Au lancement de la campagne pour les élections législatives et les locales, le 17 septembre, le président d’Ensemble pour le Gabon (EPG) a choisi, une nouvelle fois, d’attirer l’attention sur ce processus électoral devant mettre un terme à la Transition, au Gabon. Alain-Claude Bilie-By-Nze a exprimé de vives critiques sur la préparation de ces scrutins, pointant surtout les dysfonctionnements du gouvernement et notamment du ministère de l’Intérieur. Selon lui, l’administration électorale, malgré les appels au report pour mieux organiser le scrutin, s’obstine à avancer «envers et contre le bon sens».

Le président d’EPG, Alain-Claude Bilie-By-Nze, face à la presse, le 17 septembre 2025, à Libreville. © GabonReview

 

Pendant que les états-majors des formations politiques engagés dans la course aux élections législatives et locales du 27 septembre prochain se sont lancés, le 17 septembre, dans la campagne pour convaincre et attirer le maximum d’électeurs, le président d’Ensemble pour le Gabon (EPG) a plutôt animé une conférence de presse. L’ex-Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, a choisi, une nouvelle fois, de dénoncer particulièrement les contradictions autour des dépôts et la validation des candidatures, les entorses faites par l’administration électorale à la loi en vigueur, les pratiques en amont du processus frisant la tricherie, ainsi que le financement de la campagne pour les uns et pas pour les autres. Cependant, il refuse malgré tout la politique de la chaise vide.

Liste des candidats incohérente, prorogations illégales, climat d’opacité qui fragilise la crédibilité du scrutin, validation tardive des bulletins…

Le leader d’EPG a tenu en effet à rappeler que les «mêmes causes produisaient les mêmes effets». Pour lui, ces élections sont mal organisées et rien n’empêche le gouvernement de mettre de l’eau dans son vin. En le disant, l’ancien Premier ministre parle en homme averti et convaincu. Témoin de l’histoire, il a rappelé qu’«en 2023, certains acteurs politiques avaient attiré l’attention sur le fait que les choses n’étaient pas bien organisées». «On n’avait pas écouté. Et vous voyez le résultat», a-t-il prévenu.

Revenant sur l’organisation de ce double scrutin, l’ancien patron de la haute administration gabonaise indique : «On a une candidature rejetée le matin, validée l’après-midi, sans contentieux». Il relève par ailleurs que, au moment où certaines candidatures disparaissent, d’autres réapparaissent sans explication claire. Il souligne un fait inédit : la liste définitive des candidats est encore incohérente et publiée le jour même du lancement de la campagne électorale. «Ce qui bafoue l’article 202 du Code électoral qui impose une publication au moins 30 jours avant le scrutin», note-t-on.

Les difficultés relevées par le leader d’EPG s’étendent en effet à la gestion des listes électorales, dont le ministère peine à fournir des chiffres fiables sur le nombre d’électeurs et sur les inscriptions. Bilie-By-Nze cite l’article 48 du Code électoral rappelant que la durée d’enrôlement doit être strictement respectée. Là aussi, il a dénoncé les prorogations illégales et un climat d’opacité qui fragilise la crédibilité du scrutin. Il pointe également les risques liés à la validation tardive des bulletins de vote et la possible exclusion de candidats par des procédures peu transparentes.

Appel au gouvernement à revoir sa copie

Quelques membres du directoire d’EPG lors de la conférence. © GabonReview

Un autre aspect soulevé concerne le financement des campagnes. Le président d’EPG critique l’absence d’un dispositif clair permettant à tous les candidats, notamment ceux, en dehors des partis dominants que sont l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) et le Parti démocratique gabonais (PDG, déchu), d’avoir un accès équitable à des moyens financiers suffisants. Il rappelle que, selon l’article 94 de la Constitution, la loi doit prévoir un système de financement politique garantissant la transparence pour une compétition libre, démocratique et équitable.

Le président d’EPG affirme aussi que la date choisie pour les élections n’est pas appropriée, notamment en raison de la difficile rentrée scolaire. «De nombreux enseignants, candidats et membres des bureaux de vote, seront mobilisés simultanément. Ce qui complique encore l’organisation», a-t-il fait savoir.

Il s’offusque par ailleurs de l’absence du président de la République, chef du gouvernement, lors du vote. Ce qui, selon lui, traduit un mépris des enjeux. «Son absence indique que c’est joué d’avance, que c’est plié d’avance», a-t-il fait observer, rappelant qu’«il n’est pas trop tard pour bien faire».

Garantir une sortie digne de la transition politique actuelle

Face aux journalistes, le président d’Ensemble pour le Gabon a lancé un appel au gouvernement afin qu’il «revoie sa copie» et prend des mesures nécessaires pour respecter la loi et assurer une véritable démocratie. Il rappelle que «le président de la République a la mission constitutionnelle de veiller à l’application des lois». Ainsi, il a demandé au gouvernement d’assurer un cadre juste et équilibré pour cette campagne afin qu’elle soit crédible et évite de compromettre la transparence et la légitimité du scrutin.

Par ailleurs, Bilie-By-Nze a fustigé une mauvaise application de la Constitution qui concentre tous les pouvoirs entre les mains du président. Toutes choses affaiblissant ainsi les institutions, comme le Parlement, et limitant les moyens de contrôle et d’opposition. Face à ce climat électoral entaché d’irrégularités, il appelle à un report ou à un réexamen du processus pour garantir une sortie digne de la transition politique actuelle et un véritable respect des lois électorales. «On doit sortir de la transition. Sortons bien, faisons bien les choses», a dit le porte-étendard d’EPG.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire