populations», a conclu Sandrine Itou-Y-Maganga.

 
GR
 

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