Viol et divulgation : bataille judiciaire et politique autour de Daniel Mengara

Accusé en France de viol par une plainte relayée par le média Info241, le Pr Daniel Mengara, universitaire et homme politique gabonais installé aux États-Unis, contre-attaque. Dans un long communiqué, il rejette catégoriquement les faits, évoque une relation consentie avec la plaignante supposée et accuse le régime d’Oligui Nguema d’avoir orchestré une cabale politique pour l’abattre. Entre vérité judiciaire à venir et vérité politique invoquée, l’affaire s’annonce explosive.

L’affaire Mengara bascule dans une guerre de l’opinion où la divulgation des échanges devient un acte politique autant que juridique. © GabonReview (capture d’écran)
La révélation a fait l’effet d’une déflagration lorsqu’il y a quelques jours, le 16 septembre, Info241 a annoncé qu’une plainte pour viol avait été déposée en France contre Daniel Mengara, fondateur du mouvement «Bongo Doit Partir» (BDP), professeur à la Montclair State University, ancien candidat à l’élection présidentielle (2009) au Gabon et figure de la diaspora gabonaise. L’accusation porte sur un viol présumé commis le 20 juin 2025 à Choisy-le-Roi, en région parisienne. À peine l’information publiée, que l’intéressé a diffusé un communiqué fleuve sur sa page Facebook où il dément avec vigueur, récuse toute responsabilité et dénonce l’origine de la plainte qu’il qualifie de mensongère et diffamatoire.
Une ligne de défense offensive
Dans son texte, Daniel Mengara choisit une stratégie à la fois juridique et politique. Sur le plan factuel, il reconnaît avoir entretenu une relation intime avec Alice Adibet, née Vincent, entre 2024 et 2025, mais insiste sur son caractère pleinement consensuel. Il affirme détenir de nombreux échanges WhatsApp et enregistrements vocaux qui, selon lui, démontrent une histoire d’amour assumée et consentie, et a procédé à leur publication sur sa page Facebook. À ses yeux, l’accusation de viol n’est rien d’autre que le prolongement d’une rupture qu’il affirme avoir lui-même initiée et que son ancienne compagne et sa famille auraient mal vécue.
L’universitaire situe également l’affaire dans un contexte politique plus large. Il accuse le régime du président Oligui Nguema d’avoir exploité ces rancunes personnelles pour monter une cabale et neutraliser un opposant ‘’dérangeant’’, au moment où il préparait depuis l’étranger un «gouvernement de salut national en exil». En s’adressant directement «au peuple gabonais», il se pose à la fois en cible d’une machination étatique et en martyr d’une lutte pour la liberté.
Entre bataille des récits, présomption d’innocence et instrumentalisation politique
Ce démenti met en relief deux versions irréconciliables. D’un côté se trouve la plainte déposée en France, que la justice doit instruire dans le respect de ses procédures. De l’autre, Daniel Mengara revendique publiquement son innocence, divulgue ses archives personnelles et voit dans l’accusation une manipulation politique. Le contraste est frappant. Alors que la justice avance dans le silence et la discrétion, lui choisit la transparence offensive, pariant que la publication de ses messages convaincra l’opinion. Cette mise en scène pourrait galvaniser ses soutiens, mais elle l’expose aussi à des lectures critiques et pourrait renforcer les soupçons si ses preuves ne s’avéraient pas concluantes.
L’affaire amène ainsi à plusieurs interrogations. Sur le plan judiciaire, la plainte existe et seule la justice française pourra établir les faits. Sur le plan médiatique, Daniel Mengara reproche au site Info241 d’avoir publié l’information sans le contacter, ce qu’il considère comme une entorse à la déontologie journalistique.
Sur le plan politique, son discours saturé de références au régime en place cherche à inscrire un différend intime dans le cadre d’un affrontement entre la diaspora contestataire et le pouvoir gabonais. Cette triple dimension, mêlant la gravité d’une accusation criminelle, la complexité d’une relation sentimentale et la tension d’un contexte politique fragile, confère à l’affaire un potentiel hautement inflammable.
Une affaire loin de son épilogue
Rien n’est pour l’instant tranché. La justice française devra évaluer la plainte et les éléments de preuve que l’universitaire dit posséder. La présomption d’innocence reste entière, mais la gravité des faits allégués impose la plus grande prudence. Cette affaire, déjà rendue publique, pourrait peser sur la carrière académique de Daniel Mengara, sur sa crédibilité politique et sur son rôle dans la diaspora. Il a annoncé une déclaration vidéo et la publication de ses échanges privés ce 18 septembre, promettant de révéler l’intégralité de leurs échanges avant, pendant et après la date du 20 juin 2025. Entre l’accusation de viol et la dénonciation d’un complot, une bataille de récits est engagée, et seule la justice pourra départager les protagonistes.

1 Commentaire
Monsieur le PM quand on est un opposant aussi radical et irréductible, on ne doit pas commettre des adultères. Il faut montrer patte blanche. Quand on dis on vous jugera de la mesure dont vous jugés les autres, c’est de ca qu’on parle.