Sans se faire le relais de la stratégie d’un camp, il faut faire passer la présidentielle avant les législatives.

À la tentation de placer la présidentielle et les législatives sur un pied d’égalité, il faut opposer le désir d’offrir au président de la République une assise populaire et une vraie légitimité, supérieure à celle de tous les autres élus. Après tout, la clé de voûte des institutions ne saurait être tenue ou liée. © GabonReview

 

Tout a été dit à propos des élections générales de samedi prochain. Sur le mode scrutin, la composition des bureaux de vote ou le type de bulletin, des réserves ont été émises. Tout a été décortiqué, analysé. Hommes ou femmes politiques, militants associatifs ou journalistes, de nombreuses personnalités ont essayé de peser sur le cours des événements. Rien n’y a fait. En dépit des critiques ou railleries, le gouvernement est demeuré droit dans ses bottes, modifiant de nombreux textes pour imposer un scrutin uninominal à un tour et un ticket dénommé «bulletin unique». En dépit des craintes exprimées par de nombreuses forces sociales, la Cour constitutionnelle a tout validé. Ainsi, dans deux jours, les Gabonais iront aux urnes. Au moyen d’un seul et même bulletin, ils devront choisir et le prochain président de la République et les prochains députés de leurs circonscriptions respectives.

Situation inéquitable et complexe 

Jamais élection n’aura pas paru aussi éloignée des standards internationaux et des règles démocratiques. Rarement scrutin n’aura semblé aussi contraire à l’esprit de nos institutions et à la lettre de notre Constitution. À l’avant-veille de ce samedi de toutes les incertitudes, il convient de le relever : d’une circonscription législative à l’autre, la situation changera. Si Ali Bongo se présente en ticket sur l’ensemble du territoire, il n’en va pas de même pour ses adversaires directs : certains y vont en indépendants, d’autres en tickets sur un certain nombre de sièges. En de nombreux endroits, on retrouve aussi des postulants à la députation pas du tout attachés à un candidat à la présidentielle. C’est dire la multiplicité des situations. Pourtant, les Gabonais devront voter. Se retrouveront-ils ? Ne commettront-ils pas de nombreuses erreurs, synonymes de vote blanc ou nul ? On peut le redouter.

À deux jours du scrutin, il faut dire les choses froidement, comme elles se présentent : même si les deux élections uninominales ont été fusionnées, le corps électoral ne sera pas le même à l’une et à l’autre. En fonction des circonscriptions et du type d’élection, il variera. Et pour cause : en votant pour un indépendant à la présidentielle, l’électeur perd le droit de choisir son député et vice versa. En votant pour un candidat à la députation affilié à un parti non-partant pour la présidentielle, il se prive de la possibilité de choisir le président de la République. De ce point de vue, chaque voix portée sur un candidat à la députation contribuera au rétrécissement de la base sociologique du prochain président de la République. Sauf, bien entendu, dans le cas des candidats du Parti démocratique gabonais (PDG). Était-ce judicieux de créer une situation aussi inéquitable et complexe ? Avec un scrutin à un tour, fallait-il en rajouter, au risque de se retrouver avec un président de la République élu par une infime minorité ?

Offrir au président de la République une légitimité supérieure à celle des autres élus

Face aux effets néfastes du «bulletin unique», il faut évaluer signification et la portée de chaque vote. Sans se faire le relais de la stratégie d’un camp, il faut interroger la légitimité démocratique du prochain président de la République. Pour cette seule raison, la présidentielle doit incontestablement être privilégiée. Election majeure de notre vie politique, elle doit passer avant les législatives. Autrement dit, au moment d’entrer dans le bureau de vote, chaque électeur devra songer à choisir le président de la République et seulement lui. Pour la crédibilité de nos institutions et la viabilité de notre démocratie, il ne peut en être autrement. À la tentation de placer la présidentielle et les législatives sur un pied d’égalité, il faut opposer le désir d’offrir au président de la République une assise populaire et une vraie légitimité, supérieure à celle de tous les autres élus. Après tout, la clé de voûte des institutions ne saurait être tenue ou liée. Au vu de l’étendue de ses pouvoirs, son élection ne saurait être corrompue par des montages juridiques douteux. Surtout pas mise en balance.

Ces rappels ne doivent pas être compris comme un appel au boycott des législatives. Ils doivent être pris pour l’affirmation du refus de créer une compétition entre la présidentielle et les législatives, d’abaisser la fonction de président de la République en la ravalant au niveau des parlementaires. Inspirée de la Constitution de la Vème République française, notre Constitution place le président de la République au centre du jeu institutionnel. D’où la nécessité de s’assurer de sa forte légitimité et de garantir sa prépondérance, y compris à l’égard du Parlement, c’est-à-dire des députés. A l’orée de ces élections générales, chacun doit s’en souvenir et agir en conséquence.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Lavue dit :

    Le système BONGO-PDG est simplement irresponsable et habité par un trop grand nombre de personnes de faible qualité intellectuelle et humaine. Regardez le spectacle qu’ALI offre tous les 17 août, où la télévision ne peut pas montrer comment ce monsieur s’installe à la tribune officielle. Comment des médecins ont pu déclarer apte, quelqu’un qui ne peut pas marcher, qui ne peut plus écrire, ni signer un document? Mascarade. On ne peut continuer à gérer un pays dans ces conditions là, je laisse tomber le bilan des 14 ans de gâchis, qui parle de lui-même. Faut bien qu’on arrête tout ça un jour. Le moment est venu.

    Ce Monsieur est malade, les PDGistes auraient dû avoir le courage de soulever le débat interne et voir comment le remplacer par un autre ils BONGO puisque le parti est avant tout familial. Au lieu de cela, tels des lâches ils ont préféré inventer des montages malins pensant qu’une élection à 1 tour leur serait forcément favorable. La démocratie c’est la volonté du peuple, tout autre arrangement s’il n’est pas fait dans l’intérêt du peuple est une perte de temps qui fait régresser le pays.

    Non, ils font dans le déni, tant pis pour la santé ALi, pour l’image du Gabon qu’il véhicule. Ils ne connaissent vraiment pas honte ces pauvres gens

  2. Rembourakinda dit :

    Sur le blog de Thibault Adjatys, nous apprenons que la population du Haut Ogouee a encore été modifiée, passant à 633.851 habitants en 2023. Sur la version anglaise de Wikipedia la même population est de 250.799 habitants en 2013. À quelle date a eu lieu le recensement ? Pourquoi ce seulement cette province qui voit sa population croître si vite ? Les truqueurs sont entrés en action, ils ne passeront pas.

Poster un commentaire