Zéphirine Etotowa (UDB) à Ntoum : l’autre désistement silencieux d’un parti trop puissant
Alors que le Code électoral gabonais interdit tout retrait de candidature après dépôt du dossier, Zéphirine Etotowa Ntutume, la candidate UDB du 1er arrondissement de Ntoum, semble vouloir se mettre en retrait sans l’être tout à fait. Dans le sillage de Tatiana Bouyou (UDB) s’éclipsant au bénéfice d’Angélique Ngoma (PDG) à Mayumba, la stratégie du parti présidentiel est à la frontière du droit et du calcul politique.

Sous la contrainte du Code électoral, Zéphyrine Etotowa Ntutume transforme un empêchement légal en geste politique calculé. © Facebook
Le climat politique post-premier tour s’est chargé d’une tension feutrée mais palpable. Alors que le duel attendu à Mayumba entre Angélique Ngoma (PDG) et Tatiana Bouyou (UDB) n’aura finalement pas lieu – la seconde s’étant officieusement désistée sur instruction de son parti – une autre figure féminine, Zéphirine Etotowa Ntutume, semble s’inscrire dans la même logique de retrait en demi-teinte. Ces décisions quasi simultanées ne doivent rien au hasard : elles s’inscrivent dans une recomposition silencieuse du paysage électoral, marquée par des consignes internes et des équilibres à restaurer.
Un jeu d’équilibre sur fond de désistements concertés
À Ntoum, la campagne législative tourne à la subtilité. Selon des sources concordantes et dignes de foi, Zéphirine Etotowa Ntutume, candidate de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), ne mènera pas la bataille du 18 octobre prochain avec la même ardeur que prévu. Officiellement, elle n’abandonne pas. Officieusement, elle se met en retrait. Jointe par téléphone, la candidate confie que sa démarche relève d’une «stratégie interne de notre parti politique visant à se recentrer sur la proximité avec les populations». Et d’ajouter : «Je préfère consacrer mon énergie aux élections locales, afin d’être davantage au service des populations de ma circonscription.»
Son explication tranche avec la ligne offensive que l’UDB affichait encore il y a quelques semaines à Ntoum. Mais l’intéressée prend soin de ne pas enfreindre la loi. «Un retrait serait contraire à la loi», reconnaît-elle. Elle prend visiblement ses précautions pour éviter le piège d’une violation flagrante du Code électoral tout en signifiant, à demi-mot, un désengagement politique mesuré.
La rigueur du droit face aux réalités politiques
Le contexte juridique est, en effet, sans appel. L’article 80 de la loi organique n° 001/2025 stipule qu’«aucun retrait de candidature n’est possible après le dépôt du dossier». Une rigidité voulue pour préserver la stabilité du processus électoral. Sauf décès ou empêchement constaté par la Cour constitutionnelle, tout candidat est tenu d’aller jusqu’au scrutin.
Mais à Ntoum, où le premier tour des législatives du 27 septembre a été annulé pour ‘’suspicion de fraude’’, la situation reste singulière. La reprise du vote, fixée au 18 octobre, s’annonce dans un climat tendu, entre méfiance et lassitude électorale. Dans ce contexte, la «mise en retrait stratégique» de Zéphirine Etotowa sonne comme un repositionnement prudent : ni renoncement, ni défiance ouverte, mais une forme de désengagement tactique pour préserver son avenir politique.
Cette posture trouve un écho dans d’autres circonscriptions. À Mayumba, Tatiana Bouyou (UDB) aurait reçu instruction de céder sa place à Angélique Ngoma (PDG), désormais seule en lice, en arrière-boutique mais pas sur la façade. Ces gestes répétés laissent entrevoir une volonté du parti présidentiel de rééquilibrer ses gains politiques après un premier tour jugé «trop accaparant» par plusieurs observateurs.
Un recentrage imposé au sommet de l’UDB ?
Car la formation dirigée par Brice Oligui Nguema s’est, de fait, arrogé l’essentiel des positions électorales lors du premier tour des législatives et locales du 27 septembre. Cette domination sans partage a suscité des critiques nourries de l’opposition et d’une partie de la société civile, accusant l’UDB d’avoir transformé les élections en une «conquête monopolistique». D’après plusieurs sources proches de la direction du parti, le président-fondateur aurait donné des consignes fermes : favoriser une «meilleure répartition des voix et des couleurs» dans la future Assemblée nationale afin d’apaiser le climat politique et d’éviter une lecture hégémonique du pouvoir.
Dans cette optique, le cas Zéphirine Etotowa – comme celui de Tatiana Bouyou à Mayumba – illustre une inflexion discrète mais réelle : l’UDB semble chercher à corriger son image d’omnipotence électorale en acceptant, çà et là, des désistements symboliques. En s’effaçant sans se retirer formellement, la candidate de Ntoum incarne cette nouvelle grammaire politique : celle d’un parti qui tente de concilier légalité stricte et recomposition prudente, dans un équilibre fragile entre la loi et la stratégie.

















1 Commentaire
Le président est un produit des Bongo. Il reprend les mêmes reflexes de Toute Puissance et il n’a pas tort. 94 pour oblige. Et dire qu il allait remettre le pouvoir aux civils. En avant tous!