1500 décideurs sont réunis, ces 13 et 14 juin 2022 à Abidjan (Côte d’Ivoire), dans le cadre de l’Africa CEO Forum.  Si les délégués entendent explorer les voies de la croissance africaine de demain, ce raout économique est avant tout placé sous le signe de la transition énergétique et de la transformation économique. Rencontre furtive avec Alain-Claude Bilie-By-Nze, ministre d’État gabonais en charge de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, présent dans la capitale ivoirienne.  

Alain-Claude Bilie-By-Nze, le 13 juin 2022 à Abidjan (Côte d’Ivoire). © Gabonreview

 

Gabonreview : Hormis le thème général, qu’est-ce qui justifie la présence à ce rendez-vous du ministre gabonais de l’Énergie et des Ressources hydrauliques ?

Alain-Claude Bilie-By-Nze : Je dois intervenir sur une thématique : «Comment électrifier les zones isolées à partir des énergies renouvelables.» Et comment intéresser le secteur privé à cette stratégie que les États mettent en place. Mais c’est clair que l’énergie est au cœur de la transformation du continent africain. On évalue à peu près à 830 milliards de dollars ce qu’il faudrait pour connecter le continent. Or, face à d’autres défis tels que l’alimentation ou l’industrialisation du continent, on n’a pas assez de ressources. Et c’est pour cette raison qu’il faut regarder du côté des énergies renouvelables pour apporter des solutions aux ménages en zones très isolées.

L’Afrique, et même le Gabon, dispose d’énormes de ressources hydrauliques. Pourquoi donc l’autonomie énergétique, et même le marché intégré de l’énergie, théorisée par Cheikh Anta Diop depuis les années 80, ne se manifeste toujours pas ?

Parce que, malheureusement, il faut d’une part beaucoup de capitaux et d’autre part, on a eu beaucoup de mal à engager les projets communs au niveau des sous-régions et du continent. On parle beaucoup du potentiel de la RDC qui aurait pu électrifier l’ensemble de la sous-région. Malheureusement, les États n’ont jamais réussi à s’accorder sur les voies et les moyens de financer et distribuer l’énergie. C’est le vrai problème. Si on ne mutualise pas, on ne pourra pas régler cette question essentielle pour le développement du continent.

Dans le cas du Gabon, quels sont les projets en cours pouvant laisser entrevoir un meilleur horizon à court ou moyen terme ?

Dans le cas du Gabon, nous avons trois types de projet. Il y a les projets structurants en matière d’hydroélectricité : nous sommes en train de relancer FE 2 et Impératrice, mais je ne souhaite pas faire de publicité dessus. Nous sommes également en train de travailler pour lancer effectivement Kinguélé Aval. Nous avons bouclé le financement, nous devrions pouvoir démarrer les travaux l’année prochaine, si Dieu le veut, de ce barrage de 35 mégawatts. Et nous allons continuer quand même à travailler sur du thermique gaz, qui est moins polluant, même si on lutte contre les énergies fossiles. Mais en matière de gaz, nous avons quand même un vrai potentiel. On ne peut pas, non plus, ne pas l’utiliser pour alimenter le Gabon en énergie propre. Et puis, il y a tout ce qui est solaire. Nous avons 60 mégas de solaire qui vont être bientôt installés dans la zone d’Ayeme. Il y a également le solaire au niveau rural, dont l’expérimentation commence le mois prochain.

Ayant suscité beaucoup d’espoir pour deux autres provinces au moins (Ogooué-Ivindo et Ogooué-Lolo), le Grand Poubara a-t-il donc, finalement, été consacré à l’industrie minière dans le Haut-Ogooué ?

Le Grand Poubara distribue déjà dans l’Ogooué-Lolo. Il y a eu beaucoup d’attente autour de ce projet et qui est désormais une réalité. Il y a simplement que nous ne sommes en plus en capacité de fournir la demande des miniers. C’est pour cette raison qu’il faut soit augmenter les capacités du Grand Poubara, soit trouver d’autres solutions. Parce qu’on a une demande de plus en plus forte des miniers dans le Haut-Ogooué et l’Ogooué-Lolo ; et ils ont besoin de capacités énergétiques très importantes, puisque le chef de l’État souhaite qu’on arrête d’exporter le manganèse ou le fer bruts, qu’il y ait au minimum une première transformation. Cela nécessite de l’énergie propre suffisante. Ce n’est pas toujours le cas aujourd’hui et nous sommes en train de travailler pour régler ce problème.

 
GR
 

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